Review VF – Swamp Thing Tome 3

Les points positifs : Une ambiance très réussie. Un excellent univers DC apocalytique Le développement des personnages principaux. Les points négatifs : Une résolution un peu facile. Peu de conséquences (mais ce n’est pas trop grave).

« Je tuerai Anton Arcane ! » – Swamp Thing

• Scénario : Scott Snyder et Jeff Lemire – Dessins : Yanick Paquette, Steve Pugh, Joseph Silver, Timothy Green
  

• Urban Comics  – DC Renaissance – Swamp Thing Tome 3 – 03 octobre 2014 – 296 pages –  22,5€

La série Swamp Thing avait su faire grande impression lors du lancement des New 52, et l’ambiance particulière du titre, écrit par Scott Snyder, avait rapidement trouvé son public, tout comme sa série « sœur », Animal Man, signée Jeff Lemire. On a souvent parlé de ces deux comics comme étant les plus « Vertigo-like » de ceux qui appartiennent pourtant à la collection mainstream de chez DC Comics. Ce troisième volume contient des épisodes tirés des pages des deux séries évoquées plus haut, ce qui correspond au crossover Rotworld, traduit par le terme Nécromonde dans cette version Urban Comics.

Évitons d’emblée la polémique pour ceux qui critiquent, le choix de l’éditeur de publier les épisodes des deux séries dans ce volume de Swamp Thing n’est pas une mauvaise idée, et il est fort peu probable de trouver un lecteur d’un seul de ces titres, tant leur ambiance est proche, et tant ils sont liés depuis leurs débuts. Il s’agit donc d’une décision pertinente, qui nous propose de faire une lecture chronologique du crossover, ce qui est fortement appréciable.

L’histoire est simple : nous retrouvons Swamp Thing alors qu’il se situe dans le futur apocalyptique du Rotworld, un monde dominé par la nécrose, force affiliée au redoutable Anton Arcane, véritable némésis du Dr Alec Holland. Notre ami végétal supporte mal l’absence d’Abigail Arcane, nièce du grand méchant, que l’on dit morte, et décide de la venger en combattant de toutes ses forces la nécrose, avec l’aide des alliés qu’il rencontrera, à commencer par Boston Brand, plus connu sous le nom de Deadman et de Poison Ivy (dont le véritable nom n’est pas Ivy Pepper, je vous le rappelle). En parallèle, nous suivrons les aventures de Buddy Baker, alias Animal Man, qui lui aussi prend part à cette lutte, avec d’autres héros qui ont survécu à la propagation de la nécrose sur la planète terre. C’est donc une grande saga épique qui nous est proposée.

Soyons clairs, bien qu’il est évident que le crossover n’aura aucune répercussion sur l’univers DC, tant il touche à énormément de personnages importants pour les réduire en bouillie, nous avons à faire une histoire extrêmement réussie. N’en déplaise à ceux qui ne jurent que par les game-changers, rappelons-nous que si nous lisons des comics, c’est avant tout pour avoir droit à de bons récits. L’ambiance sombre et désespérée des deux séries s’installe rapidement, et les événements s’enchaînent sans que l’on ait envie de faire de pauses dans la lecture, ce qui est plutôt bon signe. Le récit est à la fois dense et bien structuré, et n’oublie pas de nous livrer de nouvelles informations sur ses personnages principaux, comme dans un épisode de Swamp Thing qui nous relate la première rencontre entre Alec Holland et Abigail Arcane, magnifiquement mise en scène par les dessins de Becky Cloonan. Bien sûr, les deux auteurs maîtrisent leur sujet et le récit alterne grands moments pleins de tension et passages plus calmes, qui constituent de petites pauses dans les aventures de nos héros, pour permettre aux lecteurs de souffler un peu, avant de se replonger de plus belle au milieu de ce monde de chair en décomposition.

La version apocalyptique de l’univers DC qui nous est présentée est absolument horrifique, et les différents héros transformés en sorte de zombies à cause de la nécrose sont terrifiants et chacun a son design particulier, qui fait toujours froid dans le dos. Je ne vous gâcherai pas le plaisir en vous disant qui sont ceux qui n’ont pas pu échapper à ce phénomène, mais dites-vous que même les plus forts ne s’en sont pas forcément tirés. De la même façon, les héros survivants ont parfois changé, et ont droit à de nouvelles particularités bien trouvées. On est donc en présence d’une sorte d’Elseworld extrêmement glauque, magnifique dans sa laideur. Le travail des différents dessinateurs qui œuvrent sur les deux séries collectées dans ce volume reste parfaitement cohérent, et tous les numéros partagent cette ambiance très pesante, même s’il est évident que Yannick Paquette sort du lot et fournit le travail le plus abouti. Les autres artistes s’inspirent de son découpage si efficace, pour un résultat quasi-homogène et très réussi. Le jeu sur les couleurs est lui aussi un grand succès, les coloristes jouent sur les teintes de vert et de rouge, installant un peu plus cette ambiance poisseuse et dérangeante qui caractérise le crossover Nécromonde.

Le troisième tome de Swamp Thing, qui rassemble les épisode de cette série, et ceux d’Animal Man concernant le crossover Rotworld, est une véritable réussite. Proposer une ambiance aussi horrifique dans des série mainstream est une véritable prouesse, portée à bout de bras par deux scénaristes au sommet de leur art, Scott Snyder et Jeff Lemire, qui nous livrent un récit percutant, servi par une galerie d’artistes talentueux. C’est une véritable claque que ce crossover, qui constitue l’une des plus grandes réussites des New 52, et qui parvient à redéfinir les univers des deux héros mis en scène. La barre est placée très haut, et on se demande (si l’on est lecteur VF uniquement) si Charles Soule, qui reprend les rênes de la série Swamp Thing  saura se montrer à la hauteur.