Interview avec Tim Sheridan (Flashpoint Paradox, Alan Scott : the Green Lantern et Le Long Halloween)

Tim Sheridan

À l’occasion de la sortie aux Etats-Unis de la mini-série Alan Scott: the Green Lantern, j’ai eu la chance de pouvoir interviewer pour DC Planet son scénariste Tim Sheridan. Tim Sheridan a aussi co-écrit Flashpoint Paradox (disponible chez Urban Comics) ainsi que de nombreux films animés, dont l’adaptation en deux parties de « Un Long Halloween« .

Tim Sheridan, l’interview par DC Planet

DC Planet : Bonjour Tim, pouvez-vous commencer par vous présenter auprès du public français qui ne vous connaît sans doute pas très bien ?

Tim Sheridan : Bonjour ! Je suis Tim Sheridan, scénariste de télévision, de films et de comics. J’ai adapté Un Long Halloween en film animé. J’ai travaillé sur la série « Masters of the Universe: Revelation » pour Netflix avec Kevin Smith ainsi que la seconde saison nommée « Révolution » (qui sortira le 25 janvier 2024). Dans les comics, j’ai créé la Teen Titans Academy (ndlr : inédit en VF) et co-écrit Flashpoint Paradox avec Jeremy Addams et Geoff Johns. Et maintenant, j’ai ma nouvelle série qui se nomme Alan Scott: The Green Lantern qui est une mini série en six numéros et le premier titre solo de Alan Scott depuis presque 75 ans !

DC Planet : Comme vous l’avez dit, vous avez commencé votre carrière en tant que scénariste dans l’animation, en particulier des films animés DC Comics comme Un Long Halloween qui est l’un de mes comics favoris.

Tim Sheridan : Tim Sale a vu le film avant de mourir. Je ne l’ai jamais rencontré mais il a dit des choses très sympas sur le film. Et pour la première fois au New York Comic Con cette année, j’ai rencontré Jeph Loeb ! Et laissez-moi vous dire, si je rencontrais quelqu’un qui avait adapté mon travail le plus connu, je n’aurais pas été aussi gentil que Jeph Loeb lorsqu’il m’a rencontré.

DC Planet : Parmi les autres films animés que vous avez écrits, il y a Superman : L’Homme de demain. Ma question est : quelles sont les différences principales entre écrire un scénario original comme dans le cas de Superman : L’Homme de demain et une adaptation comme Un Long Halloween ?

Tim Sheridan : C’est une très bonne question, j’étais justement sur un panel il y a quelques semaines sur ce sujet durant un évènement à Los Angeles organisé par Patton Oswalt et Jordan Blum. Nous avons parlé des nombreux types d’adaptations qui existent. Pour Un Long Halloween, j’adaptais une histoire existante, ainsi que les thèmes et les idées qui l’entouraient… Ce qui est un challenge très différent que l’écriture d’un comics ! Il y a de nombreux défis qui s’imposent à nous. J’ai aussi adapté Le Règne des Supermen qui était le premier film que j’ai fait pour DC Comics. Hélas, pour celui-ci nous avons dû faire de nombreux changements par rapport à l’histoire originale pour qu’elle s’insère dans l’univers des films animés DC de l’époque.

Alors pour Le Long Halloween, ce que je voulais était de rester le plus proche possible de l’histoire et peut-être même de renforcer certaines idées que je pensais être plus discrètes dans le livre, des thèmes qui ont plus de sens d’un point de vue cinématographique. C’est intéressant de prendre une histoire existante et de trouver une façon de faire un film qui donne la même impression que la première fois qu’on lisait le livre. Nous n’essayions pas de faire une adaptation à la case près. C’est impossible, ce sont des mediums totalement différents et cela ne marcherait pas.

Dans les comics, il y a des choses qui ne fonctionnent pas au cinéma, comme la voix d’un narrateur omniscient. On aurait pu s’en sortir avec Un Long Halloween si on était vraiment parti dans la direction d’un film noir, car c’est un genre où on est habitué à entendre la voix d’un personnage principal nous racontant l’histoire. J’ai essayé au début mais ça ne me semblait pas correct, ça ne racontait pas l’histoire comme il le fallait. On était trop dans la tête de Batman et la façon dont je vois cette histoire, c’est que c’est un Batman dans son « Année Deux » et il essaie encore de comprendre qui il doit être et ce qu’il doit faire. Être avec lui dans sa tête en permanence retire le mystère de qui il est, surtout qu’il apprend à être Batman. C’est l’un des changements qui existe quand on adapte. Quelque chose comme Superman : L’Homme de Demain en revanche n’est pas une adaptation d’une histoire spécifique, même si elle emprunte beaucoup de choses.

DC Planet : Oui, je pense que vous aviez parlé de American Alien et Superman: Birthright. (nldr : disponible chez Urban Comics sous le nom de Superman : Les Origines)

Tim Sheridan : « Birthright » certainement pour moi. American Alien était une histoire très importante pour le producteur Butch Lukic. Il pensait que c’était un bon point d’entrée pour nous. Alors j’ai extrait certaines choses qui avaient du sens notamment le fait que c’est dans un monde proche de notre histoire. Mais je pense que lorsqu’on prend une mythologie et un canon existant qui vient d’œuvres incroyables écrit par des conteurs avant nous, il s’agit d’un travail d’adaptation.

Je ne peux pas dire que Superman : L’Homme de Demain soit une histoire originale. Je ne veux pas le dire parce que ce n’est pas venu dans ma tête comme ça. Cela m’a été inspiré et a été développé par tout le canon de la mythologie de Superman. Il y a Superman: Birthright, American Alien, les films de Richard Donner et tous les éléments de Superman que j’ai pu voir. On retrouve aussi la série animée Superman : l’Ange de Metropolis sur laquelle Butch Lukic a travaillé et avec laquelle j’ai grandi. Toutes ces choses nourrissent le scénario dans un sens où ça ne peut pas être une histoire 100% originale. C’est toujours une adaptation pour moi, mais pas d’une histoire spécifique. C’est l’adaptation d’une mythologie entière.

DC Planet : Vous avez en effet plus de 75 ans du personnage à faire rentrer dans une origin-story.

Tim Sheridan : Oui et il faut y faire honneur. Vous ne pouvez pas refaire la même chose et tout changer. Les gens savent qui Superman est. Mais ce qu’ils ne savent pas nécessairement – et ce qui était excitant pour moi – c’est qu’on n’a pas énormément d’histoires sur les premières années de Clark à Metropolis ! Qu’est-ce qui lui arrive quand il vient dans une grande ville et débute sa vie ? On l’a déjà vu être raconté bien sûr, mais ce n’est pas un moment de sa vie qui est répété constamment. J’avais l’impression que c’était le moment d’explorer qui il était et qui il deviendrait, qui est « L’Homme de Demain » du titre.

DC Planet : Qu’est-ce qui vous a fait passer du monde de l’animation aux comics et pour vous, quels sont les points communs et les différences entre eux ?

Tim Sheridan : J’ai grandi en tant que fan de DC Comics, principalement Batman quand j’étais enfant. Et j’ai commencé Superman quand l’histoire Le Règne des Supermen a eu lieu. C’était la toute première histoire de Superman que je lisais, mais j’avais vu les films et d’autres adaptations. Devenu adulte, j’ai fini par travailler avec Warner Brothers Animation sur la série animée Justice League Action. Cela a mené à l’adaptation du Règne des Supermen et au reste de mes travaux. J’ai vécu avec DC Comics toute ma vie en tant que fan et j’ai fini par travaillé avec eux !

En fait, ce qui m’a amené dans le monde de l’animation et plus spécialement DC était un désir qui est né quand je suis allé au San Diego Comic Con l’année où Flashpoint Paradox a eu son avant-première. J’étais assis au fond de la Ballroom 20, là où les films animés ont leur avant-première et je l’ai regardé sur grand écran. Quand j’en suis sorti, j’étais à un moment de ma vie où je ne savais pas trop quoi faire de mon avenir, même si j’étais pour la société trop vieux pour ne pas savoir quoi faire. Mais quand je suis sorti de la salle, je me suis tourné vers l’ami avec qui j’étais et je lui ai dit « C’est ça que je veux faire » et quelques années plus tard, j’adaptais Le Règne des Supermen avec l’équipe ayant fait Flashpoint Paradox !

Plus tard, Dan DiDio, qui était l’éditeur en chef de DC Comics à l’époque, s’apprêtait à lancer l’initiative « 5G ». Il avait décidé que la meilleure approche n’était pas de changer les équipes créatives en place à l’époque mais d’apporter un nouveau lot de scénaristes pour travailler sur la 5G. Et je croyais dans sa grande sagesse ! Pas parce que cela me bénéficiait personnellement – un peu quand même – mais aussi car je pensais que c’était une bonne idée. Dan Didio disait qu’il voulait embaucher des scénaristes de la télévision, et particulièrement des scénaristes connaissant les personnages DC Comics, car les scénaristes de séries TV savent s’asseoir dans une salle ensemble – une salle d’écriture- et travailler de concert sur de larges histoires, puis se séparer pour aller écrire leurs propres histoires qui se nourrissaient entre elles, chacune étant au service du fil rouge global. Nous étions de nombreux scénaristes à travailler chez Warner Brothers Animation au contact des personnages DC Comics et à maîtriser un format de série télé ! DiDio avait une vision de comment cela pouvait marcher. Je pense que c’était une bonne idée. J’aspire toujours un peu à ce que qu’il y ait cette approche dans les comics, avec des mythologies qu’on approche dans une chronologie temporelle. D’une manière assez rigolote, on a fini par faire quelque chose d’assez proche avec Flashpoint Beyond où Jeremy Addams, Geoff Johns et moi nous nous sommes mis ensemble dans une salle d’écriture pour créer ce livre. C’était vraiment proche de l’idée de Dan DiDio, même s’il avait quitté DC Comics à ce moment-là.

Bref, j’étais venu pour cette réunion sur la 5G avec un ensemble de scénaristes chez DC Comics où Dan DiDio nous a présenté cette idée folle. C’était audacieux et très complet, avec de nombreux morceaux, la plupart que nous devrions résoudre et une partie qu’il avait déjà résolu. A partir de là, on m’a assigné certains livres à écrire. L’un d’eux aurait été une série Nightwing/Oracle où on aurait suivi Barbara et Dick ayant la quarantaine parce que tout le monde allait vieillir de façon approprié.

DC Planet : Oui, nous en avons entendu un peu parler à l’époque, notamment avec Wonder Woman qui aurait été la toute première héroïne à arriver dans le monde après la première guerre mondiale.

Tim Sheridan : Il y aurait eu 5 générations de héros et tous et toutes auraient été vieillis de façon correspondante. Batman aurait été dans ses soixante ans afin que toutes les relations aient sens. Mon idée pour le livre Nightwing/Oracle était vraiment de leur faire vivre leur quarantaine, surtout que je m’approchais de cet âge là moi aussi et j’ai fini par avoir une idée d’histoire qui me plaisait. J’aurais aussi dû écrire une histoire sur Flash avec un tout nouveau personnage. J’avais une histoire toute prête.

Et puis Dan DiDio s’est fait viré, DC Comics n’a pas poussé plus loin l’idée de la 5G et je me suis dit « C’était ma chance ! Je suppose que je ne vais pas écrire pour DC Comics ! ». Mais j’avais rencontré une partie des éditeurs avec qui j’étais supposé travailler. Ils ont fini par avoir des besoins et voulaient de nouveaux scénaristes et c’est comme ça que j’ai fini sur Teen Titans Academy et Shazam. Shazam était supposé être une ongoing mais les plans ont changé et c’est devenu une mini-série en quatre numéros qui était un spin-off de Teen Titans Academy – ce que j’ai beaucoup aimé car c’était une des idées derrières ce titre -. C’était un titre qui devait servir de base et être étendu avec des mini-séries sur différents personnages issus de la série. Shazam était l’expérimentation, mais arriver à ce point, c’était trop tard. Si nous l’avions fait correctement dès le début du titre, on aurait pu faire mieux marcher cette idée. Je ne pense pas que beaucoup de personnes aient lu ma série Shazam. Plus de personnes lisaient Teen Titans Academy que Shazam et je trouvais ça étrange. Moi plus jeune, j’aurais largement pris un titre Shazam avant un titre Teen Titans ! C’est sans doute uniquement mon goût personnel. J’ai le sentiment que nous étions privés de contenu sur le grand Captain Marvel/Shazam quand j’étais jeune. Mais même si au final ça n’a pas marché, c’était une expérimentation intéressante.

A l’origine, Teen Titans Academy était supposé devenir une grande histoire épique qui aurait impacté l’ensemble de l’univers DC Comics. C’est hélas arrivé au moment où de nombreuses réductions et changements de postes avaient lieu chez DC Comics, avec la vente de Warner Bros. de AT&T à Discovery. Teen Titans Academy a eu de nombreux éditeurs parce que beaucoup de gens se faisaient virer chaque mois. A la fin, j’étais le seul avec une mémoire institutionnelle de ce que ce livre aurait dû être et c’était bizarre. Il n’y avait aussi plus personne pour le défendre. Puis ils ont dû réduire le nombre de comics et je me suis dit « Je suppose que c’est la fin de Teen Titans Academy. ». Mais cela m’allait parce que j’étais supposé faire 12 numéros uniquement et ils m’ont demandé de rester pour en faire 15, ce qui m’a permis de tout conclure correctement. J’ai beaucoup appris de cette expérience, c’était mon premier comics après tout.

Vous m’avez demandé les points communs et les différences. Pour moi, il n’y a pas vraiment de point commun. La télévision fait sens pour moi. Je suis un scénariste et au fond de moi, j’ai toujours l’impression de ne pas savoir écrire un comics. J’ai le sentiment d’être dos au mur à essayer de faire fonctionner une histoire avec 22 pages par mois. Ou dans le cas de Alan Scott: The Green Lantern, seulement 20 pages. C’est décevant car on se dit « Oh c’est un médium visuel comme la télévision et l’animation ! ». On a un peu le sentiment qu’un comics est une série de storyboards comme on fait en animation. Mais c’est quelque chose de radicalement différent en terme de rythme et des outils à notre disposition, comme la voix du narrateur ou un point de vue omniscient par exemple. C’est un outil pour raconter une histoire dans les comics dont on ne sert pas du tout à la télévision. Pour Teen Titans Academy, je n’étais pas autorisé à me servir d’un point de vue omniscient. Et ça me rendait fou parce que je me disais « J’en ai besoin pour être capable de bien raconter l’histoire. » Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas voulu que je m’en serve. Je pense que mon éditeur n’aimait pas ce style d’écriture.

Pour conclure, pour moi, les comics et la télé n’ont rien à voir ! Et je sais que d’autres scénaristes voient les choses différemment. Je ne parle que de ma propre expérience. Peut-être est-ce parce que j’ai commencé par la télévision mais j’ai le sentiment de n’avoir toujours pas entièrement saisi et maîtrisé l’art d’écrire un comics.

DC Planet : En France, vous êtes principalement connu pour avoir co-écrit Flashpoint Paradox avec Geoff Johns et Jeremy Addams. Comment s’est passé le travail avec Geoff Johns et Jeremy Addams ?

Tim Sheridan : Jeremy et moi sommes de vieux amis, nous avons commencé dans l’animation ensemble. Et nous étions ensemble à cette grande réunion à laquelle Dan DiDio nous avait invités. On a pensé la même chose lorsqu’au final le projet de 5G a été abandonné, que c’était notre seule chance de rentrer dans ce milieu. Au final, je suis arrivé quelques mois avant qu’il ne reprenne The Flash ainsi que quelques one-shot de Future State. J’avais le sentiment d’être un vétéran lui montrant les ficelles. On est amis depuis très longtemps, on parle au téléphone ensemble presque chaque jour. Le matin avant de commencer le travail, on se contacte et discute à propos du travail, et c’est quelque part dans ces moments-là qu’on a eu une idée pour une histoire. On en a parlé et cela ressemblait à un évènement de type Crisis avec un groupe de héros s’en occupant. Je ne veux pas trop en dire parce que j’espère toujours qu’on pourra faire cette histoire un jour !

Au bout d’un moment dans la conception, histoire de rendre les choses un peu plus claires pour notre éditeur lorsque l’on allait lui présenter notre idée, je pense que l’un de nous a dit que cela ferait sens de lier cet event à la timeline de Flashpoint. On a dit que la timeline de Flashpoint était le centre de cette histoire. A ce moment là, tout le monde chez DC a été enthousiasmé par cette idée et on a dit « Nous devrions probablement demander à Geoff Johns si c’est ok qu’on fasse une histoire si proche de Flashpoint. C’est son histoire et on ne le sent pas de mettre le nom de Flashpoint sur notre idée sans savoir si Geoff est d’accord. ». Et la réponse de l’éditeur a été « Pas de soucis, on appelle Geoff ». Cet éditeur a une très bonne relation avec lui. Il l’a appelé et Geoff a été vraiment très enthousiaste à l’idée que l’on fasse une sorte de suite à Flashpoint. Il a dit « Je vais écrire l’issue 0 qui lancera ça pour vous ». Et on était hyper surpris. On ne l’avait jamais rencontré, on ne le connaissait pas. On était juste des fans.

DC a organisé un déjeuner avec Jeremy, Geoff, notre éditeur et moi. On a rencontré Geoff pour la première fois et je suis tombé follement amoureux de ce gars. Il est juste le « nerd » le plus sympa et enthousiaste de la pièce. On était tous enthousiaste pendant qu’on échangeait nos idées et il a dit « Écoutez, non seulement je veux écrire l’issue 0, mais j’adorerais vraiment pouvoir coécrire l’histoire avec vous ». En moins d’une seconde, Jeremy et moi avaient dit oui parce qu’on avait toujours l’impression d’être nouveau dans le monde des comics et qu’on allait avoir une masterclass gratuite – en fait on allait nous payer pour avoir cette masterclass- avec un scénariste du calibre de Geoff qui fait ça depuis des années et qui en sait bien plus sur le milieu de comics que nous. Et pas uniquement l’écriture, mais tout le business autour. Ça a été un vrai cadeau pour nous. Et dès le début du projet, on a uniquement eu une expérience très positive et merveilleuse. C’est une des meilleures expériences créatives que j’ai eu et l’amitié qui a découlé de ce procédé est une amitié que j’espère garder durant toute ma vie. Flashpoint Beyond est ce qui a amené à la création de l’initiative du New Golden Age de Geoff. Il a demandé à Jeremy s’il voulait faire une série sur Jay Garrick, le premier Flash. Et il m’a dit « Je pense que tu as une histoire à dire sur Alan Scott, une histoire dans les années 40. »

J’y ai longuement pensé. Geoff avait vraiment de très bonnes idées quant à ce que l’on pouvait faire du Red Lantern qu’il venait de créer et, sans réfléchir, j’ai accepté.

Une dernière chose : l’histoire que Jeremy et moi avons proposé pour la suite de Flashpoint n’est absolument pas ce que nous avons écrit dans Flashpoint Beyond ! Quand Geoff est arrivé, on a tout repris à zéro. Je préfère le dire car Jeremy et moi avons toujours espoir de faire cette histoire. On en parle encore tous les deux.

DC Planet : Maintenant nous allons parler de votre nouvelle série Alan Scott: The Green Lantern. DC Comics a ressorti le numéro original de sa première apparition.

Tim Sheridan : Cette édition est importante. J’espère vraiment que des gens vont acheter cette réédition de All American Comics #16 qui contient l’origin-story de Alan Scott. Elle est très connectée à ce que je vais raconter dans le second numéro du titre. Je suis heureux que DC l’ait réimprimée parce que je ne pense pas que grand monde ait pu la lire. J’étais surpris qu’elle sorte car on ne me l’a pas dit. Mais maintenant, je peux dire à tout le monde de le lire car cela va beaucoup aider quand vous lirez le numéro #2.

DC Planet : Ma question est la suivante : comment s’est passé la création de la série après Flashpoint Beyond ?

Tim Sheridan : Je crois que Geoff m’a téléphoné et m’a dit « J’ai cette idée pour ce Red Lantern et je pense que tu as une histoire à dire sur Alan Scott à propos d’être un super-héros homosexuel (le personnage a fait son coming-out dans Infinite Frontier, ndlr) dans le placard dans les années 40. Je pense que tu es celui qu’il faut pour raconter cette histoire ». On en a discuté et il n’a pas fallu longtemps pour que Geoff me convainque. Mais vous savez, si Geoff me dit « Je pense que tu devrais faire ça », je vais sans aucun doute le faire, tout simplement car il connaît ce genre de choses mieux que moi et je lui fais confiance.

J’ai commencé à construire cette histoire que je voulais comme sincère et authentique pour moi. Je suis un homme gay, j’ai grandi et fait mon coming-out à un moment et dans un lieu qui n’y était pas favorable. Certes, ce n’était pas les années 40 mais les années 90 en Floride. C’était et c’est toujours un état très conservateur. On n’avait pas vraiment un environnement où on pouvait se sentir accueilli et en sécurité, d’ailleurs, même aujourd’hui hélas, ça ne l’est toujours pas. J’ai été à même de faire ressortir beaucoup de ce vécu, de ces idées et de ces sentiments dans cette histoire. Je l’ai soumise durant une réunion avec Jeremy Adams qui, lui, présentait son histoire sur Jay Garrick et Robert Venditti qui présentait son histoire sur Sandman/Wesley Dodds à nos éditeurs et Geoff. Dès le début, ils m’ont laissé raconter l’histoire que je voulais et m’ont vraiment soutenu et aidé à travers le processus créatif. Ça a été très différent comparé à ce que j’ai vécu sur Teen Titans Academy où il y avait une très forte pression éditoriale, me disant ce que je pouvais faire ou pas, ce qui a rendu mon travail très difficile. Mon éditeur Andrew Marino a été très aidant. J’ai écrit ce plan pour six numéros, mais j’avais l’impression de devoir rentrer quelque chose d’énorme dans quelque chose de minuscule. Je lui ait que je n’étais pas sûr d’y arriver et il m’a dit « Si, tu peux ». Puis il a ajouté naturellement que j’aurais uniquement 20 pages par numéro et non 22. Quel vaurien.

Sérieusement, la différence entre 22 et 20 pages pour un scénariste est immense. C’est à ce moment-là que je me suis dit « Ecoute, tu n’auras pas de double-page avant tard dans l’histoire. Tu as besoin de cet espace. ». Alors j’ai réservé ces moments pour plus tard.

DC Planet : Maintenant que la série a débuté, quel recul prenez-vous sur la façon dont elle a été accueilli par le public ? En tant qu’homme gay aussi, je suis vraiment heureux de voir l’évolution chez DC Comics pour la représentation LGBTQ+ de ces dernières années.

Tim Sheridan : Je suis un auteur freelance, je ne suis pas exclusif à DC Comics. Alors quand je dis ce que je vais dire, c’est en tant que fan et en tant que personne qui travaille de façon indépendante dans ce business. Je pense que ce livre est un très bon exemple de l’engagement de DC Comics à vouloir raconter d’authentiques histoires queer tout le long de l’année et pas seulement en juin pour le Mois des Fiertés. On a pu voir ça avec Superman/Jon Kent, Robin/Tim Drake et maintenant Alan Scott qui est un personnage très important dans l’histoire de DC Comics.

Vous savez, d’abord il y a deux types de réactions, tout du moins aux États-Unis. Il y a eu un ensemble de personnes anti-LGBTQ+, cherchant une motivation politique, qui sont apparus et ont tenté de détruire ce livre dans des articles de presse avant la sortie de celui-ci, en racontant des bobards complets sur ce qu’il y avait dedans, dans le but de dissuader les gens de l’acheter. Cela m’a rendu fou, j’étais très énervé. Mais ces voix ont toujours existé et elles montrent juste qui ils sont. Ce sont juste des homophobes.

Puis le comics est sorti et la réaction des lecteurs a été extrêmement positive. Je me suis demandé si j’avais raison de me demander si je savais écrire un comics, car j’ai toujours l’impression de ne pas savoir en écrire. Je me suis dit « Oh les gens comprennent ce que je raconte, peut-être que je fais quelque chose de bien ! ». Toutes ces réactions m’ont bouleversé, les critiques ont été excellentes au point que j’ai peur pour les cinq prochains numéros. Comment puis-je maintenir ce niveau d’intérêt et de positivité ? Le numéro 2 est très personnel pour moi et sombre et j’espère que les lecteurs resteront avec nous parce que au final, c’est un comics très fun qui plonge profondément dans ce qu’est le personnage et ce qui fait d’Alan Scott un héros.

DC Planet : Comment s’est passé le travail avec le dessinateur Cian Tormey (qui a travaillé sur Superman Son of Kal-El, disponible chez Urban Comics, ndlr) qui est l’artiste sur ce titre ?

Tim Sheridan : Cian Tormey fait le meilleur travail de sa carrière en ce moment. Nous sommes une sorte de mariage arrangé. Andrew Marino (mon éditeur) et moi discutions du type d’artiste que nous recherchions pour le livre et j’ai dit « Le plus important pour moi est d’avoir un partenaire. Quelqu’un qui n’est pas juste là pour dessiner des pages et encaisser un chèque. ». Ce cas de figure est très rare dans notre milieu – je les trouve tous incroyablement dévoués – mais cela peut toujours arriver. Je voulais un partenaire avec qui raconter cette histoire, qui la comprend mais aussi quelqu’un qui peut mettre l’action dans les pages, qui a un regard sur ces personnages en deux dimensions sur une feuille de papier, qui raconte quelque chose que je n’ai pas à raconter en tant que narrateur. Ce que Cian fait très bien.

DC Planet : Pour vous, c’est un vrai travail d’équipe. Ce n’est pas juste le scénariste et le dessinateur de leur côté. C’est vraiment deux personnes travaillant ensemble sur le même comics dans un seul but.

Tim Sheridan : Cian a cité au début de notre relation quelqu’un de génial, je ne sais plus qui, qui a dit « Le scénariste dit l’histoire à l’artiste, et l’artiste la raconte au monde. ». C’est comme ça qu’on a travaillé ensemble. Et au-delà de ça, si vous regardez les six pages de l’histoire « Prologue du passé » qui sont sorties en juin dernier dans le one-shot DC Pride : Through the Years, vous pouvez comparer avec le numéro #1 et voir que Cian a augmenté quelque chose dans son dessin. Vous remarquerez la même chose dans chaque numéro. On voit un artiste qui nous emmène dans un voyage, dont le dessin devient plus complexe pendant que l’histoire le devient aussi. Je ne m’attendais pas à voir ça. Il est plein de surprises et chacune d’elles me régale.

DC Planet : Pour finir, si demain DC Comics vous autorise à écrire une série ou une mini-série sur n’importe quel personnage, lequel choisiriez-vous ?

Tim Sheridan : Ma réponse a été pendant longtemps Shazam/Captain Marvel. Mais j’ai eu la chance d’écrire ce personnage et cela ne serait pas juste de le nommer. Ma réponse est… The Question.

DC Planet : Renée Montoya ? Cela pourrait être très intéressant !

Tim Sheridan : Ou vous savez Vic Sage… Ou encore quelqu’un de complètement différent.

DC Planet : Intéressant. Ne m’en révélez pas plus, si un jour vous pouvez écrire cette idée.

Tim Sheridan : Ce serait un rêve.


L’auteur de cet interview tient à remercier Tim Sheridan de lui avoir accordé cet échange.

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Plus grand fan de Batman de France, il lit du comics depuis plus de quinze ans. Il a tendance à débarquer dans les salons Discord dès qu'on mentionne Midnighter.
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