Nouvel arc pour Lucifer, ce qui va de pair avec l’arrivée d’un nouveau scénariste. Pour le moment, on ne nous ne dit pas grand chose. Comme d’habitude, les plans de notre héros sont mis à mal par des démons bien plus dangereux et le monde tel qu’il est semble menacé. Lucifer semble donc forcé de collaborer avec une certaine Arabelle Crane, un nouveau personnage qui est, peu ou prou, une version genderbend de John Constantine. Franchement, je trouve l’idée assez moyenne et seuls les cosplayers les plus acharnés seront ravis par cette invention (mais je n’en ai absolument rien à faire. Continuez vos ateliers couture loin de moi et laissez-moi lire tranquillement mes comics). Il est évident que l’association du protagoniste et de cette nouvelle pourrait donner de bonnes choses, mais je reste méfiant et je me demande pourquoi le vrai Constantine n’a pas été choisi (est-ce un refus de la part de DC ?). Le numéro reste sympathique en lui-même, mais je ne peux m’empêcher de jeter un regard un peu condescendant sur cette initiative “créative”, lisez-le en connaissance de cause. Graphiquement, Lee Garbett fournit, comme d’habitude, une prestation tout à fait correcte. C’est joli et dynamique, et cela contribue à rendre la lecture agréable.

L’intrigue avance à très petits pas dans ce numéro d’Injustice Ground Zero, qui s’intéresse ici aux deux versions de Batman, qui vont devoir collaborer pour mettre fin aux agissements du méchant Superman et de sa faction. Parallèlement à cela, nous suivons l’amie Harley Quinn dans ses pérégrinations, alors qu’elle cherche à se faire sa place au milieu de tout ce bordel ambiant. Le scénario n’est pas transcendant, mais a le mérite d’être tout à fait cohérent avec le jeu d’origine. Certes, le produit est totalement dispensable et ne sert que de petit “add-on” au titre principal, mais il a le mérite de meubler les attentes des fans hardcore, qui sont probablements hypés par les annonces récentes concernant le nouveau jeu. Les graphismes sont tout à fait solides, ce qui aide à suivre le titre avec un peu de plaisir, mais le manque d’ambition de la chose peut avoir raison de l’envie du lectorat…

DC cherche à réintroduire le personnage de Kamandi au sein de son paysage éditorial, et commence par nous livrer ce numéro, qui est en fait constitué de numéros déjà existants… Le Kamandi Challenge ne commence pas vraiment avec ce numéro, qui n’est donc qu’une réimpression du trente-deuxième épisode de la série classique, signée Jack Kirby, et de l’épisode spécial, en noir et blanc, qui explique les origines du personnage, dans un petit crossover avec le personnage de Sandman, dans son incarnation de l’époque (ne vous attendez pas à voir celui de Neil Gaiman). Si l’on doit juger ces épisodes pour ce qu’ils sont, on ne peut que dire qu’il s’agit de comics fort efficaces, qui résument parfaitement ce qu’est le titre d’origine, et l’on ne peut qu’adhérer à la formule si l’on aime les idées de Jack Kirby. Mais il est évident que pour le véritable fan, ce sera une déception, puisqu’il aura des doublons dans sa collection. Ce comic-book est donc à réserver à ceux qui ne connaissent pas du tout les aventures du personnage, puisque c’est la meilleure façon de se familiariser avec son univers et tout le casting principal du titre, puisque tous ces éléments seront probablement réutilisés dans la nouvelle série. A réserver aux nouveaux venus, donc.

Art Baltazar poursuit sa mini-série toujours agréables aux multiples références qui font sourires. Son style particulier trouve cependant ses limites dans l’utilisation excessive de l’univers DC. Si le scénario se dévoile de plus en plus, avec ici l’arrivée des derniers membres principaux de la Justice League, il est d’ailleurs appréciable d’y voir Martian Manhunter et de retrouver Supergirl, c’est du côté des ennemis que le titre trouve son intrigue et son intérêt. Ce numéro dévoile l’identité prévisible du grand ennemi qui se tiendra face à la ligue, et dont l’unique représentation laisse fortement à désirer. Il est difficile de juger le dessin de Art Baltazar pour son style, à la fois original et surtout apprécié, des enfants comme des parents. Cependant, ce personnage est ici représenté de telle manière qu’il est devient difficile de le reconnaître si son logo n’était pas présent sur son torse. Et s’il ne s’agit là que d’un détail dans ce numéro, puisqu’il ne s’agit que du cliffhanger (dont je ne comprends pas vraiment la nécessité dans ce genre de série). La série est amusante, l’histoire et l’affrontement gentillet, mais plus on avance, moins les références font mouche. A titre de comparaison avec les numéros précédents, on est passé du rire, au simple sourire. Et à choisir entre ce titre ou un autre parmi la gamme des comics destinés aux enfants, et je dirais même aux jeunes enfants, ce titre ne se démarque que par le style graphique particulier. Le développement de l’intrigue créé comme une sorte de méli-mélo dont les auteurs n’ont pas l’air de réussir à sortir, ce qui reste incertain, puisqu’il peut s’agir d’une forme de facilité de la part des auteurs puisque ce comics est destiné à de jeunes enfants. On est au final coincé entre cette approche d’un comics en tant que tel et cette forme d’excuse liée au fait qu’il s’agisse d’un comics destiné à des enfants.

Episode éminemment politique pour Aquaman cette semaine, alors que notre héros compte trouver une solution diplomatique au conflit qui oppose sa nation aux Etats-Unis d’Amérique. Notre ami Arthur se retrouvera alors dans le bureau ovale, afin d’obtenir une audience auprès du président (qui semble être Obama, j’imagine que la diplomatie n’aurait pas été de mise avec un autre mec, un peu plus con et un peu plus orange). L’épisode est, comme d’habitude, fort bien écrit et l’on se plaît à découvrir le personnage d’Arthur Curry sous ce nouvel angle, qui fait de lui un chef d’état plus qu’un “simple” super-héros. L’épisode en profite aussi pour parler un peu de son rôle dans la Justice League, et l’on sent que toutes les facettes de ce héros sont exploitées dans ce volume, ce qui est fort appréciable. Ajoutez à cela un graphisme fort efficace, qui met bien en valeur les visages, toujours expressifs, et correspond parfaitement au ton de l’épisode, qui repose avant tout sur ses scènes de dialogue. Aquaman est toujours un titre solide, qui ne baisse pas en qualité depuis le lancement de Rebirth, et il serait vraiment dommage de vous priver de cette lecture.

Conclusion de ce court et magnifique interlude entre Batman et Catwoman qui offre une construction narrative plus classique que le dernier numéro, même si certaines caractéristiques propres à Tom King sont bien présentes. Ceux qui n’aiment pas ces « tics » devraient être plus à l’aise dans leur lecture, et on sent bien la maîtrise de King sur ses personnages, avec un Batman toujours très taciturne et avec un penchant jusqu’au-boutiste, presque suicidaire, marqué. Mais on peut ressentir la très forte relation émotionnelle entre les deux protagonistes et au-delà de son aspect sensuel, la complicité et la difficulté dans leurs rapports est, à la fois simplement et profondément exprimée. Mais il faut aussi l’attribuer aux dessins d’un Mitch Gerads toujours en excellente forme, qui aide à faire passer les émotions et les enjeux de son histoire avec un dessin on ne peut plus expressif et un découpage qui se marie toujours aussi bien à l’écriture de King. On appréciera d’autant plus le clin d’oeil aux anciens comics de Batman en ouverture du numéro. C’était un interlude en définitive vraiment appréciable et le run de King continue, à mon sens, de s’installer comme un trait solide de Rebirth.

Jon Rivera continue d’écrire son scénario totalement psychédélique, bien servi par les traits du talentueux Michael Avon Oeming et de son coloriste, Nick Filardi. Ce mélange détonnant fait de Cave Carson Has a Cybernetic Eye un titre totalement fou, qui met en scène un héros qui semble un peu dépassé par les événements, alors que tout un tas de choses s’enchaîne devant lui. On peine un petit peu à suivre tout cela, mais dites-vous qu’on est devant le numéro à la narration la plus claire depuis le début de la série (ce qui ne veut pas dire que l’on est dans un titre aussi simple à lire que n’importe quel comic mainstream, rassurez-vous). Le concept est totalement dingue et l’on ne peut qu’adhérer à ce titre si l’on est un tant soit peu amateur de titres indépendants façon Image. Young Animal est un imprint qui fait beaucoup de bien à DC, et voir une oeuvre qui met véritablement un coup de pied dans la fourmilière comme le fait Cave Carson est une très bonne chose, ce qui permet à l’éditeur d’élargir son horizon. Achetez ce titre, il serait dommage de voir une annulation d’un projet comme celui-ci, qui a en plus le mérite de nous proposer de superbes planches de Michael Avon Oeming, artiste beaucoup trop rare, mais ô combien talentueux.

La menace du Dark Archer écartée pour le moment, Green Arrow est en pleine introspection alors qu’un groupe d’anciens policiers se sont réunis sous le nom de Vice Squad et exercent une justice expéditive. Encore plus que d’habitude, Ben Percy nous montre un vrai héros humain et sujet à la déprime et à la perte de confiance en soi et en ses idées. Dans ce numéro, il remet ses actes en question et Black Canary apparaît comme la seule personne à pouvoir lui redonner l’espoir et l’amour dont il a besoin, rendant le couple très attachant. Le conflit de ce numéro oppose trois camps, les policiers, la Vice Squad et des prisonniers, mais tous les participants ne sont pas manichéens, comme le prouvent le détenu dont la peine est sujette à débat et ne mérite sûrement pas d’être traité comme un criminel ou le milicien qui ne veut pas aller aussi loin que ses camarades pour ses convictions. De plus, les ennemis et alliés de Green Arrow se multiplient depuis le début du titre et cela nous donne de plus en plus l’impression de voir d’un univers propre au personnage se développer. Enfin, au niveau artistique, je ne vous présente plus Juan Ferreyra, certainement l’un des meilleurs artistes aujourd’hui et qui nous livre encore une fois des pages magnifiques et pleines de couleurs. Green Arrow continue donc d’être en haut du panier des titres Rebirth avec un numéro encore une fois très complet.

Ca fait quand même quatorze numéros que Sam Humphries nous répète toutes les deux semaines que Jessica Cruz est en proie à une anxiété latente qui l’empêche tour à tour d’agir en tant que Green Lantern ou de croire en elle même… Et il décide de nous pondre vingt pages là-dessus. De la redite, de la redite, toujours de la redite. Sous la forme du récit d’une journée, on voit que les plus grandes difficultés de l’héroïne ne sont pas forcément ce qu’on pourrait croire. Et je veux bien penser qu’un tel récit puisse faire du bien aux personnes souffrant réellement de ce genres de problèmes, mais dans l’exécution, il n’y a absolument rien de nouveau ou novateur dans l’approche de l’auteur, puisque ça fait des mois qu’on a compris le problème de Cruz. Même si les dessins sont assez corrects, je vous invite à faire un petit saut et de revenir dans deux semaines pour la nouvelle aventure, car ici vous perdrez plus de temps à la lecture qu’autre chose. Et le temps, c’est de l’argent, pensez à votre porte-monnaie.

Miracle ! Le titre Harley Quinn semble enfin tenir une de ses promesses, qui semblait devenir une arlésienne… Le Joker est véritablement de retour, et on va vraiment vous en parler ! On avait laissé le Clown Prince du crime alors qu’il était en train d’en découdre avec le Red Tool, mais c’est maintenant Harley elle-même qui va se confronter à son ancien amant / boss / whatever (définir cette relation malsaine est assez complexe, vous en conviendrez). L’équipe créative parvient à dépeindre les sentiments ambivalents de leur protagoniste de façon plutôt efficace, sans tomber trop vite dans la facilité, même si sa délibération semble un peu rapide (ce n’est pas du Corneille, c’est évident). La résolution du numéro est peut-être un peu trop cartoonesque, mais ça reste tout à fait cohérent avec l’ambiance du titre et le caractère des personnages mis en scène, et, même si ça aurait clairement pu être plus fin et mieux écrit, on ressort de cette lecture avec une mine plutôt satisfaite. Le titre semble se relever un peu, et c’est avec plaisir que je vois la formule se renouveler quelque peu, pour devenir un peu plus ambitieuse. Espérons que la suite aille dans le même sens.

Bon. D’un côté, Tim Seeley nous propose de voir les évènements de JL vs SS #5 du côté humain, avec Steve Trevor qui assiste, impuissant, à une sorte d’épidémie Eclipso-esque (il faudra me rappeler comment ça fonctionne d’ailleurs, je n’avais pas souvenir que tout le monde pouvait être contaminé comme ça) partout autour de lui. En soi, le principe du tie-in est respecté, mais en termes d’intérêt ? Aucun, vraiment aucun, et la structure est plutôt répétitive, alors que la conclusion vient renforcer cette impression. Vous pouvez donc largement passer à côté de ce numéro, surtout qu’aux dessins, alors qu’on nous promettait Carlos d’Anda, on se retrouve avec Scot Eaton qui nous livre des dessins mainstream tout juste passables. Justice League #13 est donc l’un de ces tie-in poubelle qu’on peut laisser moisir sur les étals des comicshops sans avoir d’état d’âme. Et la prochaine fois, on retrouve Bryan Hitch et je commence vraiment à désespérer que Justice League soit à ce niveau…