Review VF – Joker Infinite Tome 2 : Le Faiseur de monstres

Joker Infinite Tome 2 – Urban Comics – 16 €

• Scénario: James Tynion IV
• Dessin : Guillem March

La série Joker Infinite, qui se déroule en parallèle de Batman Infinite et Batman Detective Infinite, revient pointer le bout de son nez rouge avec la sortie du second tome. James Tynion IV, scénariste mais également grand architecte depuis le début de cette ère DC Infinite, poursuit son intrigue de l’ex-commissaire Gordon à la recherche du Joker afin qu’il paie enfin pour tous ses crimes. Trimballé tel un pantin à travers le monde, la dernière piste de James Gordon l’a conduit finalement à Paris où il tombe dans un piège tendu par le Joker. Suspecté d’une série de meurtres qu’il n’a pas du tout commis, c’était sans compter sur la bonne providence pour le sortir de cette situation. A moins que tout ceci ne soit qu’un acte inopportun déjà planifié ?

LES JOIES DE LA RETRAITE

Joker Infinite est la vraie-fausse série centrée sur le personnage du même nom. « Vraie » parce que le Joker est un personnage majeur du récit, mais fausse parce que le protagoniste, celui qui pense/décide/agit est Gordon. Passé cette parenthèse sur le titre, on reprend la narration avec la double intrigue. Si la première se concentre bien entendu sur la poursuite du Joker, la deuxième creuse la question des motivations des personnes derrière cette affaire. Et c’est à Barbara Gordon/Oracle, Cassandra Cain/Orphan, Stéphanie Brown/Spoiler ainsi que Julia Pennyworth (fille d’Alfred) qu’incombent la tâche d’investiguer et d’espionner. Malheureusement, ce pan du récit est très peu exploité et bloque scénaristiquement ces personnages. Étonnant de la part du scénariste tant on l’a connu plus actif sur Batman Joker War ou plus récemment sur Batman Infinite. L’intrigue ne fait que tourner en rond et n’évoluent que très peu. Le scénariste James Tynion IV voulait rendre sa série plus intéressante avec plusieurs ramifications narratives, mais cela manque d’ambition.

Néanmoins, on ressent mieux sa volonté de caractériser Gordon, pas en tant que victime, mais plutôt comme un policier épuisé qui arrive à bout de son combat. On le voit à la couleur de ses cheveux complètements blanchis, aux remarques sur sa façon de s’habiller, ses rides, ses dialogues… Juste la comparaison entre les numéros de la série Joker Infinite et de l‘Annual #1 suffit à dévoiler la différence entre le Gordon d’antan et le Gordon d’aujourd’hui. Il est presque dommage de ne pas pousser plus loin la négligence du personnage en le montrant en train de fumer ou boire par exemple. Non, il fait toujours preuve de sang-froid et de patience lors des situations délicates. A cause ou grâce à cela, les intentions du personnages semblent moins floues ou ambiguës lorsqu’il mettra la main sur le Joker. J’ai personnellement du mal à croire qu’il appuierait sur la détente pour mettre fin à l’existence du Joker.

QUI VEUT LA PEAU DE JOKER RABBIT ?

Côté vilain, on garde globalement les mêmes, et les nouveaux personnages ne sont là que pour étoffer le background des premiers. Ainsi, on recroise la route de la fratrie Sampson et Vengeance, dont cette dernière voit le passé exploré. Ses origines, son apparence, sa formation et ses motivations qui la poussent à mettre la main sur le Joker, elle a droit à un traitement tout particulier de la part du scénariste pour nous proposer sa « version » de Bane. Si vous vous étonnez qu’on ne voit pas du tout Punchline, la création récente de James Tynion IV pour apporter une nouvelle assistante au Joker, sachez que c’est tout à fait normal car elle est en procès depuis les évènements de la Joker War.

Quant aux antagonistes du côté de Barbara Gordon, c’est tout aussi vide que pour les héroïnes. Mise à part une séquence d’action face à un ergot de la Cour des Hiboux, que l’on voyait venir depuis le tome précédent, il n’y a rien de plus à ajouter. C’est assez faible et on espère que l’intrigue avancera vers quelque chose de concret mais surtout de plus stimulant.

Enfin, niveau graphisme on reste sur un travail relativement correct si vous êtes fan de Guillem March. Avec cet artiste, on a l’impression de faire gagner 10 ans à des personnages qui ont des rides, et à contrario de faire rajeunir de 10 ans s’ils n’en ont pas.

On a l’impression que James Tynion IV, au lieu de faire passer une mauvaise journée à Gordon comme dans le Killing Joke d’Alan Moore, souhaite lui faire passer sa plus mauvaise retraite. Il y a quelques références certes, avec des flashbacks ou des dialogues autour de Barbara et de sa chaise roulante, mais c’est très mince. Et bien que les deux œuvres ne partagent pas le même propos, le récit du scénariste a sa propre voie, mais il semble avancer vers un dénouement prévisible dont on espère qu’il surprendra un minimum lors de la lecture du troisième tome. Seuls les nouveaux personnages ont vrai intérêt car on ne sait pas ce que sera leur destin. L’histoire n’est pas mauvaise, c’est juste qu’elle est très moyenne. Un peu comme si on se contentait d’atteindre la note minimal pour valider un examen.