Review VO – Supergirl #1

Les points positifs : Réussite visuelle L’humour qui détourne certains clichés Une Supergirl enfin attachante ! Les points négatifs : Un sentiment de déjà vu sur la fin La nécessité de placer Calista Flockhart ?

« Obviously that « S » doesn’t stand for subtlety. » – Cat Grant

• Scénario : Steve Orlando – Dessins : Brian Ching – Couleurs : Michael Atiyeh
  

• DC Comics – Supergirl #1 – 7 septembre 2016 – 32 pages – 2.99$

Après avoir passé quelques années perdues sur Terre, à ne pas trouver sa place et à passer de crises d’angoisses à gros coups de colère (allant jusqu’à devenir une Red Lantern), Supergirl s’offre un nouveau départ avec cette nouvelle ongoing Rebirth. Si le one-shot d’introduction présenté le mois dernier nous offrait les bases de ce nouveau départ (avec un rapprochement évident à la série tv avec Melissa Benoist) – hélas, en nous proposant un freak of the week pas bien intéressant – Steve Orlando nous propose sa nouvelle ligne pour une série plutôt enthousiasmante.

Supergirl est à part. Parce qu’elle n’a pas grandi et évolué sur Terre comme son cousin, elle n’a pas su aussi bien s’acclimater aux coutumes de notre planète, mais Steve Orlando, plutôt que de nous refaire le récit d’une adolescente en crise (avec elle même, ou le reste du monde), apeurée devant l’inconnu, nous joue un registre plus léger et comique. Kara Danvers (c’est son nouvel alter-ego) doit apprendre les bases de la vie « terrienne » en compagnie de sa famille d’accueil : leçons de conduite, cours au lycée, présentations orales… Un lot de scènes qui nous montre le décalage de la Kryptonienne entre la technologie ultra-avancée qu’elle connaissait, alors que même ce qui nous paraît avancé lui est archaïque. Le contraste est accentué par des scènes de flashback disséminées au long de l’histoire, et qui permettent de réétablir les origines de Supergirl – un geste fait à destination des nouveaux lecteurs plus que des aguerris.

Une nouvelle fois, les liens du comicbook avec la série tv sont présents, avec leur lots de différences bien entendu. Mais ce qui marquera le plus est l’arrivée de Cat Grant qui ressemble énormément à son interprète Calista Flockhart. La caractérisation rappellera également le jeu de l’actrice, même si on se rappelle qu’on a pas attendu la série tv pour en faire une femme forte de caractère et imbue d’elle même. Steve Orlando n’oublie pas le milieu des comics – et ce qui a été fait dans les New 52/DC You en se rappelant aux dernières scènes de Last Days of Superman mais aussi à un certain arc période New 52, qui fera office d’ouverture (et de cliffhanger) pour la première histoire de Rebirth. Pourquoi pas, pourra-t-on penser, même si cela donne un fort sentiment de déjà vu. Il ne reste donc qu’au scénariste d’étoffer son scénario pour orienter vers une direction surprenante, ce qu’il est capable de faire.

Autre point intéressant, c’est le discours du D.E.O. sur Supergirl qui ne se contente pas d’utiliser le simple fait qu’elle soit une alien pour en faire une personne dangereuse à leurs yeux, mais met le point surtout sur le comportement des Kryptoniens entre eux, ce qui donne une autre dimension à l’absence de confiance qu’il y a envers elle. Ce qui est appréciable, c’est que la super-héroïne ne se laisse pas faire, et avec l’humour présent, on est dans un récit de bonne ambiance, et Kara porte avec elle un certain optimisme qui avait vraiment manqué au personnage ces dernières années. Son rattachement à son peuple est présent et va servir de leitmotiv, mais ce n’est que dans les dernières pages qu’une certaine dimension tragique s’inscrit (ou plutôt, nostalgique) – et un sentiment de se sentir à part qui a par ailleurs tout à fait trait à la jeunesse (adolescence ?) de Kara. Mais on est loin de la gamine colérique d’avant, rassurez vous.

Pour la partie graphique, c’est une découverte pour moi de l’artiste Brian Ching, et un véritable coup de coeur par la même occasion. Je recherche très souvent de la personnalité dans les dessins, et c’est clairement ce à quoi on a droit ici. Si on ne va pas non plus lorgner du côté des productions les plus « indé » du DC You, Ching a néanmoins un trait qui me parle, vraiment, et qui se démarque suffisamment des carcans habituels du mainstream. Les personnages sont particulièrement expressifs, il y a un design qui irait bien du côté de l’animation, et le découpage, s’il n’est pas dingue, essaie de briser la monotonie avec quelques idées de mise en scène bienvenues (notamment pour représenter la super-ouïe de Supergirl). Les couleurs de Michael Atiyeh, chaudes et vives, mettent en valeur le travail de l’artiste et participent de cette réussite graphique.

C’est donc un premier numéro vraiment encourageant qui s’offre à nous. Si certains pourraient tiquer sur le rapprochement fait avec la série tv (une pratique à laquelle il faut s’habituer, et qui de toute façon ici n’est pas vraiment intrusive), le caractère de Supergirl, une certaine légèreté, et l’humour, associés aux fabuleux dessins de Brian Ching donnent vraiment envie de suivre cette nouvelle série. Reste à voir si Steve Orlando arrivera à faire du vraiment neuf avec ce qui s’apparente à du recyclage, mais le scénariste a déjà fait ses preuves chez DC : il y a donc de l’espoir pour Supergirl, ce qui tient d’une certaine cohérence !