[Review TV] Superman contre Brainiac

Les points positifs: Les très bons doubleurs C’est beau et ça bouge pas trop mal Quelques bons moments d’action Les points négatifs: Manque de « punch » Pas de moments marquants Pas assez d’enjeux

« You should not exist outside my control. » – Brainiac

• Superman : Unbound –  05 Juin 2013
• Steelbook DVD + Blu-Ray – 75 minutes – 13,99€

L’animation chez DC est un secteur sacré, béni d’une quasi perfection jusqu’à la sortie de Superman contre l’Élite qui est sans aucun doute le moins bon des films DC sorti à ce jour. Superman contre Brainiac est le premier film à sortir depuis la fameuse annonce de la prise de congés de Bruce Timm du département animation de DC, laissant la place à un nouveau réalisateur en la personne de James Tucker.

Superman contre Brainiac est l’adaptation de l’excellent arc Superman : Brainiac écrit en 2008 par Geoff Johns et dessiné par un Gary Frank en très grande forme. Le matériel de base est non seulement d’une grande qualité mais a des conséquences drastiques sur la continuité du personnage de Superman. Cette adaptation doit donc offrir un divertissement du même niveau que l’original pour ne pas décevoir mais doit également faire des choix narratifs afin de ne pas s’embourber et laisser les néophytes sur le carreau. C’est là la lourde tâche d’une adaptation, trouver l’équilibre entre la source et les nécessités du format film d’animation. Autant prévenir tout de suite, c’est une adaptation dans le sens pur du terme et surtout pas une conversion. Superman contre Brainiac choisit les éléments qu’il veut garder de l’original et se débarrasse sans pitié du reste. Si dans les grandes lignes il s’agit de la même chose, les détails eux, s’émancipent. De toute façon, James Tucker avait prévenu que les prochains films d’animation DC s’éloigneraient plus de leurs homologues papier que les précédents afin de les laisser exister par eux-mêmes. Ne cherchez donc pas à voir la version papier s’animer sous vos yeux, ce n’est pas le cas !

Bien qu’elle soit simplifiée et malgré des raccourcis un peu regrettables l’histoire reste fluide dans son déroulement même si certaines scènes semblent coupées prématurément à plusieurs reprises. Les personnages principaux sont introduits dès le début du film, définissant qui est qui et quels sont leurs états d’esprit à cet instant, ce qui permet de comprendre leurs cheminements durant l’histoire. Chacun restera à sa place et aucun n’agira vraiment en dehors. Le travail de caractérisation est donc réussi. Clark/Superman et Loïs ont des problèmes de couple à résoudre alors que Kara est une adolescente qui veut bien faire les choses mais qui, forcément, ne se contrôle pas et fait le yoyo sur le plan émotionnel. Brainiac est d’un charisme fou sur tous les plans, ce qui est assez rare pour être noté. D’ailleurs je ne peux m’empêcher de penser qu’il pourrait être un très bon méchant pour Man of Steel 2. Le vilain va mettre Superman à genoux et le pousser dans ses derniers retranchements. Aussi puissants l’un que l’autre, Brainiac est une menace autant sur le plan physique qu’intellectuel. Un vrai méchant en fait !

D’ailleurs son doubleur, qui n’est autre que John Noble (Walter Bishop), n’est pas innocent au charisme du personnage. Son interprétation sans faille entre la robotique sans âme et les touches plus chaudes venant marquer les défauts de l’organique sonne très juste. L’ensemble du cast n’est pas en reste avec un Matt Boomer qui prend très bien la suite de Timothy Daly en tant que Superman, après un petit temps d’ajustement. D’une manière générale le casting quatre étoiles fait un travail remarquable auquel je n’ai vraiment pas grand-chose à dire. Tant que l’on est dans le domaine des oreilles, la bande son du film est, je trouve, peut-être la plus ambitieuse depuis longtemps, lui donnant un peu plus une saveur hollywoodienne. Le seul élément sur lequel j’ai tiqué c’est cette sensation d’avoir des voix imprimées sur les personnages. Elles sont assez mal intégrées, comme si elles avaient été rajoutées par-dessus l’ensemble, à la va vite. Cela reste toutefois une sensation personnelle (peut à cause de mon matériel) et vous ne le noterez probablement pas lors de votre visionnage.

Superman contre Brainiac est visuellement très réussi. Les designs des personnages sont très réussis. J’aime cette représentation de Superman même si je trouve sa tête un petit peu trop allongée, Loïs est sa coupe au carré est parfaite, tout comme Kara. Brainiac m’a paru un peu en deçà, sans doute pas assez effrayant, et certains robots de son armée plutôt ratés. L’intégration de quelques éléments en images de synthèses est vraiment maladroite par moment alors qu’elle est presque invisible à d’autres. Mais est-ce que Superman contre Brainiac est proche de la perfection ? Pas du tout. Jusque-là la review est plutôt bonne c’est vrai, même si concrètement je suis nuancé du début à la fin. Là où le bât blesse le plus c’est au niveau des sensations ressenties durant le film. L’animation connait des hauts et bas où des fulgurances de fluidité côtoient des scènes bien plus hachées. L’impression de puissance est palpable au début mais se dérobe peu à peu. Les affrontements ne semblent pas plus percutants que cela et peinent à rendre justice aux pouvoirs en présences malgré la débauche démonstrative de ceux-ci. De plus je trouve que ce Superman est bien trop poseur et sans doute trop chorégraphié par moments. Toutefois, derrière ce manque de mordant, Superman contre Brainiac n’en demeure pas moins le film DC le plus violent et le plus meurtrier que j’ai vu (et je les ai tous vu). Je ne parle pas, justement, de brutalité, mais de ce que font subir les larbins de Brainiac aux êtres vivants qu’ils croisent tout au long du film et dont on ne cache pas la fatalité de l’issue. Le collectionneur de monde est sans pitié et ce trait est très bien représenté à l’écran.

Superman contre Brainiac avait tout pour réussir. Tous les éléments étaient là, n’attendant qu’une seule chose, la bonne recette. Malheureusement le tout n’a pas pris et les différents composants ont un peu de mal à se marier les uns aux autres, ne réussissant pas à créer un tout homogène dont on pourrait se régaler. Au lieu de cela, Superman contre Brainiac laisse complètement sur sa fin avec cette désagréable impression de fainéantise et de potentiel gâché. En l’état le film est un peu meilleur que Superman contre l’Élite mais reste très, très loin des autres. Le premier fil sous la houlette de James Tucker présente de nombreux défauts certes, mais il reste divertissant. Il faut maintenant espérer qu’il ne s’agira pas là du meilleur travail du bonhomme.