The Sheriff of Babylon revient cette semaine avec, hélas et déjà, son antépénultième chapitre. Bien décidé à aborder cette dernière ligne droite en beauté, Tom King met le paquet avec un épisode qui fonctionne sur tous les niveaux. Comme un récit de genre, viscéral, maîtrisé et tendu d’abord, qui ne lâche la pression à aucun moment mais aussi comme une oeuvre mature parvenant à travers le parcours de ses personnages à faire ressortir tous les enjeux qui sous-tendent ce genre de conflit. Qu’ils soient politiques, moraux ou religieux. Tout ça surtout sans jamais tomber dans la pose intellectuelle, ni dans le diktat mais en restant au contraire dans une narration sans bouts de gras. Mitch Gerads continue à faire ce qu’on attend désormais de lui en se mettant au service du script de son compère. Avec un trait précis, réaliste, une mise en page extrêmement précise et un travail immense sur le langage corporel de ses personnages, il donne littéralement vie à ce monde. Si on ajoute à ça une conclusion sacrément couillue, surtout quand on sait que les chapitres doivent être approuvés par la CIA avant publication. Voilà une série qui atteint encore une fois des sommets avec ces vingts pages là. Alors que demander de plus ? Et bien rien, franchement rien, tant The Sheriff of Babylon parvient chaque mois à dépasser toutes les attentes.

Après onze numéros, Unfollow continue d’être une bonne série type thriller dans laquelle Rob Williams se concentre profondément sur ses personnages principaux, leurs actes (et leurs conséquences), et chaque séquence permet de déplacer les pions petit à petit sans que le lecteur ne se sente confus, malgré le rythme de publication d’une telle série qui nécessite qu’on reste attentif tout du long. Certains masques commencent à tomber, des héros se révèlent, et la tension continue de grimper alors qu’on sent qu’une catastrophe est sur le point d’arrivée. Mike Dowling manie extrêmement bien l’utilisation de ses angles et la mise en scène est à la fois diversifiée et profite d’un vrai travail presque cinématographique, avec un trait toujours axé réalisme qui n’empêche pas quelques fulgurances fantastiques qui s’intègrent très bien au récit. Définitivement, Unfollow fait partie de ces récits à suivre chaque mois chez Vertigo.

Suite de cet arc qui revient sur le plan du Joker, qui se déroule juste avant le début du jeu. Cette semaine, c’est nettement moins intéressant que la précédente, et c’est clairement moins bon. On se retrouve simplement avec un petit complot basique et une histoire de bombe, sans que rien ne vienne nous surprendre. On a donc droit à du remplissage total et l’on sent que le scénariste est en train de meubler son récit. Ce numéro est totalement dénué d’intérêt, et les dessins ne viennent pas le sauver. En effet, le trait est basique et l’on a droit au minimum syndical. Injustice ne fait pas honneur à la gamme digital first cette semaine, et l’on regrette de voir toutes ces planches accordées à une “intrigue” que l’on pouvait expédier en deux cases, si l’on estime que les lecteurs ont touché au jeu.

A défaut d’avoir pu garder Mark Russell sur Prez, DC aura eu la bonne idée de lui confier les Pierrafeus, pour un résultat toujours réussi. Encore très bon, ce numéro aligne moins de critique sociale que d’absurde, avec une parodie de scénario lambda de science-fiction. Une fraternité d’étudiants aliens en spring-breaks envahissent la Terre (enfin, la vallée quoi), c’est la panique, et la Guerre des Mondes se produit. Avec son sens du grotesque, Russell parvient comme chaque fois à détourner les codes du monde moderne (Américain, principalement) sur la science, l’exploration spatiale, le stress post-traumatique et la paranoïa des films de SF époque Guerre Froide. L’ensemble est très bien écrit dans le même enchaîné de micro-sketches bien connectés, et de jolis dessins pas Steve Pugh. En somme, un troisième et toujours bon numéro, on n’attend plus que de revoir Russell ailleurs (allez, les mecs, sérieux quoi) pour ne pas laisser ce bon auteur errer sur de petits projets en attendant systématiquement l’échéance fatale de l’annulation.

Nouvel arc pour la série Wonder Woman ‘77, qui nous propose cette semaine une intrigue qui se déroule dans le milieu des services spatiaux russes. C’est assez basique, mais il est plaisant de voir le contexte de la guerre froide être développé dans la série, alors que notre héroïne enquête sur le meurtre de cosmonautes soviétiques. C’est loin d’être subtil, mais le récit remplit sa fonction de divertissement et l’ambiance est résolument branchée 70’s. On se plaît ainsi à voir évoluer notre héroïne dans ce milieu bien inhabituel pour elle, et le dessin est suffisamment dynamique et efficace pour mettre en valeur ce début d’arc qui est parvenu à retenir mon attention sans difficulté. Vivement la suite.

Au dernier numéro, on laissait Aquaman se faire interpeller par le Kryptonien en personne. Cette semaine, c’est en toute logique que l’épisode s’ouvre sur un affrontement dantesque entre les deux personnages. C’est franchement bien écrit et le combat ne semble pas du tout forcé, et l’on peut même estimer qu’il reste totalement justifié et cohérent. Evidemment, le scénariste ne se repose pas sur ce seul événement et continue à développer ce qui se trame du côté de Black Manta. Le numéro est plutôt dense et conserve le ton “pseudo-politique” qu’emprunte ce run depuis ces débuts, ce qui est une bonne chose. On pourra cependant regretter une résolution un peu trop facile du conflit entre les deux super-héros, mais ce n’est clairement pas le première fois que ce genre de chose se produit dans les pages d’un comic-book. Graphiquement, le niveau est correct et le combat est dynamique, ce qui renforce la qualité globale de la chose.

Epilogue du premier arc avant le début du crossover Night of the Monster Men. Pour le coup, on a droit à un numéro vraiment riche de la part de Tom King, qui nous ressort des vieux super-vilains improbables qui datent d’une époque où même vos parents n’étaient peut-être pas nés (Kite-Man, quoi !), avec une Gotham Girl qui essaie tant bien que mal de surmonter le deuil de son frère. Malgré une certaine action, on arrive à une page dans le dernier tiers du numéro vraiment déchirante, et l’ensemble est vraiment bien amené par King, qui devrait réussir à vous arracher une petite larme. L’instant d’après, on nous tease la suite de l’histoire, qui promet d’envoyer du lourd – mais il faudra patienter l’après crossover pour en savoir plus. Artistiquement, c’est un vrai plaisir de retrouver Ivan Reis, d’autant plus sur du Batman, et c’est une vingtaine de planches très réussies qui s’offre à nous, pour un plaisir des yeux de toute instant. Quel dommage, malgré tout, d’avoir voulu relooker de cette façon Gotham Girl, qui perd un peu de son charme ici.

Je suis assez partagé sur ce numéro. D’un côté, on se retrouve avec une conclusion pour le titre on ne peut plus classique. Après le retour de Terry McGinnis dans l’univers, il était assez évident qu’il faille qu’il reprenne sa place de Batman et c’est expédié au cours du numéro avec un affrontement final qui utilise des poncifs déjà vus des dizaines de fois. Est-ce que ça fonctionne ? Disons qu’on parcoure la chose sans y faire trop attention. En revanche, les planches de Stephen Thompson sont plutôt jolies, avec un trait bien détaillé, une bonne utilisation des perspectives mais un aspect un peu trop statique des personnages dans les scènes d’action. Mais je ne connaissais pas son travail et c’était une bonne surprise. Reste donc une conclusion fade, bien qu’elle fera plaisir pour la future orientation du titre. Je reste par contre très circonspect sur l’épilogue, et si certains veulent en discuter dans les commentaires ou sur le forum, je serai ravi de prendre par à la discussion !

Hé bien, voilà que Bloodlines se termine. Un numéro final qui ne surprend qu’une fois, par la décision d’une de ses protagonistes, et qui pose des questions quant à sa vraie fin. L’auteur laisse à supposer qu’une suite pourrait voir le jour, et si la fin reste ouverte, à vrai dire on n’est pas sûr de vraiment vouloir lire une suite. Mais elle reste quand même bien posée, et c’est assez frustrant d’avoir le sentiment que l’histoire n’est pas complète. J’aurais préféré quelque chose de bien plus radical, histoire de pouvoir passer à autre chose. Reste qu’on pourrait donc revoir les personnages ailleurs dans les publications DC – le lien avec le reste du DCU étant fait. Est-ce que ce serait pertinent ? Je n’en suis pas sûr. Pour le reste, le numéro est toujours bien dessiné pour qui aime Witchblade et consorts, mais l’écriture n’étant toujours pas le fort, je pense que vous pourrez passer sans regrets sur ce numéro (et même sur le TPB). Bloodlines a l’honneur, quand même – je crois – d’être un poil plus digeste que la première tentative du nom, mais n’en reste pas moins un ovni éditorial dans les récentes publications DC. Si quelqu’un arrive à m’expliquer ce qui a poussé l’éditeur à publier ça de bout en bout, je suis preneur.

Même si le cliffhanger du numéro précédent promettait un retour aux sources en ce qui concerne le personnage principal, Ben Percy brouille un peu les pistes cette semaine en entamant un arc qui se concentre sur Emiko. Le procédé est bien vu tant le personnage apparaît comme un élément majeur des dernières révélations de l’auteur lors du chapitre précédent. Percy évite, en plus, de tomber dans une narration trop didactique en faisant plus que mettre en lumière les zones d’ombres autour du personnage. Au contraire, il va de l’avant et propose un chapitre rythmé mais qui peine à surprendre en ce qui concerne l’évolution, trop classique, de l’héroïne. Cependant l’écriture fait une fois de plus la différence et permet d’assurer l’essentiel en matière de divertissement. Aux dessins, même si l’ensemble tient la route, on est loin de l’excellence à laquelle nous ont habitué Otto Schmidt et Juan Ferreyra. Stephen Byrne s’en sort quand même avec un style rappelant de l’animé et quelques idées visuelles sympathiques. Il lui manque, malgré tout, l’inventivité de tous les instants dans le découpage dont font preuves les deux artistes réguliers de la série. Pas de révolutions, ni même de grosses surprises donc cette semaine pour un Green Arrow quasiment absent de sa propre série, mais une direction tout de même intéressante avec la mise en avant d’un personnage qui en a grandement besoin. En somme, voilà une bonne mise en bouche pour un arc qu’on espère voir décoller pour de bon par la suite.

Soyons clairs : c’est devenu un supplice que de lire cette série. On se retrouve une fois de plus avec un numéro qui se noie dans ces dialogues pseudo-comiques et son casting improbable de personnages secondaires tous plus dénués d’intérêt les uns que les autres. Même le Red Tool (ce fameux ersatz de Deadpool), qui est ici en convalescence est devenu totalement imbuvable. Ce n’est pas le semblant de début d’une nouvelle intrigue qui viendra sauver la chose, ni même le charme de l’anti-héroïne… La formule Harley Quinn, dans sa version actuelle, a clairement fait son temps et il serait franchement agréable de voir DC changer de direction pour l’avenir de notre amie Harleen… Seuls les dessins parviennent à sauver un petit peu le titre du naufrage total, mais l’heure est grave, il faut changer de cap.

Après quatre numéros, les choses n’ont pas vraiment changé pour la Justice League, toujours en train d’affronter une immense menace mystérieuse, qui se fait appeler The Kindred, et si Hitch découpe sa narration pour s’intéresser à chaque personnage, le tout reste très peu intéressant tant on reste dans du cryptique tout du long. Du coup on peine à s’intéresser à cette menace « énooooorme » à laquelle, en vrai, on n’accorde que peu d’intérêt, et même l’esprit d’équipe se laisse moins apprécier. On joue encore sur la corde du « faut-il faire confiance à ce nouveau Superman » mais sans trop y croire, les pages se déroulent sous nos yeux d’un air distrait. On ne pourra pas dire que le travail de Jesus Merino n’est pas appréciable, avec de belles double-pages, mais le tout au service d’une histoire qui peine à passionner, c’est franchement dommage. Justice League devrait être bien plus attrayant pour son Rebirth, il serait peut-être temps pour Hitch de se réveiller…

Better than Batman, je le pensais déjà mais ici la question qui se posait, s’agit-il de Nightwing ou bien de Raptor ? Bizarrement, ce n’est pas vraiment le récit qui répond à la question mais bien un dialogue. Meilleur que Batman, dans un sens, Seeley le dit mais un peu comme beaucoup de scénaristes l’ont déjà fait avant lui. L’auteur livre une conclusion à son arc introductif assez intéressante. On y retrouve bien Dick sous le costume de Nightwing sans pour autant occulter le passé de Grayson. On retrouve aussi une construction proche de la série précédente avec un arc qui s’inscrit dans une saison d’arcs narratifs. La relation avec Damian me paraît un peu étrange. Ce dernier ne se comporte pas tout à fait comme Damian. Je l’ai trouvé plus enfantin qu’à l’accoutumé. On attend Tim Seeley au tournant pour la suite.
Enfin, aux dessins, Javier Fernandez varie entre le bizarre, dira-t-on, avec des têtes étranges, et le plus que bon, en particulier dans les rendus de mouvements et d’action et les détails dans les plans rapprochés. Le rendu couleur fait encore le job donnant l’ambiance dans les différents lieux visités. Avec l’encrage, le début est même glauque. Petit bonus, j’apprécie le passage en « civil » des superhéros.

Fin du combat entre Superman et l’Eradicator qui s’affrontent sur la lune, dans une Batcave secrète. L’épisode est donc épique à souhait et l’on a droit à un combat bien rythmé, qui fait plaisir à voir. C’est dynamique et les dialogues sont parsemés de petits one-liners bien efficaces. On sent que le scénariste sait doser humour et action, sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. De même, la caractérisation des personnages est travaillée et l’on s’attache facilement à cette version de l’homme d’acier et de son fiston. On tient là un run qui commence fort et qui devrait marquer davantage les fans que la version New 52. Le cliffhanger annonce de grandes choses et l’on peut estimer que Superman fait partie des titres qu’il faut impérativement suivre en ce moment, et ça fait plaisir de pouvoir l’affirmer. Graphiquement, c’est toujours irréprochable et l’on apprécie toujours autant les planches de Patrick Gleason.