Review VO – DC Universe presents vol. 3 : Black Lightning/Blue Devil

Les points positifs : Arsenal est bon, voir très bon Plutôt joli Les points négatifs : Une histoire principale nanardesque Des dialogues parfois vraiment bêtes Blue Devil est caricatural Vous pouvez arrêter de faire n’importe quoi ?

« We’re in a horror film ! » – Daniel Cassidy, alias Blue Devil

• Scénario : Marc Andreyko & Joe Keating – Dessin : Robson Rocha & d’autres – Colorisation : Bebe Kapoué – Couverture : Ryan Sook
  

• DC Comics – DC Universe presents vol. 3 : Black Lightning/Blue Devil – 26 février 2014 – 192 pages – 14,99 $

Nous attaquons aujourd’hui le troisième tome de la série qui donne une chance aux personnages moins connus de l’univers DC que Superman et Batman. Le tome précédent, centré sur Vandal Savage et sur Kid Flash nous avais laissé un plutôt mauvais souvenir, on va voir ce que les auteurs ont dans le ventre lorsqu’on leur dit d’écrire sur des outsiders. Cet album contient DC Universe presents #13-19, et l’intrigue avec Blue Devil et Black Lightning s’étend sur les quatre premiers numéros.

Black Ligntning et Blue Devil se rencontrent par hasard, alors que tous deux essaient de faire tomber un caïd, Tobias Whale (parce qu’il est gros, et whale ça veut dire baleine, et donc c’est drôle et parce que c’est une blague et voilà…). Mais ce dernier va se trouver un nouvel allié inattendu : un démon qui a des compte à régler avec Blue Devil.

Bienvenue à nanarland

Je pourrais arrêter la review ici : bienvenue à nanarland. Ce TPB a décidément toutes les caractéristiques d’un film très mauvais, mais malgré tout sympathique. Voici l’histoire :

Le grand-père de Daniel Cassidy est un producteur de nanards d’horreur à très petit budget. Dans ses films figuraient pleins d’accessoires (des épées, des calices, etc) qui, dans leurs univers, avaient des propriétés magiques. Sauf que ces objets étaient en fait VRAIMENT magiques ! Et du coup, très dangereux si placés entre de mauvaises mains. Mais la magie fonctionne selon la croyance des gens. Autrement dit : si les gens y croient, la magie existe. Le grand-père de Daniel faisait donc ces films pour ridiculiser et démystifier ces objets, afin de les rendre impuissants.

Bon, alors déjà, rien que là, on est sur du lourd. Le truc, c’est que tout ce que je viens de dire est résumé en deux pages dans le volume, lorsque Daniel ouvre la lettre de son grand-père dans laquelle tout est expliqué. Et on y croit pas, pour trois raisons : de un, l’explication est clairement balancée gratuitement au milieu de l’intrigue, juste pour faire avancer l’histoire. Et cela se traduit par le fait que immédiatement, les deux protagonistes principals y croient sans faire d’histoire. De deux : une telle révélation a des répercussions sur l’histoire que le scénario n’envisage pas. Plus loin, Tobias Whale utilise un calice pour réveiller un démon très méchant qui fait agrougrou. Pourtant le calice est censé ne pas marcher. Et s’il marche, cela signifie que d’autres accessoires peuvent aussi marcher, et ça l’histoire n’en tient pas compte. De trois : c’est complètement con. C’est vraiment un des trucs pour faire avancer l’intrigue les plus débiles qu’on aie vu dans un comics. Ou dans un film.

Les bavures continuent

Alors pour ce qui est du scénario, je crois que le message est clair : c’est mort, mort et re-mort. Mais l’album ne s’arrête pas là. Il souffre notamment d’un énorme problème d’écriture, surtout en ce qui concerne les dialogues, qui tombent trop souvent dans la punchline forcée, ce qui devient très vite ridicule. Je prends quelques exemples : « What do you call yourself ? Stupid Smurf ? – Nope, Brainy. », « How about a little game of Matador gets gored ?! », et d’autres. Le côté punchline forcée est beaucoup trop présent, et l’histoire perd en crédibilité, ce qui, vous l’aurez compris, lui faisait déjà défaut.

À cela s’ajoute un énième problème : la caractérisation. Blue Devil est beaucoup trop… [mot vulgaire de trois lettre, et commençant par C]. Alors peut-être oui, le personnage est comme ça, c’est un casse-cou. Alors dans ce cas, il est trop stéréotypé. Les seuls personnages correctement écrits sont Jefferson Pierce et son père. Les autres, comme Tobias Whale ou son copain démon, ou Blue Devil, sont trop coincés dans leur personnage pour être crédible. Pour ce qui est de la partie graphique, c’est tout à fait correct dans l’ensemble de l’album. C’est même plutôt bien dessiné par moment, et certains design, comme Tobias Whale, ont le mérite de présenter un minimum d’originalité. Par contre le démon est un peu convenu. D’une manière générale, les dessins sont bons, mais pas marquants.

Arsenal et Starfire sauvent les meubles

Cet album aurait eu la note minimale sans la présence des deux avant-derniers numéros, le premier centré sur Arsenal, qui va rendre service à un vieux copain, et Starfire.

Je vais commencer par celui sur Starfire, qui est à vrai dire décevant. Et la raison est simple : on débarque en plein milieu d’une autre intrigue. On comprend vaguement qu’elle est poursuivie et qu’elle se réfugie dans un village qui est sous la domination de ses poursuivants. Parce qu’on ne saisit pas ce qui se passe, on ne peut pas appréhender pleinement les enjeux et conséquence de tel ou tel éléments. On ne sait pas qui exactement sont ses poursuivants, qu’est-ce qu’elle fait là, c’est quoi ce village, etc. Ce qui rend l’immersion dans l’histoire très difficile, voire impossible.

Et il y a celui sur Arsenal. Celui-là, c’est vraiment, vraiment de la bonne pour une histoire d’un seul numéro seulement. En gros : Arsenal va à Hong Kong pour sortir Killer Croc des mains de la Triade, pour le remercier de l’avoir sorti de sa dépression auparavant. Sauf qu’il se fait capturer, et qu’en fait Killer Croc n’a rien à faire dans cette histoire. Ce numéro arrive très bien à raconter une histoire (certes une histoire d’évasion un peu classique) en très peu de pages, et sans donner l’impression de trop se dépêcher. Aussi, Arsenal est très bien caractérisé dans ce numéros. Il montre bien la psychologie du personnage, qui passe son temps à jouer au plus con, et qu’au fond de lui il se met à broyer du noir. Ainsi que son obsession pour les armes improbables, qui est très bien exprimée dans ce numéro.

Et le dernier numéro ? Une historienne frotte une boule magique qui fait apparaître Beowulf et un changeforme, et le premier se met à pourchasser le deuxième. Et en fait Beowulf il vient du futur, et la légende avec la mère de Grendel c’est en fait que la mère de Grendel elle fait des expériences génétiques et… Je vais arrêter là, je crois que vous avez compris.

On a rarement vu un pitch aussi nanardesque dans un comics. Enfin bon, si les auteurs veulent profiter de devoir parler de personnages dont tout le monde se fout pour s’éclater et faire n’importe quoi, qu’ils le fassent. Mais non, cet album n’est pas une bonne histoire. Vous serez tentés de le lire comme vous seriez tentés de regarder les Batman de Schumacher. Le seul intérêt de cet album est le numéro sur Arsenal, mais je vous conseille plutôt de l’acheter séparément.