Review VF – Batman Saga #22

Les points positifs : Detective Comics #19 La confrontation Batman/Red Hood Les points négatifs : Seulement des back-up pour Batman

Nouveau numéro de Batman Saga, aujourd’hui, avec un programme assez light. Un gros épisode « 900 » pour Detective Comics, avec trois back-up, deux back-up pour Batman, sans la série mère, sans Scott Snyder et sans Greg Capullo. Plus les habituels Batgirl et Batman et Red Hood. Plus un dossier sur Man-Bat. Un petit numéro donc, en attendant l’arrivée de Year Zero le mois prochain.

Ce numéro est disponible depuis le 28 Février au prix habituel de 5,60 euros !

DETECTIVE COMICS #19

• Scénario : John Layman — Dessins : Jason Fabok

Épisode anniversaire pour Detective Comics, puisqu’il s’agit du neuf centième numéro publié ! On continue de découvrir les plans que le Pingouin Empereur, Ogilvy, a pour Gotham. Et cela commence par une véritable pluie de Man-Bats ! En effet, Ogilvy a habilement manœuvré un assassin bien connu de Batman pour lancer une véritable contamination depuis le bloc 900. Tous les habitants du bloc, puis bientôt tous ceux de Gotham se changent en  Man-Bats. Notre justicier va être assez rapidement dépassé, surtout qu’il aura du mal à trouver des alliés qui répondent dans sa famille (c’est gentil de la part de Layman d’essayer de donner un peu de crédit à la récente saga de Snyder dans Batman…). Heureusement, Batwoman arrive avec une solution miracle, et un sacrifice plus tard tout rentre dans l’ordre… le temps que nous, lecteurs, comprenions que tout cela n’était qu’une mise en bouche pour Ogilvy, qui semble avoir d’autres idées…

Petit mot sur les dessins de Fabok. Si ses personnages sont toujours aussi beaux (quoique de plus en plus proches de ceux d’un David Finch…), ses Man-Bats sont absolument horrifiques à souhait, une vraie réussite. Et toujours un grand et beau travail sur l’ambiance et les décors. Pour marquer le coup de l’épisode #900, nous avons le droit non pas à un mais à trois back-up. Dans le premier, John Layman nous en apprend plus sur le lien tellement fort qui existe entre le docteur Langström et sa femme Francine, prête à tout pour être avec lui. Dans le second, nous retrouvons cette ambiance polar (absente de l’épisode principal pour une approche plus fantastique) avec le Pingouin qui manoeuvre en sous-marin pour récupérer sa place. Enfin, le troisième back-up met en lumière les dissensions qui existent dans les rangs de la police vis-à-vis de Batman.

Bref, John Layman et Jason Fabok ont vraiment fait du bien à cette série. L’intrigue est intéressante, les idées de Layman et sa narration donnent de la fraicheur au titre, les dessins de Fabok collent parfaitement à l’ambiance de la série.

Énorme numéro anniversaire, ça fait plaisir ! On a le droit dans la foulée à une collection impressionnante de personnages, ce qu’on apprécie toujours. La galerie est partagée entre de nombreux membres de la Bat-Family (Batgirl, Nightwing, Batwoman) et un paquet de vilains : le Pingouin, le Pingouin Empereur, Bane, les Ergots de la Cour des Hiboux et surtout Man-Bat. En effet, si la majorité de ces personnages s’en tiennent au mieux à de gros caméos, Kirk Langström et son fameux sérum font office de fil rouge pour ce numéro et ses nombreux back-ups. L’ambiguïté du personnage en fait comme toujours son intérêt, anti-héros tragique partagé entre ses instincts bestiaux et ses idéaux héroïques. John Layman met très bien à profit l’épaisseur de Man-Bat et ouvre la porte à de nouvelles intrigues tout en plongeant Gotham dans le chaos, l’occasion de condenser un maximum d’action. Le résultat est admirable, et les planches de Jason Fabok ne sont pas en reste. On pourra tout de même reprocher une menace trop grande pour être prise au sérieux, et Layman essaie donner de l’intensité à la catastrophe possible qui plane sur Gotham, mais on y croit pas, sentant dès le début que ces malheurs sont passagers.

Quant aux back-ups, certains souffrent de dessins en-dessous de ceux du numéro principal, mais au niveau de l’histoire ça se hisse à la hauteur grâce à la variation des points de vue et des intervenants. On retiendra surtout le back-up où, dans une ambiance très Gotham Central, on assiste au réveil à l’hôpital d’un flic du GCPD entouré de ses collègues, trahissant à travers des dialogues bien foutus la traditionnelle mais efficace divergence d’opinions au sujet du Batman. Certainement la locomotive de ce Batman Saga !

BATMAN Back-Up #19 et 20

• Scénario : James Tynion IV  – Dessins : Alex Maleev

Pas d’épisode de la série Batman à proprement parler. Mais deux back-up centrés sur Batman et Superman. En effet, Clark Kent vient à son tour apporter son soutien à Batman, suite au décès de Damian. Mais le justicier de Gotham ne voulant pas parler, se contentera de demander à son ami de l’aider sur une sombre enquête où se mêlent monstres et magie. Plus que l’enquête, c’est surtout la relation entre Bruce et Clark que James Tynion IV arrive si bien à mettre en lumière dans cette ambiance si noire, si oppressante. Avec en plus une petite pointe d’humour.

Bref, c’est très dispensable, cela ne fait pas avancer le schmilblick mais c’est l’occasion de voir Maleev sur du Batman et ça, c’est toujours un bon point ! Et surtout c’est également une belle façon de nous montrer que ces deux là tiennent beaucoup l’un à l’autre. Cependant, je reste assez déçu d’acheter un Batman Saga et de me retrouver avec juste du back-up de la série-mère…

La direction horrifique “à l’ancienne” de ces deux back-ups n’a rien de révolutionnaire, mais apporte une fraîcheur bienvenue par rapport à la direction générale du titre. L’histoire est simple et n’a pas le temps de s’étendre ou de s’étoffer, mais profite d’une ambiance inquiétante très réussie, particulièrement sensible dans le premier numéro où la chose qui se cache dans l’appartement n’est pas encore révélée. La deuxième partie est moins percutante, mais garde en intérêt grâce aux dessins d’Alex Maleev, mis en valeur par les couleurs glaciales de Nathan Fairbairn. Visuellement, c’est incontestablement une grande réussite. À tout ça s’ajoute les bons côtés du team-up Batman Superman qui fonctionne toujours aussi bien ici, évoquant sans trop en faire le départ de Damian et la solitude de Bruce Wayne. Court mais chouette !

BATMAN et RED HOOD #20

• Scénario : Peter J. Tomasi — Dessins : Patrick Gleason et Cliff Richards

 Ce numéro est séparé en trois parties distinctes. Une première avec une visite de Carrie Kelley, hélas cette dernière est trop agaçante face à la gravité du deuil de Bruce Wayne pour révéler un quelconque charisme. La légende qui entoure le personnage aurait dû lui valoir un traitement plus audacieux. La deuxième partie, un combat opposant Batman et Red Hood côte-à-côte face à des mercenaires, se charge d’apporter son lot d’action mais sans scène mémorable. Aussi c’est véritablement la troisième partie, même si amenée maladroitement, qui se charge de donner de l’intérêt à cette issue grâce à une confrontation entre Jason Todd et Batman. Comme à son habitude, c’est dans les liens qui unissent ses personnages que Tomasi se révèle le plus magistral, et il nous en fait une fois encore la démonstration avec deux pages de dialogues très intenses qui se terminent sur une final lourd, mais époustouflant. Dommage que les deux tiers du numéro n’aient rien de plus à offrir. Enfin, les dessins laissent un souvenir plutôt inégal, entre des visages d’Alfred gâchés et des mises en scène impressionnantes. Difficile de trancher.

Après un épisode avec, soi-disant, Red Robin au casting, et où Batman était méconnaissable en fou, voulant ramener son fils à la vie, après avoir disséqué Frankenstein. L’épisode ne devant au final son intérêt que par la présence de Carrie Kelley, j’espérais que l’épisode de ce mois-ci serait un peu plus intéressant, et que la co-vedette de l’épisode apporte quelque chose.

Et ce mois-ci, Batman est avec Red Hood. Et non seulement ce dernier ne lui en tient pas rigueur pour les évènements pour le Joker, mais pire, il se sent redevable… Batman a besoin de lui pour une mission en Ethiopie, beau mensonge afin de ramener Jason Todd là où il est décédé par le passé. Batman veut que Jason se rappelle comment il est revenu à la vie, pour ramener Damian. Et alors que Jason souffre d’être ici, Batman craque et rentre dans une colère noire et rien ne va plus entre les deux hommes…

Bref, un épisode plutôt intéressant dans son approche sur la colère de Batman. On ressent bien toute la culpabilité qu’il a sur ses épaules. Il s’en veut mais ne le dira pas, non il préfère se faire frapper, frapper à mort. Une bien belle opposition entre Bruce et son ancien Robin, une belle intensité dramatique, beaucoup d’émotions.

BATGIRL  #20

• Scénario : Gail Simone — Dessins : Daniel Sampere et Carlos Rodriguez

Nous avions laissé Batgirl prenant la fuite devant un James Gordon persuadé que l’héroïne venait de tuer son fils. Scène finale choc, qui nous laisser sur l’envie prenante de découvrir la suite. Et bien ce ne sera pas pour ce mois-ci. Non, dans l’épisode du jour, Barbara décide d’arracher le symbole de son costume et d’expliquer à sa psy comment elle a essayé de s’évader afin d’oublier cette affreuse nuit. Malheureusement pour elle, elle tombe alors sur la nouvelle Ventriloque. Une sadique anorexique, en nuisette aimant apparemment être recouverte de sang. Sa « poupée » en tenant une sacrée couche également. Mais plus que de donner une voix à sa poupée, elle semble pouvoir aussi le faire à d’autres personnes ! Et du coup, Batgirl va de nouveau être prise pour une criminelle, à tort. Tout ça chez la criminelle Knightfall. Ce n’est qu’à la fin que l’on verra le commissaire Gordon annoncer qu’il part en guerre contre Batgirl ! Je me réjouis de cette opposition.

Bref, si j’attends avec impatience le face-à-face de Gordon avec sa fille, l’épisode du jour n’est pas le meilleur de la série. Cette nouvelle Ventriloque sonne un peu creux. Se mettre dans une telle rage parce qu’elle est recalée à la Nouvelle Star c’est juste bidon. Bon, elle semble avoir un sacré grain.

Les événements du numéro précédent ont fortement affecté Batgirl, et elle commence à en subir les conséquences. D’un point de vue psychologique d’une part, rongée par le remord, et concret d’une autre, puisque Gordon annonce un revirement contre sa propre fille (si c’est du spoil, c’est Biggy qui a commencé !). Ces retombées permettent à Gail Simone de mettre en scène une Barbara Gordon vulnérable, assaillie par les autorités, tourmentée par sa conscience et en confrontation directe avec cette affreuse Ventriloque. Le côté seul contre tous, pas franchement original, conserve son efficacité frustrante.

À propos de cette dernière on connaît l’attachement de Simone pour cette nouvelle version du vilain à marionnettes, et au fil de de ses apparitions elle prend de l’ampleur, sans se départir malheureusement d’une caractérisation de “malade mentale” parfois un peu simpliste. N’empêche que son allure squelettique, avec ses cheveux couvrant régulièrement son visage, elle dégage un sentiment d’angoisse quasi-surnaturelle très réussi qui la rend intrigante.

Rien de renversant par ici, mais vus les déceptions qu’a parfois donné le travail de Gail Simone sur Batgirl, on peut conclure à un numéro respectable, généreux en émotions comme en action, bien rythmé et aiguisant un appétit pour la suite.