Bonjour et bienvenue pour ces nouvelles Brèves & the Bold avec les dernières sorties de mars en VO et en VF. Du côté d'Urban, c'est la fin du premier cycle de Nice House on the Lake dont on a déjà dit beaucoup de bien. En VO, quelques nouveautés avec Waller vs Wildstorm, mais surtout le nouveau titre Doom Patrol, et pour l'occasion, qui de mieux que notre spécialiste myplasticbus (à l'origine du dossier sur l'équipe) pour en parler ?
Les sorties VF

The Nice House on the Lake tome 2
Scénario : James Tynion IV
Dessins : Alvaro Martinez Bueno
Pour ce deuxième tome, Tynion IV rabat les cartes de son récit, ce qui met en avant d'autres aspects de la personnalité de chacun. Le mystère se délit enfin, mais ne laisse qu'un gouffre plus grand et des dilemmes éthiques durs sur la valeur de la vie, de la vérité, de l'amitié et de la liberté, à mesure que certains personnages apprennent à maitriser les règles de ce monde. Ce thriller réserve encore des grands moments accompagnés de superbes planches de Martinez, qui sait aérer une histoire finalement très verbeuse et poser une ambiance horrifique dans un endroit originellement paradisiaque.
Les sorties VO

Unstoppable Doom Patrol #1
Scénario : Dennis Culver
Dessins Chris Burnham
Après 3 ans d’absence, voilà un retour plutôt réussi pour la patrouille. La première force d’Unstoppable, c’est d’abord le dessin de Chris Burnham. Il n’y a rien à redire : c’est aussi propre que sale comme il faut. Il excelle dans l’ambiance, le body horror, et le tout fourmille de vie. Burnham est parfait, une aussi belle révélation sur Doom Patrol que Derrington en son temps. Mais sur le script de Culver que les soucis apparaissent. Sur le fond, on sent qu’il veut bien faire. Ça déborde d’inclusion, avec un propos socio-politique qui valorise les personnes rejetées pour leur étrangeté. L’establishment (ici représenté par Batman) est taclé comme il faut. On est là dans l’essence de Doom Patrol. C’est chouette. Mais justement : c’est chouette, gentil, sympa, un peu comme ce type un peu fade que vous avez rencontré en manif, pour lequel vous n’avez pas d’autre moyen de le décrire à vos potes que « Il est gentil ! ».
La première page annonce : « Things are about to get weird », mais en dehors des visuels de Burnham, tout est très normé. Le script est plaisant, mais hyper classique, très orienté vers l’action, et manque cruellement de créativité pour du Doom Patrol. Le propos, même s’il est juste, n’est pas du tout apporté avec finesse : tout se fait dans l’exposition et le bavardage. La révélation de l’antagoniste de la mini-série (sans doute imposé par un comité éditorial peu inspiré) est elle-aussi très paresseuse. Si on sent que Culver veut bien faire, il peine encore dans cet épisode introductif.
Une dernière interrogation, enfin. Si la série est un beau point d’entrée, elle pose des questions sérieuses sur la continuité. Où sont passés Flex Mentallo, Danny, Lucius Reynolds, Fugg ? Larry Trainor est de nouveau Negative man et Keeg Bovo n’est plus indépendant mais qualifié de Negative energy. A la fin de Wright of the worlds, Cliff était un bébé-robot. Et, plus étrange encore, on nous parle de Mento et du Dr Caulder… Si Culver a bien lu Arnold Drake pour revenir aux sources, où sont passées les innovations de Jeremy Lambert et Gérard Way ?
-myplasticbus

Waller vs Wildstorm #1
Scénario : Spencer Ackerman, Evan Narcisse
Dessins : Jesus Merino
Ce nouveau titre Black Label prend la forme d'un récit d'espionnage plein de magouilles entre les personnages de WIldstorm et l'organisation Checkmate, avec en son centre la plus grande manipulatrice de DC, Amanda Waller, et une jeune Lois Lane. Les dessins ne sont pas incroyables mais on pourra apprécier ce petit côté rétro, l'histoire se passant durant la fin de la Guerre Froide. Ce n'est pas mauvais sans pour autant captiver le lecteur, on a surtout hâte de voir comment Waller a réussi à monter les échelons aussi efficacement, les scénaristes faisant un bon travail d'iconisation du personnage en ne la faisant apparaître que dans un flashback où elle semble loin du cerveau qu'elle est aujourd'hui.

Gotham City : Year One #6
Scénario : Tom King
Dessins : Phil Hester
Si les dessins et le jeu de couleurs sont toujours au top, King écrit en mode automatique son histoire inspirée de tous les films noirs qu'il a ingurgités et qu'il aime nous ressortir de temps en temps. Là, c'est assez flemmard, il profite trop du nom des Wayne pour donner de l'importance au drame qui n'a pourtant pas une mauvaise fin. Il n'empêche que Slam Bradley brille moins et que le récit aurait gagné à ne pas se mêler d'un conflit racial et à ne pas tenter un parallèle sans impact entre Bruce et sa grand-mère.

Harley Quinn #28
Scénario : Tini Howard
Dessins : Sweeney Boo
Harley reçoit sa nouvelle équipe créative pour le Dawn of DC, mais le constat est le même depuis dix ans. Ici, les dessins rendent très bien avec leur effet numérique, et ça va dans l'esprit du personnage, très coloré voire épileptique. Cependant, l'histoire décolle à peine et rien ne donne envie de lire la suite. On tente bien de vous vendre un peu de multivers, mais la grosse exposition et l'humour qui ne marche pas toujours rendent le tout pénible.

Punchline : The Gotham Game #6
Scénario : Tini & Blake Howard
Dessins : Gleb Melnikov, Max Raynor
Fin molle d'une série qui était pourtant une bonne surprise grâce aux dessins et à l'utilisation de la pègre de Gotham. Ici, Punchline est encore mise en avant de manière maladroite, le Joker de la série The Man Who Stopped Laughing est trop anecdotique, et on a encore recours à Batman en Deus Ex Machina. Finalement, on nous apprend que tout ça n'est qu'un prélude pour la série Catwoman de Howard, dommage.