Review VO – Justice League of America : The Ray Rebirth #1

Les points positifs : Une origin story digne des meilleurs mutants d’en face Un héros profond et méconnu Une belle métaphore sur l’homosexualité Les points négatifs : Trop rapide par moments Trop optimiste

« I Couldn’t live in the dark anymore. » – Ray Tremill

• Scénario : Steve Orlando – Dessin : Stephen Byrne

• DC Comics – Justice League of America: The Ray Rebirth #1 – 18 janvier 2017 – 32 pages – 2.99$

Encore une fois dans ce mois de janvier, un personnage de la future Justice League of America nous est présenté dans un one-shot Rebirth, et aujourd’hui c’est celui que j’attendais le plus qui sort, The Ray. Mon attente est autant due au personnage qu’à son auteur, Steve Orlando, qui est à la fois très doué et bien placé pour écrire les héros gays, Midnighter et Apollo peuvent en témoigner. Aurons-nous donc droit à un nouveau prologue anecdotique ou à une vraie histoire dans Justice League of America: The Ray Rebirth ?

Le personnage étant encore assez obscur, ce one-shot prend la forme d’une origin story commençant tôt dans la vie de Ray Terrill, puis fera des bonds dans le temps jusqu’à arriver au présent. On voit donc son enfance difficile et isolée à cause d’une mère surprotectrice afin d’éviter l’émanation de ses pouvoirs déjà présents, puis vient l’adolescence où l’envie d’indépendance prend le pas et où il découvre des capacités qu’il ne contrôle pas, et enfin l’âge adulte où notre héros va commencer à s’assumer.

Ses origines sont intéressantes en plus d’être bien narrées, et on s’attache très vite au personnage car on constate la dureté et la solitude de son passé, en particulier de son enfance où beaucoup de problèmes psychologiques prennent leur source, et on ne peut que se prendre d’empathie pour un enfant obligé de vivre dans le noir et n’ayant comme contact avec l’extérieur que sa mère et l’art. On retrouvera d’ailleurs à de nombreuses reprises le personnage de Silverblade, référence un peu oubliée du DC Universe. Au final, on a vraiment l’impression d’avoir sous nos yeux une très bonne histoire de X-Men, et ça fait plaisir de voir que DC arrive à créer ce sentiment que je ne retrouve d’habitude que chez les Mutants.

En plus de nous livrer une bonne psychologie de Ray, Orlando arrive à expliquer tous ses pouvoirs très clairement, et le bonhomme en a quelques uns (et des bien pétés, mais j’y reviendrai plus tard), et les utilise correctement, notamment son invisibilité dont le héros se sert pour éviter le regard des gens après un accident. Les autres personnages sont aussi bien écrits même s’ils sont peu nombreux, nous avons déjà parlé de la mère obsessionnelle, mais vous trouverez également son ami d’enfance devenu un exemple d’optimisme et d’assumation de soi permettant plein de métaphores plus ou moins mielleuses sur la lumière, ainsi que le premier vilain conservateur à la Donald Trump. De plus, les dessins sont honnêtes et Stephen Byrne, travaillant à la base dans l’animation, rend un côté assez cartoon plaisant avec un joli jeu des lumières, ce qui était la moindre des choses.

Malgré toutes ses qualités, ce numéro présente certains soucis. Tout d’abord, étant limité en nombre de pages, certaines parties sont rapidement terminées alors qu’elles auraient grandement gagné à être approfondies, notamment le passage vers la fin et de l’acceptation de ses pouvoirs. Il aurait également été intéressant de voir Ray apprendre à s’habituer à ses pouvoirs, car on passe vite du jeune homme qui enchaîne les accidents à un héros qui semble savoir ce qu’il fait. D’ailleurs, ses pouvoirs quasi-divins sont le petit problème que j’ai avec le traitement du personnage. Ils sont une très bonne métaphore de l’homosexualité, que l’on cache aux autres par peur alors qu’il vaut mieux l’assumer, mais le déclic que Ray a en fin de numéro me paraît soudain, ou peut-être trop optimiste. Il manque des passages où Orlando aurait pu mieux décrire la façon dont Ray réussit à changer sa psychologie, et pourquoi pas au passage nous expliquer l’héritage de ses pouvoirs, mais surtout, je regrette qu’un héros aussi surpuissant (on parle d’un homme qui contrôle et peut devenir de la lumière) et ayant vécu cette enfance n’ait pas eu l’éducation que tous les autres ont eu pour devenir quelqu’un de bien, rejoignant l’idée d’un optimisme trop prononcé à mon goût. On sait que Superman n’utilisera tous ses pouvoirs que pour le bien grâce aux Kents et les X-Men, à qui il ressemble beaucoup comme je le disais, ont eu besoin d’une école et d’un mentor, et même l’enfant torturé qu’est Batman a dû faire tout un voyage initiatique afin de devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Au final, The Ray souffre seulement d’un grand potentiel qui ne peut pas être correctement exploité dans un simple one-shot, mais qui le sera peut-être plus dans Justice League of America. Et si l’éducation du héros est une phase importante qui est complètement oubliée ici, le message et le traitement du personnage principal sont vraiment très bons, ce qui en fait largement le meilleur des trois one-shots Rebirth liés à la JLA, en attendant Killer Frost la semaine prochaine.