Classé comme récit horrifique d’une nouvelle vague nommée Hill House, le titre The Nice House on the Lake de James Tynion IV avait fait parler de lui à sa sortie. Maintenant qu’il est disponible en France, grâce à Urban Comics, dans une superbe édition, il est temps de s’y intéresser un peu plus.
Un huis clos apocalyptique angoissant
Ce titre est d’emblée assez mystérieux, et peu de choses filtrent. Pour cause, l’intérêt des numéros et de jouer sur la psychologie des personnages et non pas sur une action débordante ou des combats héroïques contre une menace apocalyptique. Ici, nous avons à faire à un huis clos déroutant. Angoissant même. Oubliez les vacances entre amis emplies de nostalgie et de bons souvenirs. Ici, une dizaine de personnages s’étant croisés au fil des décennies se retrouvent enfermés dans une villa de luxe, surplombant un lac (the nice house on the lake), pour vivre paisiblement. Un homme les a réunis. Mais les éléments ne sont pas ce qu’ils semblent être et dès le premier chapitre, le ton est donné : c’est violent, c’est physiologiquement dur.
Dans The Nice House on the Lake, James Tynion IV joue sur l’angoisse de l’enfermement, du deuil, de l’inconnu, sur une cohésion bancale entre convives, menée par un chef d’orchestre inquiétant mais bienveillant à sa façon, sur fond d’apocalypse. Un titre très mystérieux, qui nous fait découvrir des personnages que l’on finira nous aussi par appeler l’artiste, reporter, journaliste, médecin ou consultante, oubliant souvent leur prénom. Chaque individu est caractérisé au fil des chapitres, et identifié par un rôle et un symbole plus importants que leur identité que l’on finit par mettre de côté.
Un découpage immersif pour mieux nous intégrer au récit
Si James Tynion livre ici un récit des plus intéressants qui capte à chaque instant l’attention du lecteur, il est fortement aidé par le découpage et les dessins du tome. Álvaro Martínez Bueno qui officie au dessin accompagné par Jordie Bellaire aux couleurs livre des planches superbes. Oubliez les couleurs éclatantes, ici, la colorisation est choisie en fonction du temps, des émotions, ou encore des éléments importants pour attirer l’œil du lecteur.
Le lecteur est ainsi facilement transporté sans se perdre. Et les intégrations de planches qui nous présentent des retranscriptions de mails, de messages, ou de transcription audio enrichissent encore d’avantage cet effet. Pour couronner cette immersion, les planches peuvent se lire tantôt via une construction et un découpage classiques, tout comme sur un découpage sur double page, pour donner plus de profondeur, d’importance à des scènes plus larges, surtout compte tenu du nombre de personnage exploités. On pourrait avoir peur de se perdre, mais l’auteur et les artistes nous guident facilement au fil de la lecture.
Une belle édition qui change du format classique
Un dernier mot concernant le tome en lui même. Nous ne sommes pas ici sur un format classique et habituel chez Urban Comics. Le tome est bien plus grand que les habituels, et même plus grand que le format classique DC Black Label tel que le titre Harleen (qui était déjà grand). La collection Urban livre un tome au format inhabituel, à la tranche également inhabituelle. Ce que j’apprécie, c’est que l’on tient entre les mains, un beau livre, en plus d’être un beau récit. Ce format prestigieux possède également un détail que les amateurs de beaux livres apprécieront, un signet. Ce petit marque page en tissu attaché au livre, qui nous permet de laisser notre lecture de côté, sans devoir insérer le moindre bout de papier trouvé perdu sur une table.
Un détail, mais qui couplé au format, ainsi qu’à la qualité du récit, nous offre une très belle œuvre, prenante, attachante, angoissante, et intrigante, pour un prix dérisoire de 15 euros au vu de la qualité.
The Nice House on The Lake est un pari horrifique gagné avec brio par James Tynion IV et l’équipe artistique Álvaro Martínez Bueno et Jordie Bellaire. Un récit brutal, psychologique, exploitant plusieurs points de vues, plusieurs moments de vie, le tout dans un huis clos angoissant. La suite ne s’annonce que meilleure entre amour et cruauté, sur fond de fin du monde et de maestro mystérieux. Un véritable régal.
- Scénario: James Tynion IV
- Dessins: Álvaro Martínez Bueno
- Collection: DC Black Label
- Contenu: The Nice House On The Lake #1-6
- Pagination: 184 pages
- Prix: 15€
- Date de sortie: 3 février 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Tous les conviés connaissent Walter – enfin, ils le connaissent un peu, en tout cas. Certains l’ont rencontré dans leur enfance, d’autres l’ont rencontré quelques mois auparavant. Et Walter a toujours été un peu… absent. Mais après une année difficile, personne n’allait refuser l’invitation de ce dernier dans une maison de campagne située à l’orée d’un bois et avec vue sur lac. C’est beau, c’est opulent, c’est privé – de quoi supporter les petites combines et les surnoms bizarres donnés par Walter. Mais ces vacances de luxe revêtent très vite des airs de prison dorée.