Review TV – Justice League : Crisis on Infinite Earths (Partie 1)

Quatre ans après sa première adaptation, Crisis on Infinite Earths est de retour sur nos écrans, mais cette fois-ci en animation ! Après seulement quelques années d’existence, le “Tomorrowverse” ferme déjà ses portes avec une trilogie inspirée par le cultissime comic-book de George Pérez et Marv Wolfman publié en 1985.

Crisis on Infinite Earths Part 1 : Crisis on the Flash

Adapter Crisis on Infinite Earths est un pari ambitieux, mais pour lequel Warner Bros Animation semblait s’être donné les moyens avec l’annonce de, non pas un, pas deux, mais bien trois films ! Parfait, l’événement n’aura pas à être charcuté à la hache et sera développé comme il se doit… Ou tout du moins, c’est ce qu’on pouvait croire. En réalité, il faut attendre 30 minutes pour que la fin des mondes soit évoquée, et 20 minutes de plus pour que cela devienne concret, soit à peu près la moitié du film. Il ne s’agit que du premier film parmi une trilogie, mais la façon dont elle commence est assez déconcertante puisque tout commence avec Flash.

Le personnage est au centre de la jaquette du film, et ce n’est pas pour rien puisqu’il en est LE protagoniste. Une grosse partie du long-métrage consiste en fait à revenir sur différentes étapes de sa vie, de l’obtention de ses pouvoirs à la formation de la ligue en passant par sa très importante rencontre avec Iris. Le tout se fait à travers une narration erratique qui mise sur le pouvoir de Flash, à savoir sa capacité à voyager à travers le temps, mais sans qu’il n’en soit responsable pour autant. On enchaîne alors les scènes décousues en se demandant, à l’instar de Barry, ce que l’on cherche à nous raconter et pourquoi tout cela a si peu à voir avec la Crisis on Infinite Earths originale (que vous pouvez d’ailleurs découvrir pour 9,90€ chez Urban Comics).

Ce n’est qu’à la fin du film qu’on comprend enfin le pourquoi du comment, nous laissant partagé entre l’émotion et la frustration. La première, déjà, parce que ce long-métrage est une sorte de lettre d’amour inattendue à Barry Allen, personnage certes important dans le comics original, mais pas de cette façon. On reste dubitatif sur la raison et la construction de cet hommage ici, mais impossible de rester de marbre devant les derniers efforts du héros pour sauver le monde, quand bien même on est peu attaché à cette version en particulier. On tient d’ailleurs là un problème absolument pas surprenant : le manque d’implication pour la destruction d’un univers qu’on a à peine connu.

L’aboutissement d’un univers pas si partagé

Au delà de leur style graphique, les différents films du “Tomorrowverse” n’ont en fait jamais eu beaucoup de connexion. Il s’agissait davantage de films indépendants, qui ont commencé à introduire Crisis on Infinite Earths en fin de parcours. Peu de personnages se sont rencontrés, ce que le film essaie de pallier en racontant la formation de la Justice League, mais c’est un peu tard, assez artificiel et cela ne mène de toute façon à rien (dans ce film en tout cas).

Pour pallier cela, Warner Bros aurait pu faire de cette Crise une célébration de toutes les itérations animées des personnages DC Comics, mais cela aurait été bien trop ambitieux. En lieu et place, on nous présente toute une ribambelle de personnages certes présents dans le comics, mais dont on se moque ici assez royalement, surtout quand leur introduction est aussi pauvre. Les scénaristes essaient de créer un minimum de connexion entre eux mais c’est assez risible. La palme d’or de l’écriture revient tout de même au Syndicat du Crime de Terre-3 qui… jette des voitures dans la vague d’anti-matière (ça vaut le coup d’œil).

Au risque de se répéter, il faut encore parler de l’animation. Pour ne pas changer, c’est assez mauvais, d’autant plus pour l’adaptation d’un tel monument. Déjà que l’écriture des échanges est souvent approximative, ceux-ci deviennent même gênants de par leur mollesse et leur immobilisme. Même constat pour le rythme du film en lui-même qui n’est déjà pas très bon et qui souffre d’autant plus de cette animation. Heureusement, le style graphique reste plutôt agréable à l’œil et permet une certaine souplesse dans le chara-design d’un même personnage décliné en plusieurs versions. A titre d’exemple, les trois “Superman” du film sont clairement semblables tout en ayant chacun des caractéristiques faciales propres les distinguant rapidement.

Vous l’aurez compris, ce premier film n’est pas ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Il ne s’agit en réalité pas tant d’une adaptation de Crisis on Infinite Earths que d’un hommage touchant et maladroit à Barry Allen. Il faut d’ailleurs croire que c’est cette voie que prendra le second avec le personnage de Supergirl, autre grande héroïne de l’événement culte. Cette première partie gagnera probablement à être imbriquée aux autres, mais en attendant, difficile d’en ressortir satisfait.