DC Comics laisse tomber UCS au profit du seul Lunar Distribution

Nouveau coup de tonnerre dans la distribution de comics au Etats-Unis : DC Comics laisse tomber le distributeur UCS, au profit de l’unique Lunar Distribution !

UCS, Lunar et le petit monde de la distribution

Il y a quelques mois, DC jetait un gros coup dans la mare de la distribution de comics, en laissant tomber un acteur historique du secteur, Diamond Comics. Ce dernier fournissait depuis près de 30 ans les comics shops américains, et distribuait les comics DC de manière exclusive depuis 1995, avant de détenir le monopole général du marché.

Mais la crise du covid-19, mais aussi de nouveaux élans stratégiques de DC, ont accéléré la prise d’indépendance de l’éditeur vis-à-vis de leur distributeur traditionnel, lâché en juin dernier au profit de deux nouveaux acteurs du marché, UCS et Lunar Distribution, ainsi que le mastodonte de l’édition Penguin Random House. Nous étions revenu dans un article sur les détails de ce divorce et de ce nouveau partenariat, et ce qu’il pouvait signifier pour notre éditeur fétiche. Hier, DC a encore fait un coup assez monstrueux, en lâchant également UCS au profit du seul Lunar Distribution.

Les deux distributeurs s’étaient montés en catimini durant le début de la crise sanitaire suite à la fermeture temporaire de Diamond, pour continuer d’alimenter les shops en comics de chez DC. Depuis le mois de Juin, UCS et Lunar se partageaient ainsi le terrain américain, UCS distribuant la côte Est, et Lunar la côte Ouest. Mais si le travail de Lunar a été très apprécié pour son professionnalisme, c’est moins le cas de UCS, qui a livré avec retards des comics parfois abîmés.

Dans une lettre aux acteurs du Direct Market, DC a ainsi annoncé la fin de son partenariat avec UCS, derrière lequel se cache le géant new-yorkais Midtown Comics. Tous les comptes de UCS seront transférés vers Lunar d’ici au 1e janvier 2021. Désormais, les comics DC seront distribués par 3 acteurs : Lunar Distribution, qui couvrira le marché américain du direct market ; Penguin Random House, qui distribuera notamment les graphic-novels et les éditions reliées dans les librairies généralistes ; enfin, Diamond UK, qui s’occupera du marché européen.

Nouveaux frais pour les comics shops

Là où le bât blesse, c’est sur un autre terrain : celui des commandes minimales. Vous savez sans doute comment fonctionne le milieu de la distribution de comics, mais rappelons-le pour ceux qui auraient oubliés. Chaque boutique s’engage à prendre une certaine quantité de comics, qui ne pourra être retournée à l’éditeur. Les maisons d’édition évitent ainsi les retours de stocks, et gagnent plus d’argent sur les comics, car chaque vente étant définitive. De leur côté, les boutiques disposent ainsi d’un stock qui leur permet de capitaliser sur la spéculation, avec certains comics qui gagnent en valeurs au fil du temps.

Néanmoins, ce modèle est de plus en plus en crise avec le déclin des éditeurs historiques et l’ouverture de nouveaux marchés (comme la part croissante du manga !), et les comics shops sont de plus en plus en difficultés pour parvenir à joindre les deux bouts.

Face à cela, loin de les aider, le nouveau partenariat exclusif avec Lunar Distribution comprend une nouvelle close de commandes minimales, à hauteur de 125$ par semaine ou 500$ par mois (basée sur le prix de couverture). Si la somme requise n’est pas atteinte, Lunar garde le colis au chaud avant que de nouvelles commandes ne permettent d’atteindre le prix minimal d’achat.

Cela veut dire que les boutiques sont dans l’obligation de commander en stock suffisant certains comics DC qu’ils ne sont pas sûrs de vendre, juste pour pouvoir les recevoir à temps. Une stratégie tout bénéfice pour DC, qui s’assure ainsi des ventes minimales en fonction du nombre de shops, mais qui peut fragiliser les boutiques qui s’embarrassent d’un stock pas toujours à propos. En ces temps difficiles pour tout le monde, mais notamment pour les comics shops, cette transition n’arrive pas au meilleur moment…