Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Si l’un de vous s’approche de ma famille, je le tuerai. » – Buddy Baker
- Scénario : Jeff Lemire – Dessins : Steve Pugh, Timothy Green II, Travel Foreman, Francis Portela et John Paul Leon –Encrage : Joseph Silver – Colorisation : Lovern Kindzierski
- Urban Comics – DC Renaissance – Animal Man Tome 3 – 03 octobre 2014 – 192 pages – 17,5€
Ceux qui suivent, au moins de loin, la publication des TPB VO seront surpris de voir débarquer ce tome, intitulé Espèce Dissidente, en tant que troisième de la collection, alors qu’il correspond au quatrième livre américain. Évidemment, cela s’explique par la décision éditoriale d’Urban Comics qui a publié les épisodes de cette série liés au crossover Rotworld (ou Nécromonde dans la langue de Molière) dans le dernier tome paru de Swamp Thing, que je vous conseille de vous procurer si vous comptez suivre les (més-)aventures de Buddy Baker dans des conditions optimales. Il y a toutefois, pour les plus réfractaires d’entre vous, ceux qui ne liraient qu’Animal Man sans se soucier de notre ami Alec Holland, un résumé assez complet proposé au début de l’ouvrage, mais par pitié, évitez de vous spoiler de si bons épisodes.
L’histoire fait suite aux événements de Rotworld, alors que Buddy Baker, revenu dans le passé, tente de sauver sa famille de chasseurs venus de la nécrose et de William Arcane, neveu de l’avatar du Rot et némésis de Swamp Thing, le tristement célèbre Anton Arcane. Tout ne se déroulera pas comme prévu, et Animal Man fera face à la perte d’un être cher, dont j’éviterai de vous révéler l’identité. Cela aura pour effet de faire éclater ce qui reste de sa famille, et de plonger notre héros dans le désespoir et la solitude. À côté de ces événements tragiques, Buddy devra faire face à une autre nouvelle, en théorie plus réjouissante, celle de sa nomination aux oscars pour le film Collants, qui raconte les déboires d’un ex-super héros, séparé de sa femme, qui retourne à la célébrité après un long passage à vide.
Le scénario de Jeff Lemire est impeccable, comme toujours. On regrette déjà le fait qu’il s’agisse de l’avant-dernier tome de la collection, puisque la série s’est arrêtée à son vingt-neuvième single, et le ton résolument mature d’Animal Man en fait une série extrêmement proche de ce qui est proposé chez le label Vertigo du même éditeur. Le personnage de Buddy Baker est admirablement géré par le scénariste qui lui confère énormément d’épaisseur, et l’homme nous semble presque réel, tant ses sentiments sont palpables, on ressent à chaque page sa culpabilité et sa détresse, ce qui en fait un être de papier absolument touchant. Toutes les pistes lancées dans le premier tome de la série se développent dans ce volume, qui traite à la fois de la vie personnelle de son héros, de sa carrière artistique et de son rôle d’avatar du Sang, et les divers rebondissements parviennent à tenir en haleine le lecteur sans pour autant sembler artificiels. L’auteur se permet aussi une petite critique des médias et des réseaux sociaux assez subtile et bien gérée, qui devrait faire réfléchir quelques fans de comics qui tweetent un peu n’importe comment , puisqu’il est bien connu que les fans sont des terroristes, comme le disait si bien Nathko.
Maxine n’est pas oubliée dans cet ouvrage, puisque son rôle de future reine du Red est à nouveau mentionné, et qu’elle prend de plus en plus d’importance au fil des pages de ce numéro, qui nous la montre une fois de plus pénétrer dans ce monde psychédélique, au look littéralement organique, avec son fidèle compagnon et guide Chaussette, ce chat si charismatique qui est probablement mon personnage favori de la série (non, non je ne trolle même pas, j’aime bien les chats, c’est tout). La quête initiatique de la jeune fille est admirablement mise en scène et la fin du tome nous annonce de grandes choses pour la suite, alors qu’un nouvel antagoniste de taille surgit de nulle part (enfin si, c’est un ennemi classique des Teen Titans, réimaginé pour l’occasion) pour contester la place de notre jeune amie, et le cliffhanger final, lié à ce personnage, vous rendra assurément impatients d’avoir le quatrième et ultime volume de la série entre les mains.
N’oublions pas que Jeff Lemire n’est pas le seul responsable de la qualité de la série, puisque les dessins sont eux aussi fantastiques, et tous les artistes qui ont participé aux épisodes collectés dans ce livre signent de très jolies prestations, qu’il s’agisse des couvertures de Jae Lee et d’Howard Porter, ou des intérieurs consacrés à Buddy Baker dessinés par le talentueux Steve Pugh ou ceux dédiés à Maxine sous les crayons de Francis Portela. Et n’oublions pas l’excellent travail de Travel Foreman sur le second annual de la série, qui met en scène un personnage arachnéen au design fantastique. Chacun de ces dessinateurs, tous encrés par Joseph Silver et colorisés par Lovern Kindzierski, participe à la réussite visuelle de la série Animal Man, qui restera dans les mémoires comme l’une des pièces maîtresses des New 52.
Une fois de plus, Animal Man parvient à nous convaincre et Jeff Lemire, ainsi qu’une pléïade d’artistes, Steve pugh en tête, nous replongent dans cet univers passionnant et perturbant à la fois qu’est celui du Sang. Le traitement des personnages est excellent et Buddy Baker attire sans problème la sympathie du lecteur, tant il a l’épaisseur psychologique d’un héros littéraire. Cette série est un chef-d’oeuvre absolu qui se doit de figurer sur les étagères de tous ceux qui aiment les super-héros, et même de ceux qui aiment la bande-dessinée en général, voire de ceux qui ne jurent que par Vertigo (parce que oui, ça existe encore). Animal Man est définitivement une leçon pour ceux qui prétendent encore que le New 52 a été néfaste pour la qualité des séries estampillées DC Comics, rien que ça.
Je continue à beaucoup aimer cette série, même si pour moi elle reste malheureusement orpheline du superbe style de Travel Foreman depuis le premier tome. C’est quand même sympa de le retrouver pour l’Annual #2 :)
une excellente dommage qu’elle se finisse au prochain tome
serie
« Animal Man est définitivement une leçon pour ceux qui prétendent encore que le New 52 a été néfaste pour la qualité des séries estampillées DC Comics, rien que ça. »
Mais alors pas du tout, bien au contraire.
Animal Man n’a pas profité du reboot. On peut même penser qu’Animal Man n’a presque pas subi le reboot vu que contrairement aux autres héros, il a conservé le mariage et la famille que lui a donné Grant Morrison fin des années 80.
Le dommage des New 52 est plus visible que jamais ici vu que si Animal Man répondait aux règles posées par DiDio pour tous les autres comics New 52, il ne se serait jamais marié.
Si ça prouve une chose, c’est combien le reboot n’était pas nécessaire vu que les meilleures histoires sont précisément celles qui conservent une grande partie de ce qui fait l’intérêt du personnage, y compris des éléments de son histoire et ses relations à des proches.
Ce que j’entendais, c’est que le reboot n’a pas massacré la série. Et que la réutilisation de la nouvelle version du personnage qui apparaît à la fin de ce volume est intelligente. Et je disais ça dans le sens où les gens ont tendance à dire qu’aucun run récent ne vaut le coup chez DC, ce qui est faux.
Dire qu’il y a encore de bons trucs, c’est très différent de dire que ça n’a pas eu des effets néfastes et de prendre Animal Man, LA série qui pour une raison X ou Y a eu le droit d’éviter lesdits effets néfastes et peut donc jouer avec les relations familiales. Car des effets néfastes, il en a eu, pour à peu près toutes les autres séries, qui n’ont pas eu la chance de pouvoir éviter aux règles idiotes imposées par Dan DiDio.
All hail the Anti-Didionitor !
Je dis que ça n’a pas eu QUE des effets néfastes, c’est différent.
Sauf que non, c’est pas ce que tu dis. C’est peut-être ce que tu penses mais ta review dit :
« Animal Man est définitivement une leçon pour ceux qui prétendent encore que le New 52 a été néfaste pour la qualité des séries estampillées DC Comics, rien que ça. »
Non, le fait qu’une série s’en sorte bien ne va pas « donner des leçons » à « ceux qui prétendent encore que le New 52 a été néfaste », en particulier quand la série en question se distingue d’autres spécifiquement parce qu’elle a moins été touchée par les New 52.
Je peine même à comprendre ta logique. En quoi la réussite d’UNE série (d’ailleurs peu affectée par le reboot) légitimerait un reboot entier de 75 ans de continuité?
Ouh là, je crois pas que la continuité avait réellement 75 ans, chez DC le rapport à la continuité est différent de chez Marvel, et au lieu de faire quelques petites retcons, on retouche l’univers par grosses crisis, n’oublie pas Zero Hour et compagnie. A mes yeux, Flashpoint a eu le même rôle, et the New 52 c’est juste ce genre de remodelage de l’univers, ni plus ni moins. Même si derrière, il y a une certaine malhonnêteté commercial en relaunchant les titres au numéro 1.