Review VF – Suicide Squad Rebirth Tome 4 : Terre Brûlée

Suicide Squad Rebirth, c’est un peu à l’image du dernier smartphone qu’on souhaite nous vendre. Il nous promet de l’innovation, de la « badass-itude », mais se repose sur ses acquis et sa réputation sans proposer quelque chose de vraiment neuf et frais. Voyons ce que le quatrième récit appelé Terre brûlée nous propose et quelles sont les épingles à retirer.

KNEEL BEFORE THE SUICIDE SQUAD

Ce quatrième tome reprend le récit juste après les événements du tome précédent, mais va également se concentrer sur un nouveau membre au sein de la Suicide Squad, le général Zod, que l’on ne présente plus depuis son apparition dans la saga. On se retrouve avec notre bonne vieille Amanda Waller chez LexCorp qui aimerait bien utiliser et garder sous contrôle ce nouveau jouet. L’idée de la bombe dans la tête est reprise et on l’applique à un personnage non-humain pour voir ce que cela peut donner. Et quand on lit ce tome, on se rend vite compte qu’il y a un gros problème dans le rythme, entre les moments d’action et de sournoiserie, mais qui ne racontent pas grand chose finalement.

Et pourtant, il y en avait de bonnes idées, à commencer avec celle d’Amanda Waller qui implante une bombe « spécifique » dans le crâne de Zod afin de lui rappeler qui est la boss. La relation entre les personnages ou les moments de trahison auraient pu aussi proposer des surprises dans le développement ou de nouveaux rebondissements mais, bien que fourmillant de bonnes idées et intentions, Rob Williams nous tease pleins de choses en même temps et ne va pas au bout de ses idées. Il restera sur ses acquis une nouvelle fois. Pire, la grosse scène d’action de ce volume s’achève en queue de poisson. L’intrigue ne prendra fin que dans les titres de Superman Rebirth. La Suicide Squad n’aura servi que d’amuse-bouche et dégage un profond goût de « Tout ça pour ça ?! » qui en ressort de la lecture.

Le dernier chapitre se présente comme un temps-mort, un moment de calme, de rupture avant la prochaine tempête du prochain tome. C’est celui qui tire le mieux son épingle dans cette bouillasse d’action car il est le seul à développer un peu plus la psychologie des personnages.

LE DEVOIR D’ABORD

Amanda Waller et la Suicide Squad restent fidèles à eux-mêmes, avec leurs défauts comme leurs qualités, il faut l’accepter et faire avec. Là où le bât blesse, c’est le traitement infligé au personnage de Zod qui constitue le principal bémol de ce tome. L’auteur réussit même à nous interroger sur le comment du pourquoi de certaines scènes et dessins. Si les tomes précédents nous présentaient un Zod colossal et imposant, ici il perd en prestance et en puissance en rapetissant et faisant adopter une taille plus « humaine ». On aurait aimé une vraie explication, même brève. Cet ennemi (du même calibre que Superman, rappelons-le) sera apparu dans les quatre tomes de la série sans réellement s’imposer, ni développer la politique d’exploitation de la Suicide Squad à propos de ses soldats.

Point positif quand même, on peut souligner l’audace dont il fait preuve pour lutter contre le contrôle de Amanda, un moment qui mélange génie et folie avec un soupçon de gore, que seul ce genre de personnage est capable de nous montrer. Pour le reste des intrigues des autres personnages, c’est très rapide pour certains ou trop éphémère pour d’autres. On ne ressort pas complètement satisfait de cette lecture tant les résolutions des relations entre les personnages sont expédiées rapidement et de manière bâclée.

Pour le dessin, c’est avec plaisir qu’on retrouve le travail à l’œuvre de Tony Daniel. Son style, son trait, et son découpage fonctionne plutôt bien. Si on peut reprocher à Suicide Squad le brouillon dans ses scènes de combats, le dessinateur réussit à bien mettre en valeur ses planches en nous offrant un style agréable pour nos yeux.

On peut se poser la question de comment, avec un tel casting, Suicide Squad Rebirth n’arrive pas à sortir des sentiers battus. Ce quatrième tome aurait enfin pu se distinguer, et lancer la série sur de bons rails mais non. Ironiquement, et à l’instar de l’antagoniste principal de ce tome, Rob Williams nous a (encore) promis de belles choses mais n’est pas allé au bout de ses idées. Un sentiment de gâchis qui nous fait douter de la qualité des prochains titres dont on commence de plus en plus à ignorer.