Review VF – Justice League Tome 4 : La Ligue de Justice d’Amérique

Justice League Tome 4
Critique de Justice League T.4 - La Ligue de Justice d'Amérique - Geoff Johns David Finch - Couverture
Les points positifs :
  • Sans prise de tête
  • Un gros twist inattendu
  • Des personnages de seconde zone mis en avant
Les points négatifs :
  • Martian Manhunter et Hawkman à côté de la plaque
  • Intrigue prétexte à la présentation de l’équipe
  • Juste là pour préparer quelque chose ?

« Nous représentons les héros les meilleurs et les plus brillants de notre pays. » – Stargirl


  • Scénario : Geoff Johns, Matt Kindt Dessin : David Finch, Brett Booth, Scott Clark, Manuel Garcia

Lancée en avril 2013, la série Justice League of America a été mise en place dans le but avoué de préparer l’event Trinity War. Après l’échec de la Justice League International, c’était la deuxième fois dans les New 52 qu’on assistait aux manœuvres parallèles de deux ligues de justice (la Justice League Dark mise à part en raison de son univers particulier), cette situation, source de nombreuses confusions pour les profanes, s’est déjà vue par le passé. On se souvient par exemple de la création de la Justice League Europe en 1989, pour seconder la Justice League America dans sa quête de justice internationale. Cette Justice League of America fraîchement créée comprend donc Martian ManhunterHawkmanCatwomanGreen Arrow, VibeStargirlKatanaGreen Lantern (en la personne de Simon Baz), le tout dirigé à quatre mains par Amanda Waller et Steve Trevor, qui y tient des airs de Rick Flag, ce qui achève de rapprocher cette team au service des États-Unis de la Suicide Squad.

Mais pourquoi une deuxième Justice League ? Eh bien, depuis les événements du Trône d’Atlantide, la cote de popularité de la Ligue de Justice a bien baissé. On peut mettre en cause le retournement apparent d’Aquaman contre l’humanité lorsqu’il s’est battu contre ses amis afin de protéger Ocean Master, une décision qui a fragilisé la confiance que le public avait mis dans cette team de super-héros, qui affichait parallèlement depuis ses débuts de lourdes difficultés à créer un esprit d’équipe. D’où la décision de l’A.R.G.U.S. de fonder une nouvelle team de super-héros, dont la nécessité apparaîtrait comme évidente au gouvernement américain et, surtout, sur laquelle il aurait un contrôle total. La tâche de sélectionner et de recruter cette team revient à Amanda Waller, déjà rompue à cette fonction grâce à son implication dans la Suicide Squad, et, dans une moindre mesure, à Steve Trevor, fraîchement écarté de la Justice League originelle après sa séparation avec Wonder Woman. À peine rassemblés, les gaillards auront déjà fort à faire puisque Green Arrow, revenu entre la vie et la mort d’une mission d’infiltration, leur souffle l’existence d’une mystérieuse société secrète, et les voilà partis sur le terrain…

Le premier chapitre sert d’introduction assumée à cette team. Parallèlement à une discussion entre Steve Trevor et Amanda Waller, qui établit d’emblée et avec brio les rapports de force entre les deux personnages, on suit les différent futurs membres dans de courtes scènes où on peut les voir en action en solitaire. Dès le deuxième chapitre, c’est réunion et, deux pages plus tard, mission sur le terrain. Geoff Johns montre son expérience en embarquant sans à-coups et très rapidement le lecteur dans cette nouvelle équipe. La maîtrise est particulièrement sensible sur les fardeaux de cette Justice League of AmericaKatana exceptée, Vibe profite d’une mise en avant alléchante, s’attirant la sympathie grâce à son jeune âge et à sa gêne de figurer au milieu de véritables héros. Il faut dire que le bougre a à peine dix-huit ans, et on se sent instinctivement plus proche de lui et de Stargirl, dont le naturel transparaît lorsqu’elle passe un coup de fil à sa mère pour la tenir au courant de ce qui se passe, que de personnages plus assombris comme Hawkman ou Martian Manhunter.

Parlons-en, de ces deux-là. Le Thanagarien est ici un monument de bêtise. S’il a toujours eu un aspect impulsif, ici il dégaine sa masse sous n’importe quelle prétexte, et joue le rôle du ‘barbare’ de la bande, faisant passer la Hawkgirl du DCAU pour un modèle de pacifisme onusien. C’est à se demander quel respect porte Geoff Johns à ce personnage avec lequel il quand même fait un bon bout de chemin entre la série du héros et la JSA. Ç’a l’avantage de permettre quelques touches d’humour, comme lorsque le Thanagarien rejoint la réunion de la Justice League of America. Il débarque couvert de sang. Vibe, plein de bonnes intentions, lui demande si tout va bien, Hawkman lui rétorque, agressivement, ‘Pourquoi ?’, Vibe fait ‘Bah, tu es couvert de sang’ et Hakwman, très loquace, de conclure ‘Pas le mien’. Au-delà de la blague cliché, ça illustre la finesse du personnage à ce stade du développement de la Ligue.

Concernant le Martian Manhunter, ou Limier Martien, comme le désigne la traduction française, c’est encore plus douloureux, puisqu’au-delà d’une nouvelle caractérisation, l’alien se voit offrir des origines inédites par Matt Kindt à travers les back-ups de la série. On apprend que c’était un guerrier martien destiné à prendre le trône de sa planète natale, hélas lorsqu’il est revenu de son rite de passage tribal à la con, il a trouvé son peuple annihilé par un étrange fléau. Ni une ni deux, il repère le responsable – un nouveau vilain très ennuyeux créé pour l’occasion – et il fonce vers la Terre, où se tapit le méchant, bien décidé à le tuer en criant VENGEANCE. Voici comment J’onn J’onzz a fini sur Terre ! On est bien loin du philosophe attaché à sa famille que dépeignait John Ostrander, qui avait enduré des siècles de deuil seul sur Mars suite à la perte des siens, avant d’être happé par la machine du Dr Erdel, et de passer encore un an, invisible parmi les hommes, à se familiariser à leurs coutumes sur les talons du détective John Jones, dont il ne reprendra l’identité qu’à la mort. En plus de troquer sa sagesse et sa réserve d’antan contre une présence imposante et une certaine brutalité, il voit sa vulnérabilité au feu également altérée : elle devient le fruit psychologique de sa culpabilité d’avoir survécu à son espèce. Hum hum.

Surtout qu’à côté de ça, J’onn J’onzz a l’air tout sauf fragile. Il n’hésite jamais à se mettre en avant, à menacer ses équipiers de s’infiltrer dans leurs pensées. Il fait volontiers étalage de ses capacités, comme lors d’une démonstration de son efficacité devant le président, où il arrête au dernier moment un gars qui veut tuer le premier homme d’Amérique. ‘J’aurais pu soumettre sa volonté à la mienne. Lui faire penser ce que je voulais.’ Sous-entendu, sans scrupule ni arrière-pensée. C’est clair, on reconnaît bien notre discret et bienveillant J’onn J’onzz, autrefois humble et intrigué par l’humanité. Oh, il y gagne en badassitude, en effet, aussi c’est bien possible que certains y trouvent leur compte. Mais le comble de l’improbabilité est atteint lorsque Geoff Johns tente hasardeusement de créer un vague rapprochement entre le Martien et Catwoman, et ça se révèle aussi inattendu que mal pensé.

Ceci dit, il n’y a pas que du mauvais au niveau de la caractérisation. On avait mentionné celles de Vibe et de StargirlCatwoman s’en sort pas trop mal non plus, ses penchants aguicheur, ambigu et kleptomane habilement mis en avant, de même que, discrètement et dans le bon ton, son attachement pour Batman. Au milieu de ces bouffées d’inspiration, Geoff Johns décide pour une raison mystérieuse de la pousser vers les lèvres de Steve Trevor le temps d’une unique case au milieu du tome, qui tombe trop soudainement pour rebondir avec crédibilité et, malgré soi, on se surprend à soupirer.

Au-delà de la caractérisation, qui est, sinon approximative, certainement inégale, le scénario n’intéresse quasiment pas. L’intrigue en tant que telle se résume à des débuts de chemin, qui teasent les événements à venir. On s’en rend rapidement compte, surtout si on a la mauvaise habitude de suivre les news. Au final leur mission n’est qu’un prétexte à plusieurs objectifs : préparer le terrain pour les tomes suivants, présenter la team en pleine action, et offrir un paquet de coups de poing pour éviter que le public râle, en amenant au travers de leur route des grosses brutes de type Shaggy Man ou des versions maléfiques de la ‘vraie’ Justice League (et non il ne s’agit pas du Syndicat du Crime). Malgré ce sentiment de lire les aventures d’une team sans avenir créée en prétexte à Trinity War, ça reste étonnamment distrayant, si on l’aborde légèreté. De l’action, quelques pointes d’humour (qui feront mouche selon les personnes), des héros qui se prennent pas trop au sérieux, c’est plutôt décontracté et ça semble aller dans la direction réclamée par les lecteurs actuels.

Il y a un twist franchement surprenant au milieu du tome, et malgré la saveur très mécanique et commerciale de ce genre d’astuces scénaristiques on en tire quand même un plaisir coupable. D’ailleurs à ce sujet, mon collègue ArnoKikoo reprochait dans sa review du TPB VO la résolution abracadabrante à cette péripétie inattendue. Ici, l’explication semble moins tirée par les cheveux pour une simple raison formelle : les back-ups ont été insérés à la suite des numéros qu’ils accompagnaient, tandis que dans la version originale ils étaient tous rassemblés à la fin du volume. L’issue de cette fameuse situation critique au milieu du volume trouve justement son explication dans un de ses back-ups, aussi on ne reste pas trop longtemps sur un sentiment d’incrédulité totale, contrairement à l’édition originale. Autre avantage sur les anglophones : on ne se tape pas les deux numéros intégrés à Trinity War, que Urban a choisi, avec sagesse, de garder pour un volume dédié à l’event. L’édition ici présente n’en tire que plus de cohérence.

Aux dessins, c’est réjouissant, mais pas autant que les noms annoncés auraient pu le laisser croire. David Finch ne fournit pas son meilleur travail, il est parfois avare en détails, d’autres fois il a l’air paresseux sur ses visages, ou ses proportions corporelles en général. On en tire un sentiment de déception, même si ça reste largement satisfaisant selon les canons esthétiques actuels. Dans un registre moins sombre, Brett Booth, qui prend le relais à partir du Justice League of America #4, commet moins de faux pas et compense ainsi le panache relatif qui l’accompagne en comparaison du style de David Finch. ArnoKikoo mentionnait la colorisation rafraîchissante qui changeait en même temps que le penciller, c’est vrai que Andrew Dalhouse, dans des tons très chauds, anime avec goût les scènes de combat avec des gerbes de couleurs flamboyantes qui caressent l’œil dans le sens du sourcil.

Bilan plutôt mitigé pour ce quatrième tome de la série Justice League de la collection DC Renaissance. Le quota d’action est atteint, c’est plutôt léger, et ça offre quelques touches d’humour, mais ça n’occulte pas l’impression ennuyeuse de lire une histoire prétexte à l’arrivée de quelque chose de plus grand, pour présenter des personnages qui pour la moitié sont au mieux inintéressants (Katana), au pire agaçants (Hawkman, Martian Manhunter). Ce n’est pas le meilleur endroit pour le dire puisque ce n’était pas le propos de cette série au ton relâché assumé, mais on a l’impression que Geoff Johns peine de plus en plus à faire le portrait de héros inspirants, préférant dépeindre des bad-ass prompts à la plaisanterie que de vraies icônes du bien, quitte à remplacer ces dernières par des versions voulues plus ambiguës. C’était le cas pour Captain Marvel, ici c’est Martian Manhunter qui récolte, et à force, ça lasse franchement.

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9 Commentaires
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jihem
jihem
9 années il y a

du sous johns

Baccano
9 années il y a

Perso ça me fait mal de lire un limier martien aussi… fade.

jay
jay
9 années il y a

Bientot on aura la Review avant que le bouquin ne soit sortit ;)

KeyoX
9 années il y a

Ouaip la JLA c’est pas vraiment bon… Pourtant je voulais découvrir ces héros, et le Pourquoi du Comment du départ du limier de la JL ! Et toujours rien… ça commence à me saouler de pas savoir >.>

Corentin
9 années il y a

Je n’ai presque aucun souvenir de cette série tant elle m’a ennuyé (je me souviens vaguement de robots… Et des boobs de Catwoman, dans le fanservice du fanservice). Le fait d’être sauté par dessus Trinity War pour arriver directement à Forever Evil (ce très boné évent à la fin ratée^^) n’aide pas non plus.
Est ce que quoi que ce soit lié à la série JLA a eu un quelconque impact nécessitant de se fader le bouquin? Ou c’est bon, je peux m’en passer?

Sasahara
Sasahara
9 années il y a

Aaah, Catwoman… vraiment mignonne dans cette série, merci David Finch !

Même Amanda Waller est devenue un top model ! C’est assez drôle dans le #1 bien que plus mince elle a encore la coupe afro qui rappelle le personnage d’avant, et après, dès le #2 elle change de tête, avec une chevelure à la Maria Hill… on sent qu’ils ont tâtonné ! Cela dit si son physique y a gagné, sa personnalité est bien fade maintenant…

Corentin
9 années il y a
Répondre à  Sasahara

Pour ce qui est de Waller, son physique a changé depuis le reboot new 52 (cf la série Suicide Squad, où elle a déjà les traits filiformes de cette nouvelle itération).
Le dessin de Finch était effectivement très bon (Finch quoi), par contre, on peut pas dire que la colo ait vraiment servi à donner une identité à la série. C’était froid, assez creux, terne et sans âme… Comme l’écriture elle même ! Quelle fantastique mise en abyme artistique ^^

pioupiou
pioupiou
9 années il y a

Quand on vous lis, ça ne donne pas vraiment envie ! De toute façon ma commande est faite et j’ai l’espoir que le 5 sera mieux. Étant un lecteur de cycles de fantasy en plusieurs tomes entre autres choses, il m’est arrivé d’avoir à subir des  » passages à vide  » dans certains livres, je pense que ça fait partie du jeu.

T]osh`iki
T]osh`iki
9 années il y a

Un J’onn J’onzz qui aime lire l’esprit des gens voire même les modifier, ça surprend beaucoup…

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