[Review VO] Injustice : Gods Among Us #10

Les points positifs: Plein de argne Aquaman Une relation Superman/Batman exemplaire Les points négatifs: Ça tourne mal Le pouvoir appelle le pouvoir Les visages de Mike S. Miller

« Right and wrong blur » – Batman

• Scénario : Tom Taylor – Dessin : Mike S. Miller

• DC Digital – 20 Mars 2013 – 22 pages – 0,99$

Chaque semaine maintenant depuis plus de trois mois, je me répète en faisant les louages d’un comics que personne n’attendait et qui a véritablement créé la surprise aussi bien au niveau des critiques que des ventes. Si tous les chapitres ne sont pas de niveau équivalent, il y a des points qui ne peuvent être ignorés. Les personnages sont entiers, vraisemblables, fidèles et pourtant différents aux versions que l’on connait d’eux. Souvent, les chapitres partagent action et émotions, qu’elles soient douces, violentes ou amères, elles sont toujours justes, justifiables dans une certaine mesure et puissantes.

Ce chapitre #10 marque pour moi non pas une nouvelle étape de cet univers (encore que), mais un changement de regard radical sur ma vision de celui-ci. Si la rage et la colère transformées à partir d’une mort dont le deuil n’a pas été fait, surtout venant de l’un des êtres les plus puissants, sont la source d’une division bien plus grande que ce que des désaccords multiples moins importants ne le peuvent, alors ce n’est pas la bonne direction. D’ailleurs la discussion entre Bruce et Clark est totalement révélatrice de ce fait. C’est cette conversation qui a commencé à me faire changer d’avis sur les sentiments que j’éprouve pour certain de ses personnages. Tom Taylor use une nouvelle fois de l’échange entre les deux personnages, par des mots simples, pour faire s’opposer deux visions, deux amis. L’un s’est réfugié dans la colère et la vengeance déguisée tandis que l’autre essaye éperdument de le raisonner. On sait tous que Batman à toujours deux trois mouvements d’avance sur les autres et qu’il a déjà pensé aux contre mesures nécessaires à la neutralisation de Superman. Après tout, n’est-ce pas l’un des rôles des amis, nous remettre sur la bonne voie quitte à nous violenter « un peu » au passage ?

Si l’on y regarde de plus près, la construction visuelle vient appuyer sur le fait que Superman n’est pas le seul à s’égarer. Il n’est pas pour autant un méchant (en tout cas pour l’instant) et les paroles de Batman trouvent également écho auprès des actions de Wonder Woman. C’est d’elle que vient la confirmation de mon changement de point de vue. Si l’action d’Aquaman est certes répréhensible selon la nouvelle doctrine instaurée par Superman, elle n’en reste pas moins une réponse à une agression. De plus, si Superman règne sur la surface, peut-il clamer la même chose sur l’univers marin ? Si on peut relativiser en se disant qu’il agit sur le coup de la colère, je trouve qu’ils se mettent tous un peu en colère trop facilement. Oui la situation est tendue pour tout le monde, le contexte a changé très vite et il est difficile pour certains de s’y faire, mais est-ce une raison pour que tous s’excitent aussi vite ?

À la lecture de ce numéro j’en viens à faire la comparaison avec des racailles. Ces personnes qui sont prêtes à tuer l’autre juste à cause d’un regard un peu trop insistant, ou d’un geste anodin mais qui ne plait pas. J’avoue que maintenant, j’espère qu’ils vont joyeusement s’entretuer et que le peu de survivants qu’il y aura, n’aura plus que ses yeux pour pleurer en constatant toute la misère apportée au monde. Cette amertume est renforcée par le fait que la mort de Loïs, plutôt que de ressembler, brise des amitiés qui semblaient solides. Le pire dans tout cela, encore une fois, c’est qu’au-delà de la composante super-héros, c’est une histoire plutôt viable pour les humains. Mais les super-héros ne sont-ils pas là pour nous inspirer et faire mieux afin de nous montrer la voie ?

Mes attentes ont changé quant au dénouement de toute cette histoire. Je n’espère qu’une chose, que le jeu jouera sur le même tableau, que derrière ses combats il se cache un peu plus qu’un simple échange de coups de poings et que les personnages seront amenés à évoluer durant le scénario. Ce dixième chapitre est une réussite et me fait virer à la déprime car il donne la sale impression que la nouvelle lubie de Superman est un cul de sac au fond duquel se cache un chat, et lorsqu’un chat est acculé, il mord.