One Bad Day : Le Sphinx (ou The Riddler dans la langue de Bill Finger ou Dick Sprang) est le premier volume consacré à cette nouvelle anthologie développée en 2022 par DC Comics et subtilement nommée One Bad Day. Cette série de one-shot va revenir sur les causes de basculement des super-vilains de Batman tout en ayant des idées qui font hommage à l’une des œuvres du grand Alan Moore : The Killing Joke. Est-ce que ce numéro réussit à remplir ses objectifs dans ce qu’il crée et développe autour du Sphinx ? Est-ce que cela concorde justement avec la proposition faite par DC Comics ? Et enfin plus largement, a-t-il le potentiel d’être aussi pérenne que The Killing Joke ?
L’ÉNIGME DE TROP
Avant de plonger dans la review, il est bon de savoir que cet ouvrage constitue un récit complet d’une soixantaine de pages. Sachant qu’il y en a potentiellement sept autres comme cela, consacrés à d’autres vilains de Batman, vous êtes seul.e juge de tout acheter ou bien de ne sélectionner que ce qui vous intéresse le plus. Pour ma part, je compte tous les lire et en faire une review individuelle. Cela pourrait vous donner un avis externe à considérer (ou non).
Ceci étant fait, ce volume écrit par Tom King nous plonge dans la psyché du personnage principal, à savoir Edward Nygma. Plus connu sous le pseudonyme du Sphinx, Edward déclare s’ennuyer de ces petits jeux de poursuite/arrestation avec la police et Batman. Il est temps que cela cesse, et il compte bien avoir le dernier mot, bien sûr toujours sous fond d’énigme. Comme à son habitude, le scénariste va se livrer à un exercice très habile de déconstruction du protagoniste, nous plonger dans son passé, nous faire suivre (et subir) son présent, et même nous interroger sur le futur dans les dernières pages.
A différents niveaux de lecture, la mauvaise journée (« One Bad Day ») du Sphinx va également toucher d’autres personnages. On ne ressort pas indemne de cette lecture, surtout si vous êtes habitué.e à une toute autre caractérisation de ce personnage. Rien n’est manichéen, King construit sa narration comme s’il vous comptait parmi les protagonistes qui font face à des choix, des décisions, des conséquences. Il est difficile de ne pas en écrire davantage sans devoir piétiner les révélations, mais le voyage en vaut la lecture.
COMPRENDRE L’ÉNIGME SOUS LE MASQUE
Comme il fallait s’y attendre avec la galerie de personnages du Batverse, E. Nygma est un personnage fascinant à suivre. Son arme réside dans son esprit qui, en dehors d’un Q.I relativement élevé par rapport à la moyenne, ne fait preuve d’aucune empathie, voire d’aucune humanité à l’égard des autres. Les personnes qui croiseront sa route dans ce volume sont à considérer tels des pions dans une partie d’échec face à Batman. D’ailleurs, ce dernier est clairement mis en retrait pour constituer la figure opposante, l’adversaire ultime que se doit de battre Nygma. Et pour le coup, on peut clairement affirmer que DC Comics a bien fait de développer un projet sur ce personnage qu’on réduit souvent à un individu égocentrique habillé en vert et violet.
Et s’il faut faire le jeu de la comparaison entre One Bad Day : Le Sphinx et The Killing Joke, on peut tout de suite commencer par les différences pour mettre tout le monde d’accord. Le premier n’est pas canon dans la continuité, alors que le deuxième l’est. Tout est dit, il s’agit d’un one-shot dans un Elseworld, sans suite ni répercussion. De plus, avec près de 25 ans d’écart entre la parution de ces deux ouvrages, le public n’est plus le même, les codes sociaux ayant bien évolués depuis. Cela rend le travail de Tom King plus unique et déconnecté de toutes entraves. Le lecteur peut ainsi mieux laisser libre cours à sa réflexion et son raisonnement, surtout quand vous arriverez à la conclusion de ce tome.
Enfin, petit mot sur les dessins. Tom King a fait appel à l’un de ses illustres dessinateurs pour l’accompagner dans cette tourmente qu’est le Sphinx : Mitch Gerads. On retrouve une ambiance digne du genre thriller policier avec la présence de scènes sous la pluie, le vent, ou dans la nuit. Le choix des couleurs a d’ailleurs bien été discuté et sélectionné. Des couleurs chaudes et lumineuses pour caractériser l’enfance et l’innocence. Des couleurs ternes et grises pour symboliser la connaissance, l’ennui ou la tristesse. Et bien entendu le vert, qui souligne le calme, la sérénité ou l’équilibre. Que dire de plus si ce n’est que l’équipe artistique respecte parfaitement la narration.
One Bad Day : Le Sphinx est un récit atypique pour un public mûr et exigeant. Il ne s’agit ni d’un blockbuster, ni d’un simple divertissement, mais presque d’une leçon. Une leçon suivie d’un bon coup de claque sur la tête arrivé à la dernière page, soyez prévenu. Baigné dans une constante ambiance dépressive digne d’un Seven, d’un Heavy Rain, d’un roman thriller policier ou tout simplement du film The Batman (2022), vous comprendrez tout de suite de quoi il est question en le lisant. A lire lorsque la météo affiche des précipitations toute la journée, effet garanti.
- Scénario: Tom King
- Dessins: Mitch Gerads
- Collection: DC Deluxe
- Contenu: Batman – One Bad Day : The Riddler
- Pagination: 72 pages
- Prix: 15€
- Date de sortie: 17 mars 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Un homme vient d’être tué en plein jour. Et son cadavre porte la marque du Sphinx. Mais les raisons du crime ne semblent pas être claires… En revanche, le modus operandi du criminel implique comme toujours de nombreuses énigmes pour retracer sa piste. Et les règles du jeu sont strictes. Batman devra mettre tout son talent de détective au service de ce nouveau jeu de piste pour comprendre les véritables motivations du meurtrier.
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