Review VF – Suicide Squad Rebirth Tome 3 : Incendies

Choisir la review de Suicide Squad, c’est un peu comme le dernier camarade de classe que vous sélectionnez pour faire équipe dans un sport collectif. Si parfois, tout ce que vous craignez arrive, ça peut se finir sur une bonne surprise. Pour ce qui est de la lecture, la vérité se trouve un peu au milieu de tout ça.

Pourquoi il est aussi inégal ce tome Suicide Squad ?

Quand vous lisez ce tome intitulé Incendies, l’inégalité est la première chose qui vous frappe. Et dans tous les domaines. Une inégalité qui se ressent dans l’écriture avec un rythme complètement saccadé à cause de certaines directions choisies par Rob Williams. Et cette écriture laisse un goût amer dans la bouche, donnant parfois envie de refermer le bouquin, quand d’autres fois, vous trouvez l’histoire plutôt prenante – ça reste Suicide Squad hein, quoi qu’on en dise. Les moments posés de discussion entre Hack et Harley Quinn, ou encore entre Harley Quinn et Captain Boomerang. Les moments d’enquête qu’on retrouve par endroits sont aussi plutôt intéressants, même si Rob Williams ne va jamais vraiment au bout de ses idées (comme souvent). Le retour de Rustam, avec son attaque sur Belle Reve aurait pu se targuer de soulever intelligemment certains sujets comme la révolution, la liberté, ou plus métaphoriquement sur le fait de “briser les chaînes”. Mais Rob Williams ne va  toujours pas au bout de ses idées, et n’enclenche pas la vitesse supérieure sur le discours, disons, politique. Le sentiment d’inégalité est aussi présent dans les dessins. Alors que quelques “oh chouette” vous viennent à l’esprit à la vue de certaines pages (notamment grâce à Eddy Barrows), quelques “ah” dignes de Denis Brogniart sortaient de ma bouche sur d’autres planches (à mettre au débit de Romita Jr. essentiellement). Bref, Suicide Squad est toujours en dents de scie.

Amanda Waller est morte, vive Amanda Waller

Et là où le bât blesse genre vraiment, c’est l’écriture d’Amanda Waller. On retrouve cette sensation avec l’écriture de Batman de Scott Snyder pour All-Star Batman. Une sorte d’entité inatteignable, pour laquelle on a bien du mal à ressentir une quelconque émotion. Si la scène sur le billard (la table d’opération s’il est utile de préciser) recèle de bons moments, et de bonnes pensées, on se doute bien à un moment que Rob Williams n’ira pas au bout. Qu’il ne le fera pas. Et quand on se met à douter sur le retour d’Amanda Waller, Rob Williams nous la sort de derrière les fagots, et remet le personnage sur le tapis. Tout était prévu, la partie d’échec est terminée. Amanda Waller gagne encore et toujours, au détriment de la Suicide Squad finalement – qui pourtant lui semble toujours redevable. Amanda Waller a la mainmise sur la conclusion d’Incendies, et ne la lâchera plus jamais, dans une résolution vue mille fois dans des films divers et variés, séries ou livres. Rob Williams ne se sent pas de mettre la petite pichenette (comme dirait le Joker de Christopher Nolan) à son personnage, et ne semble pas décider à la pousser dans ses tranchées, quitte à sacrifier d’autres personnages plutôt intéressants.

On peut tromper mille fois mille personnes, non. On peut tromper une fois mille personnes mais on ne peut pas tromper mille fois mille personnes. Non, on peut tromper une fois mille personnes mais on ne peut pas tromper mille fois une personne. Non… Figurez-vous que la lecture de ce tome 3 de Suicide Squad Rebirth m’a laissé sur ce sentiment, tellement Rob Williams est le roi de l’embrouille. Plusieurs fois pendant le feuilletage des pages, je me suis dit : pull the damn trigger, Rob. Mais jamais, il ne l’aura fait. Presque dommage.