Review VO – DKIII : The Master Race #5

Dark Knight III - The Master Race (2015-) 005-000
Les points positifs :
  • Frank Miller, all over again
  • Plus rythmé que les précédents
  • Quand l’anti-terrorisme a des airs de fascisme
  • World’s Finest Strikes Again
Les points négatifs :
  • Toute cette attente et si peu d’effort graphique
  • Ne plaira (vraiment) pas aux détracteurs du scénariste
  • Le mini sans intérêt
  • Certaines cases manquent de fond

« Do you want to save the world ? » – Superman


  • Scénario : Brian Azzarello, Frank Miller – Dessins : Andy Kubert – Encrage : Klaus Janson – Couleurs : Brad Anderson

Pas mal attendu, le cinquième numéro de la mini DKIII : The Master Race a fini par sortir, comme les Kryptoniens de Kandor de leur dôme vitré. À leur image, il est énervé, violent, et plutôt louche sur deux trois idéaux, et si l’ensemble des rédactions spécialisées ne semble pas emballé par cette dernière tribune d’un Miller plus paré que son Batman en armure métallique, il décèle au milieu de crayonnés hasardeux et d’une quête d’éditeurs toujours moins hésitants à remixer les classiques un rendu plutôt agréable. Parlons-en.

Dark Knight III - The Master Race (2015-) 005-019

A l’image du troisième numéro de la série, celui-ci est un pivot dans l’histoire et l’affrontement du Chevalier avec la Master Race qui donne son titre à la série. Kandor et la secte Qhar, parabole du surhomme et du djihad mélangés qui s’étend sur le monde, plonge l’espèce humaine dans la peur et le fanatisme, débarrassés du seul symbole (Américain) de résistance se dressant sur leur route. C’était sans compter sur un duo d’auteurs encore engagés dans un sens comme dans l’autre pour donner à la seule véritable résistance le droit de contre-attaquer. Batman Strikes Again (again), et s’oppose aux illuminés dans son armure devenue légendaire, sa Batmobile blindée et avec plus d’alliés que dans toute sa carrière sur cette Terre alternative (ou ce futur possible qui a surtout des airs de présent).

Si le numéro est plus rythmé que les précédents, c’est comme d’habitude du côté symbolique qu’il faut chercher. Isolés du monde moderne qui a eu le temps de grandir et de dépasser les idéaux barbares de certaines religions, les habitants de Kandor agissent en reflet de l’ennemi moderne de la civilisation occidentale : le terrorisme. Le sujet tient à coeur au scénariste, qui emploie pour la seconde fois Batman en avatar de ses idées. Depuis le premier numéro où on le voyait couché sur un lit d’hôpital, dans sa relation à une Carrie héritière de son style et de son envie de combattre, Bruce Wayne est devenu sur papier l’incarnation vivante de Frank Miller.

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Diminué, souvent critiqué ou taxé (à raison ?) de fascisme, puis revenu en grâce aux yeux du monde et des lecteurs avec cette série comme ce Batman oublié et fatigué endossant à nouveau le costume, accompagné par un sidekick qui a beaucoup appris de ses oeuvres passées. L’auteur aime à dire en interview qu’il a créé le Dark Knight Returns parce qu’il ne supportait pas l’idée que Bruce Wayne soit plus jeune que lui. La trame boucle bien ici le parcours et l’âge du créateur et de sa création, l’une fictive et décriée passée par de sales moments, l’autre réelle mais dans le même cas de figure.

Aussi, pas étonnant que la série ait peu à peu pris le chemin de la pensée Millerienne jusqu’à l’étouffement. La narration est pareille qu’à la grande époque, toujours plus exagérée dans le fascisme du personnage, l’auteur lâche çà et là quelques interprétations personnelles sur la peur et l’isolation, la métaphore des deux héros retrouvés en image du monde moderne enfin unifiée par le besoin de défendre le peuple et la nation – ce qu’aucun politicien ne sera jamais parvenu à faire – en somme, un idéal où tout brûle et où seuls les vrais héros peuvent tout rebâtir.

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Dans l’ensemble bien écrit, ce numéro s’adresse évidemment aux fans de ce style particulier et aura de quoi gêner les autres. Vous connaissez la théorie des auteurs des Cahier du Cinéma ? C’est à peu près ça. Pris dans son ensemble, Master Race reste le même pamphlet d’un scénariste qui raconte toujours une seule histoire sous différents titres, mais bien accompagné par un Azzarello exigeant, le duo réussit ici à magnifier un récit plus abouti que les essais de type Strikes Again ou Holy Terror – une bonne lecture pleine de symboles et qui parle du monde moderne, sous un certain point de vue. Les fans du Batman badass et cuirassé y trouveront un plaisir nostalgique vaguement neuneu et en pleine gratuité, les fans du scénariste seront contents de savoir que même trente ans après, le compromis n’est pas à l’ordre du jour. Quant aux fans de beaux dessins, mettons que c’est un peu plus compliqué.

Parce que si l’attente peut se justifier (et il faudra de toutes façons reparler de DKIII dans un ensemble relié plus digeste, vu le format de parution franchement chaotique), difficile de défendre l’effort du duo Kubert/Janson pas du tout au même niveau que sur le premier numéro. Le coloriste doit souvent remplir des cases à demi-vides où la représentation du personnage semble primer, le travail sur les scènes de foule se résume souvent à quelques silhouette grossières ou entièrement noires et la dernière case gâche l’effet voulu par un design presque comique, comme si deux action-figures pour gosse des années ’90 s’étaient imprimés sur papier. Pire constat sur le travail du Miller dessinateur du mini-comics, à la fois inutile scénaristiquement et graphiquement (c’est là qu’on se dit que c’est quand même moche de vieillir).

DKIII porte bien son nom. Souvent, en comics, après un grand run on retrouve généralement un auteur « transitif », entre un bon auteur et un autre juste là pour remplir du blanc. La plupart d’entre eux s’affairent à copier les idées du génie précédent, où coller une nouvelle direction sans envie qui ne plaît au final à personne (beaucoup de séries des New 52 sont là pour en témoigner). A l’inverse de ce phénomène, on ne pourra pas reprocher à cette continuation des écrits de Miller d’être autre chose que la suite logique de sa pensée et de sa carrière, pas du tout effacé derrière Azzarello ou le board de DC Comics – qu’on n’imagine pas avoir interféré une seconde au scénario pour modérer les ardeurs de ce vieux papy de droite, encore coléreux après quinze ans de 11 septembre. S’il est évidemment trop tôt pour juger de la totalité de l’oeuvre, DKIII reste pourtant un ensemble réussi. Critique des médias, de la passivité du peuple et des politiciens, contexte actualisé loin du premier récit typé Guerre Froide, la série rend aux super-héros l’importance de leur lutte (solitaire) contre les « vilains » de leur temps. Rendez-vous dans de longs mois pour le prochain numéro.

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Corentin

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Lerhak
Lerhak
7 années il y a

J’ai trouvé le numéro assez sympas, bien que la fait je me suis dit « ça y’est, ils ont complètement craqué » xD
La mini n’était pas spécialement utile (pour l’instant), parce que de toute façon Lara est insupportable, donc une mini sur ses histoires de coeur on s’en fout complet. Pour ce qui est des dessins, j’ai trouvé que par rapport à certains travaux de Miller, c’était plutôt pas mal.
Et pour les dessins du numéro en lui même, ce qui se passait au premier plan était globalement pas mal, par contre l’arrière plan est vide au possible …

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