Pour son neuvième numéro, Shaun Simon poursuit son exploration barrée du monde de l’art, avec un chapitre qui ne bouleverse pas la formule de sa série. Art Ops continue donc sa route mais l’effet de surprise des débuts s’est estompé il y a un moment déjà et il faut bien avouer qu’un petit essoufflement se ressent dans la dynamique narrative de l’oeuvre. D’autant plus que l’auteur s’imagine parfois plus malin qu’il ne l’est réellement dans le traitement de ses thèmes. Si les questionnements autour du rôle et de la fonction de l’art sont intéressants, la réflexion s’arrête souvent en surface. Il est pourtant bien compliqué d’en vouloir à Simon qui fait toujours preuve d’assez de générosité et d’imagination, ici, pour garder son oeuvre à flot. Pour la première fois, Matt Brundage est crédité, seul, aux dessins alors que Mike Allred était présent à l’encrage pour les numéros précédents et c’est loin d’être un détail. La série perd énormément de son aspect « pop art » et certaines planches sont même loin du niveau dont nous avait habitué Art Ops. Heureusement, Brundage est toujours capable de mettre en page deux ou trois idées visuelles brillantes et de créer une atmosphère particulière qui sied parfaitement au titre. Au final, un parfum rétro qui rappelle parfois la Doom Patrol de Morrison, un petit taquet (totalement gratuit mais plutôt amusant) envoyé aux productions ciné super-héroïque du moment et toujours assez d’idées et de folie pour charmer le lecteur, voilà la recette de cet Art Ops #9. Même si ce numéro n’est jamais aussi abouti que les modèles dont il s’inspire, la faute a un aspect « poseur » trop présent, Il y a toujours de quoi passer un bon moment. C’est déjà ça vous me direz mais Art Ops a le potentiel pour tellement plus que c’est aussi un peu dommage…

On ne peut plus parler de surprise avec Suiciders, tant Lee Bermejo a déjà montré toute la maîtrise dont il était capable pour nous balancer une histoire sans compromis. La surprise, ce n’est d’ailleurs pas ce que cherche l’auteur. Il poursuit alors sa saga en suivant à la lettre les codes des genres qu’il convoque pour créer l’univers de sa série. Dès les premières pages de ce numéro, on peut alors très vite imaginer comment tout ça va se finir. Malgré ça, à aucun moment Bermejo ne nous permet de sortir de son histoire. Que ce soit au travers des dialogues, de l’évolution des personnages ou de la violence tantôt latente, tantôt explosive, tout participe à faire de ce chapitre un tournant pour le récit mais aussi une grosse claque à la lecture. D’autant plus qu’aux dessins, Alessandro Vitti réalise lui aussi un sans faute avec des planches qui rendent à merveille l’ambiance poisseuse du récit. Si on ajoute à ça, les couleurs et le découpage qui donnent l’impression d’enfermer les personnages dans un univers rude, violent et suffocant, on obtient une vraie réussite graphique. Finalement, Suiciders : Kings of HelL.A. #4, c’est du film noir en plein soleil, du polar hard-boiled et social à la violence viscérale et qui n’oublie jamais de faire évoluer ses personnages au sein d’enjeux intelligents. Bref, avec Suiciders, Lee Bermejo continue de frapper fort et, surtout, toujours là où ça fait mal.

L’arc de long terme se poursuit encore dans ce numéro et on ouvre avec un très gros problème de narration puisque le climax de rencontre entre Kara et Facet est brisé quand la première décidé de se barrer sur le champ pour aller aider sa soeur. S’ensuit une lutte contre Rampage qui abuse d’un ressort « rappelle-toi que tu es gentille » combo flashback éculé qui nous ramène, et c’est déjà ça, aux facilités scénaristiques qu’on a déjà pu retrouver dans la série. Un numéro en forme de mini-break pas vraiment important, mais qui a le mérite de rester bien dans la continuité de l’histoire, avant de reprendre le véritable affrontement dans deux semaines. Les dessins de Vieceli ne sont pas fantastiques mais sont assez détaillés et travaillés pour assurer une certaine qualité à la gamme Digital First. J’ai quand même plus hâte de voir ce que Steve Orlando fera de l’héroïne avec Rebirth…

Déjà cinquante numéros pour le titre DC Bombshells, et on aborde une seconde partie de l’attaque de Berlin. Joker’s Daughter et son Reich s’en prennent au Bombshells cachées, et la riposte ne se fait pas attendre, chacun essayant ses atouts à tour de rôle, pour un numéro très centré sur l’action, avec quelques jolies scènes. Un numéro qui se lit donc assez rapidement mais qui fera très plaisir aux lecteurs pour sa scène finale, occasion bien amenée de ramener un personnage qu’on apprécie énormément dans le DC Universe – une bien belle surprise en somme. De plus, les dessins de Mirka Andolfo sont toujours de très bonne facture sur ce titre, et au prix du numéro, il serait vraiment dommage de bouder son plaisir ! Donc je me répète, mais Bombshells est un très chouette titre de la gamme Digital First de DC, et Marguerite Bennett s’en sort vraiment bien, sur la durée, pour une histoire simplement dérivée de statuettes à la base !

On baisse nettement en qualité avec ce chapitre. Tom Derenick livre ici une présentation très moyenne. Des facilités dans le dessin, des personnages grossiers. Hal toujours aussi moche. C’est honteux de traiter le personnage ainsi. Il y a réellement des hauts et de bas dans Injustice. Ça commence un peu à lasser. L’histoire par exemple, tout laissait penser qu’on allait enfin avoir du changement. Que ça allait bouger réellement mais non. Tout s’essouffle encore. Superman est à terre, on pourrait tout terminer mais non. Flash a une occasion en or et, d’après ses dires, il préfère ne pas prendre de risques et continuer avec le régime. Certes on pourrait ne pas croire en ses mots. Mais à première vue, c’est du sérieux. De plus, je ne comprend pas les mots de Barry. « C’est le monde que nous méritons » : Toi d’accord, mais la population ? Il condamne toute la planète parce que l’homme le plus rapide du monde a une petite peine de cœur. On retombe encore. Superman est plus tyrannique que jamais et même Shazam ne s’en rend pas compte. Même le mec avec la sagesse de Salomon ne fait rien contre. Nous verrons bien la suite, mais j’en ai marre que ça retombe tout le temps. Batman peut tuer Superman mais non, tout redevient comme avant. Flash peut changer de camp et les choses mais non, tout redevient comme avant. Alfred est mort mais non, tout redevient comme avant. Aucune conséquence presque. On attend encore et encore que ça bouge ses grosses fesses !!!! Il va être temps tout de même. C’est la 5ème année, le mélange d’univers devrait arriver bientôt ! Ou alors on essaye de nous faire croire qu’il y a un scénario alors que c’est de l’improvisation d’amateurs.

Enfin un numéro de Deathstroke qui sort de la routine de série B dans laquelle James Bonny nous a plongés depuis des mois ! En une quarantaine de pages, Phil Hester nous bricole une petite histoire de lutte entre deux clans d’une cité du Moyen-Orient, lutte dans laquelle deux assassins sont engagés, Deathstroke d’un côté, et le mystérieux Balkan de l’autre. La dimension politico-familiale du conflit est bien exploitée et le discours de Deathstroke, qui prend sous son aile un jeune natif, rappelle à son statut de père et aussi d’anti-héros qui dispose malgré tout de certains codes. Menée avec deux petits twists qui rendent l’ensemble sympathique, l’histoire n’est pas non plus extra-ordinaire mais fait beaucoup de bien à la lecture par rapport à la série mensuelle. Les dessins de Mirko Colak sont en totale adéquation avec le récit, l’ambiance moyen-orient est très bien retransmise. Le découpage des planches est certes très classique mais l’action est lisible, les personnages fins et les décors bien présents, et si vous avez envie de lire une histoire correcte de Deathstroke en ce moment, alors ce numéro, qui se suffit à lui-même, devrait pouvoir vous convenir.

Alors : oui, il est sexy (autant que peut l’être un personnage en deux dimensions), et il y a effectivement tout un univers dans le DCU en dehors de la simple famille de Batman. Mais ? Comme beaucoup d’annuals, ce numéro est relativement inutile, et l’exercice de style ne prend pas. Parce que l’auteur essaye de faire rentrer dans le même esprit d’espionnage facile des figures qui n’ont rien à y faire, parce que le comique de répétition ne marche pas forcément, parce que voir Harley et Baz a des allures de spotlight éditorial, et parce que la fin n’amène rien de spécial. Un numéro peuplé de fan-service, où l’intérêt résidera pour les fans de Grayson à une sucrerie supplémentaire pour faire passer la pilule, mais qui arrive trop tard et ne retrouve pas l’énergie des premiers numéros (parce que les auteurs sont différents). Je comprends bien, c’est amusant, c’est léger et ça ne se prend pas au sérieux, mais sur trente-cinq pages, le dénouement se devine rapidement, tout ne fait pas rire et l’ensemble est répétitif. Dommage.

Sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi la version New 52 de Teen Titans se poursuit et sans qu’on ne comprenne pourquoi Scott Lobdell est de retour au scénario de la série sur cet annual. N’ayez crainte, même si Lobdell est là, il a fait bien pire que ce numéro gentiment inoffensif. Le problème avec cette version des Teen Titans, c’est que, quelque soit l’auteur, on retrouve plus ou moins les mêmes problèmes à chaque fois. J’en veux pour preuve ce numéro avec ses personnages extrêmement archétypaux et unidimensionnels et son intrigue vite lue et aussi vite oubliée. Malgré tout, l’auteur parvient à mettre un peu de rythme dans sa narration avec ce chapitre qui se suit comme un épisode de série animé. Cependant, les motivations des vilains n’ont pas vraiment de sens et la conclusion apparaît très forcée. C’est finalement la partie artistique qui permet de faire passer un peu mieux la pilule avec son aspect frais et coloré. L’artiste Cory Smith offre même quelques planches sympathiques, notamment quand il s’amuse avec la représentation des pouvoirs des personnages. Reste quelques pages moins travaillées, certaines manquant même cruellement de dynamisme pour convaincre totalement. En définitive même si ce Teen Titans Annual #2 ne peut pas être considéré comme une vraie réussite, loin de là même, il parvient, par moment, à être plus agréable que ce qu’on pouvait espérer d’une histoire « Lobdellienne ».