Review VF – Paul Dini présente Batman Tome 3 : Les Rues de Gotham

Les points positifs: Les dessins de N’Guyen. Des histoires plus intimistes. On peut faire des histoires intéressantes avec un Batman en retrait. Les points négatifs: Un récit plus haché que dans les deux premiers tomes. Un milieu de livre plus faible.

« Voilà comment on fait des affaires à Gotham. On prend, on donne, on louvoie, on saigne. » – Le Courtier

• Scénario : Paul Dini, Dustin N’Guyen, Derek Fridolf – Dessin : Dustin N’Guyen – Couleur : John Kalisz

• Paul Dini Présente Batman Tome 3: Les rues de Gotham – 5 février 2016 – 344 pages – 28 € – DC Signatures

Voici donc le volume qui met un point final à la collection présentant le travail de Paul Dini sur Batman. D’ailleurs un vilain sticker (comme pour Batman Eternal) vous le signalera. C’est donc les numéros de Batman: Streets Of Gotham scénarisés par le bonhomme que nous retrouvons dans ce volume, à savoir Batman: Streets Of Gotham #1-4, 7, 10-14, 16-21.

Si j’ai été un peu désarçonné au départ de la série par le mode de narration très proche d’une série TV (un méchant qui dure un ou deux numéros maximum, avec un fil rouge en fond), je dois dire que cela avait fini par me séduire, notamment parce que cela change agréablement de la narration très stéréotypée qui a cours. Hé bien je dirais que pour ce tome du passé faisons table rase ! Car pour le coup la narration ressemble beaucoup plus à ce que l’on connait et même pire, elle souffre sacrement d’un manque de fluidité, surement dûe au fait que des numéros de la série d’autres artistes ne sont pas repris dans le volume. Créant donc de petits trous dans l’histoire qui, s’ils ne sont pas rédhibitoires, gênent un peu la fluidité habituelle du sieur Dini.

Sinon vous retrouverez donc un scénario scindé en trois parties distinctes : la première met en scène Damian Wayne qui traque Zsasz, qui grâce à une généreuse donation de Black Mask s’est offert une arène où il fait s’affronter à mort des enfants. Damian s’apercevra bien vite qu’il n’est pas le seul sur cette piste, puisque un malabar qui se fait appeler Abuse s’ouvre un chemin à coup de poing américain vers le même meurtrier. Il s’avérera que cette montagne de muscle est un garçon du nom de Colin entré en contact avec le venin de Bane, avec qui il fera équipe. Le tout pendant que Silence exploite sa ressemblance avec Bruce Wayne, perdu dans le temps suite à la sanction Oméga, pour prendre le contrôle de la holding familiale et ruiner son ancien ami.

C’est le gros morceau de ce volume et probablement le plus intéressant. On y découvre la genèse de l’équipe en action dans Li’l Gotham et un Damian Wayne, plus indépendant et plus humain, car entouré de jeunes de son âge. Celui ci en gagne en maturité et perd complètement son coté tête à claque. Le parcours de Colin est aussi très bien amené, d’un personnage qui pourrait être extrêmement caricatural, Dini nous fait un enfant dans un corps d’adulte, plein de douceur malgré son physique imposant. Il commence aussi à se dessiner une économie autour de tous les fous furieux qui compose la faune de Gotham. Black Mask inonde Gotham d’argent, Le Courtier aide les vilains à dépenser leur argent et Le Charpentier les aide à les aménager.

Le Charpentier, justement, est au centre de l’histoire suivante. La charmante Jenna Duffy semble avoir abandonné son occupation professionnelle consistant à donner vie à toutes les constructions imaginées par ses clients, les vilains, pour se lancer dans des arnaques plus simples et moins rémunératrices. C’est alors que Le Courtier lui fait une offre qu’elle ne peut refuser et la met en contact avec un méchant qui parait tout droit sorti de Batman ’66.

Et pourquoi parait il sortir de cette vénérable institution télévisée ? Parce qu’il est caricatural au possible et demande au Charpentier de construire des pièges dignes d’un vieux James Bond, avec des trappes et des animaux féroces… Je ne suis pas fan du personnage du Charpentier à la base et son employeur ne m’a pas convaincu, donc je doit dire que cette partie m’a nettement moins convaincu. De plus Batman (qui donne son nom au titre, quand même) ne fait qu’une petite apparition plutôt anecdotique….

Le titre se clôture alors sur la sortie de prison de Judson Pierce, qui a fréquenté les parents de Bruce Wayne et notamment sa mère Martha Kane, ce qui lui a valu de moisir énormément de temps en prison. Il décide donc de se venger du représentant actuel de la lignée Wayne et n’a comme seule obsession que de mettre une balle dans la tête de Bruce. Mais Bruce est toujours coincé dans les méandres du temps et c’est donc à Tommy Elliot qu’il s’en prend involontairement. C’est le moment que choisit le vrai Bruce Wayne pour faire son retour…

Cet épisode nous permet de réunir plusieurs personnages dont les familles ont des liens anciens et permet d’explorer ses liens. Comme le récit d’une rencontre entre la mère de Silence, Martha Kane, Thomas Wayne et Zatara qui ne se terminera pas à l’avantage de Thomas Wayne et nous fera comprendre que le personnage public de Bruce est fortement inspiré par la jeunesse de son père. Pour le coup, les relations entre les « vieilles familles » de Gotham gagnent en crédibilité et paraissent moins artificielles.

Sinon au dessin c’est Dustin N’Guyen… Quoi, ça ne vous suffit pas comme avis ? Celui ci déçoit rarement et cet ouvrage ne fait pas exception. Le seul réel défaut pourrait être l’utilisation abusives d’ombres pour éviter d’avoir à trop détailler certains visages en gros plan. Mais c’est un détails car les dessin sont très beaux, et le tout est sublimé par la colorisation de John Kalisz.

Bref, un ouvrage dont le seul gros défaut est le découpage des numéros, dû à la thématique du livre. Il ne doit y avoir que du Paul Dini, donc il manque forcement un ou deux morceaux. Ceci dit si c’est un peu gênant cela ne nuit pas tellement à la qualité du numéro et cela conclut formidablement trois tomes de grand plaisir où nous avons pu découvrir le travail  d’un grand scénariste sur le plus grand des héros existant ! Trois tomes à lire, assurément !