Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Vous avez lu Doom War et pensiez passer directement à Death Metal ? Que nenni, il vous reste un dernier arrêt à faire, une dernière étape à franchir : Doom War, l’épilogue.
Une entrée inutile mais un repas léger
Avec sa vingtaine de numéros collectés, Doom War mettait déjà notre digestion à rude épreuve, mais ce n’est pourtant pas fini ! Ne vous inquiétez pas, cet épilogue ne pèsera pas aussi lourd sur votre estomac. Au contraire, votre lecture risque d’être très rapide puisque Doom War Epilogue contient seulement cinq numéros, mais aurait tout aussi bien pu se contenter d’en proposer quatre.
En préambule, vous aurez Batman/Superman #6 écrit par Joshua Williamson, qui bien qu’assez joliment dessiné, ne montrera que peu d’intérêt. Il s’agit d’une petite mise en contexte dont on se passerait tant elle n’apporte rien d’intéressant. Son seul mérite sera au final de rappeler aux lecteurs l’existence d’une créature mi-Batman, mi-Joker, nommé le Batman qui Rit. Celui-ci n’a pas disparu, en réalité il continue de sévir dans le DCU comme on peut le voir dans le titre qui lui est dédié (en deux tomes chez Urban Comics). Si vous vous demandez si sa lecture est préalablement nécessaire, sachez que non, il suffit de savoir que le Batman qui Rit a infecté nombre de héros, qui sont alors passés du côté obscur.
Showdown : Lex Luthor vs Batman qui Rit
Ce qui nous intéresse, c’est bien la mini-série Year of the Villain: Hell Arisen, dernière pièce du puzzle avant le méga-événement Death Metal, que vous ne voudrez pas manquer si vous avez lu les aventures de Scott Snyder jusqu’ici. Pour ces quatre numéros, le scénariste laisse la main à son compère habituel, James Tynion IV, qui a alors pour charge de se faire affronter deux poids lourds de la vilenie : Lex Luthor et le Batman qui Rit précédemment évoqué. Souvenez-vous : à la fin de Doom War, Luthor l’avait emporté sur les héros pour sa reine, Perpetua. Mais avant de devenir maître du Multivers, notre chauve préféré devra faire face à une dernière concurrence.
Cet épilogue, c’est une pause dans le récit, un terrain de jeu où l’on peut assouvir une sorte de fantasme de fan en se faisant affronter les deux hommes les plus intelligents de la planète, et ce, sans contrainte morale. Tynion IV ne s’en cache d’ailleurs pas puisque c’est avec cette annonce qu’il ouvre le récit, histoire de bien chauffer le lecteur. Si vous en êtes arrivés à cette lecture, c’est probable que vous adhérez aux délires de Scott Snyder, et c’est tout à fait ce que vous retrouverez ici, avec toutefois un peu plus de mesure. Il faut dire aussi que contrairement au tome précédent, celui-ci n’a pas le temps de devenir indigeste et de nous lasser.
Un peu de réflexion dans ce monde de brutes
Limiter Hell Arisen à une simple baston bête et méchante serait néanmoins réducteur, Tynion IV proposant un temps de réflexion largement bienvenue sur cette nouvelle incarnation de Luthor. Imprégné littéralement de la folie démesurée des événements, le personnage en deviendrait presque relégué au rang de simple vilain manichéen, ce que refuse l’auteur. Pour cela, il choisit de remettre en question ses actions et son allégeance à travers des personnages qui sont, eux, restés ancrés bien au sol.
Quand le Joker (choix étonnant mais particulièrement pertinent) lui rappelle que ces ambitions cosmiques ne leur conviennent pas, son assistante Mercy questionne la soif de pouvoir d’un homme qui avait déjà tout. Ainsi bousculé, Luthor nous rappelle que derrière toute cette absurde grandiloquence, son essence est intouchée, il reste bien l’homme de raison qui défie sa condition. On se prendrait presque d’empathie pour lui tant il semble aussi méritant que miséreux, et même conscient de la misère que lui impose le statu quo éditorial.
Puéril dans l’idée, ce Doom War Epilogue se montre être tout ce qu’on pouvait attendre de lui, mais aussi davantage. Plus intelligent qu’il n’y paraît grâce à la conscience qu’a Tynion IV de la situation, il bénéficie également d’un format qui empêchera l’indigestion pour se montrer même efficace, pour peu que l’on accepte les idées lourdes et farfelues de Snyder.