Bienvenue pour les Highlights des sorties VO de la semaine. DC Comics nous propose une semaine plutôt classique, beaucoup de chauve-souris, la plupart des séries gardent le cap, d’autres comme le Joker ont déjà un coup de mou. La semaine prochaine s’annonce déjà plus intéressante.
LES COUPS DE CŒUR
Rorschach #10
Scénario : Tom King
Dessins : Jorge Fornés
Le lobby Tom King est de retour pour vous dire tout le bien qu’il pense que la meilleure série actuelle du scénariste que personne ne lit. Rorschach #10 pourrait être assez chiant sur le principe : c’est un numéro de révélation, où l’enquêteur nous révèle une bonne partie des résultats de son enquête. Le comment ces deux individus se sont introduits dans le centre de conférence est ici décrit, de même que l’identité du corps découvert quelques numéros plus tôt. Souvent, ces numéros ne survivent pas à la relecture. Ce n’est pas le cas pour Rorschach #10, grâce à une alliance entre l’écriture de Tom King et la narration de Jorge Fornes.
King écrit son récit de révélation comme une chanson qui accumule les couches pour faire monter la tension, sans jamais vraiment la libérer, sinon à l’extrême minute. À chaque fois, comme le vis-à-vis du détective, nous croyons que les choses sont posées, mais à chaque fois, il revient à la charge avec un plus gros poisson. Non seulement l’intérêt du lecteur est systématiquement maintenu, mais au regard du twist final, cela permet un nouveau point de vue sur chaque réaction offerte par le responsable de campagne à la relecture. Fornes accompagne encore une fois merveilleusement bien la narration et le rythme posé par King, posant les indices, construisant les pages pour balayer l’intrigue, naviguant entre les époques avec une fluidité remarquable. Rorschach mériterait sincèrement un peu moins d’indifférence globale. L’air de rien, entre son sous-texte méta et sa narration profondément maîtrisée, la série s’est imposée comme le meilleur hommage à l’œuvre originale d’Alan Moore (voire le seul réellement digne d’intérêt — sorry Moca !) via son détour par un avatar de Steve Ditko.
– myplasticbus
The Flash Annual 2021
Scénario : Jeremy Adams
Dessins : Fernando Pasarin, Brandon Peterson
Dans ce premier annual signé Jeremy Adams, c’est tout simplement la fin de son premier arc que l’on trouve. Un surplus de pages qui n’est clairement pas indispensable vu la teneur du numéro, qui compte enfin se pencher sur le problème Heroes in Crisis. En effet, si l’on suivait jusqu’ici un Wally West qui voyageait gaiement à travers le temps, on se doutait déjà depuis longtemps que la finalité se trouverait dans la revisite du récit tant décrié de Tom King. DC Comics aurait pu tout simplement choisir de l’oublier, mais décide de miser sur le débutant qu’est Adams dans l’écriture de comics.
Le résultat est alors d’autant plus impressionnant qu’il est largement réussi. Sans rien changer à ce qui se produisait dans Heroes in Crisis, l’auteur parvient à en donner une nouvelle perspective qui déresponsabilise Wally sans atteindre à la gravité de l’évènement. Plutôt que de rester considéré à jamais comme « le moment de sa plus grande faiblesse », celui-ci s’inscrit maintenant dans une véritable aventure de Flash, historique qui plus est puisqu’elle permet de ramener un ennemi qui n’avait pas été vu depuis plus de dix ans. Certes, le numéro est imparfait, on pensera notamment à l’utilisation de la force véloce comme un véritable TGCM (ta gueule c’est magique) ou l’écriture assez caricaturale de l’ennemi et l’affrontement, mais Adams réalise bel et bien un exploit ici : transformer la pire aventure de Wally West en un tremplin pour son retour tant attendu. Don’t leave until the miracle happens.
– Mocassin
LES VALEURS SURES
Infinite Frontier #2
Scénario : Joshua Williamson
Dessins : Paul Pelletier, Jesus Merino, Xermanico
Passé l’effet de surprise positive du #1, Infinite Frontier continue sa course de manière un peu moins efficace sur ce second numéro en date. Williamson développe de nombreuses pistes et continue de nous poser des questions. Il maintient plutôt bien sa barque, posant son rythme, offrant à chaque segment de son intrigue une place de choix, usant de rebondissements efficaces et surprenants. C’est plutôt bien fait sur l’écriture… mais je vois néanmoins deux petits soucis.
Premièrement, je ne suis pas sûr qu’Infinite Frontier remplisse véritablement la case new reader friendly qui lui était normalement apposée. Williamson écrit en fan de DC, pour les fans de DC, mais son récit reste très chargé en références à l’histoire de l’éditeur. Pour ma part, ça ne me dérange pas… mais je ne suis pas sûr que le tout soit clair pour quelqu’un qui débarquerait dans la série principale de ce relaunch pour y découvrir DC.
Le deuxième souci est peut-être que Williamson veut en faire un petit peu trop en plaçant tous les éléments possibles. Le récit est dense, développe de nombreux coins de l’univers DC, et chaque segment est traité avec égalité… Mais à force d’en faire, nous perdons d’une part l’aspect terre-à-terre qui faisait le succès du premier numéro, et on se demande comment il pourra développer son histoire et clôturer ses intrigues en seulement 6 numéros. De plus en plus, Infinite Frontier apparaît comme une vaste introduction à ce qui viendrait derrière.
Sur le plan graphique, on appréciera l’excellent lettrage de Tom Napolitano, qui continue de faire un travail merveilleux. Sur le dessin, on repassera. Nous sommes très loin de la catastrophe, mais la collaboration entre dessinateurs est parfois inconstante, offrant des changements de style qu’on aurait préféré éviter. Sur certaines pages, les visages sont vides, et nous observons ici ou là quelques maladresses. Pour le coup, c’est un peu cheap pour une série du calibre d’Infinite Frontier.
– myplasticbus
Action Comics Annual 2021
Scénario : Phillip Kennedy Johnson
Dessins : Soya Oum, Scott Godlewski
Pour son premier annual, Phillip Kennedy Johnson décide de poursuivre les aventures de la Maison des El du futur, qu’il avait créé pour Future State. Bien que le récit ne nous raconte rien de majeur, c’est avec un certain plaisir qu’on retrouve ces descendants de Kal-El tant il est bon de voir les couleurs et valeurs du héros être perpétuées même dans un futur lointain.
Si l’histoire racontée est assez indépendante, P.K.J n’hésite pas à la parsemer d’éléments rappelant son run en cours sur Action Comics, renouvelant ainsi notre envie de découvrir la suite. Par ailleurs, même si le récit des aventures de cette future Maison des El s’apprécie pour ce qu’il est, on espère voir se dessiner un plan d’ensemble les incluant davantage dans l’histoire principale.
– Mocassin
Batman : Urban Legends #5
Scénario : Collectif
Dessins : Collectif
La lecture de ce numéro se voit un peu moins frustrante puisqu’une seule des quatre histoires incluses manquait d’intérêt. Il s’agit sans surprise de la partie Grifter, barbante et pas très joli depuis son premier chapitre.
Le principal était encore et toujours la partie Red Hood de Chip Zdarsky et des quelques artistes présents, mention spéciale à Marcus To qui dessine les flashbacks bien plus vifs que le style sombre de Barrows. Jason est rarement aussi intéressant, le vilain l’est également, bref on a du vrai développement.
C’est moins le cas pour le chapitre Batgirls, bien qu’il reste très agréable à lire, notamment grâce aux dessins de Sweeney Boo. On ne sait pas trop à quoi sert tout ça sachant qu’il n’y a pas l’air d’avoir de suite, mais si vous aimez Stephanie Brown et Cassandra Cain, cette lecture est un petit plaisir. Enfin, la partie Tim Drake est aussi plutôt joli avec une introspection du personnage qui change de ce que l’autrice avait fait jusque là. Pas convaincu par le culte masochiste cependant.
– Sledgy7
LES DÉCEPTIONS
Detective Comics #1039
Scénario : Mariko Tamaki, T-Rex
Dessins : Viktor Bogdanovic, T-Rex
Je suis le premier à avoir défendu Tamaki pour son Detective Comics. J’ai apprécié l’ambiance terre à terre des premiers numéros de son run, et l’aspect horrifique qu’elle apportait. Il y avait un côté imprévisible, où tout pouvait nous surprendre, changer d’ambiance et de style en quelques pages seulement. C’était chouette. Pas révolutionnaire, mais honnêtement sympa. Puis le récit est progressivement tombé dans les limbes, perdant son dessinateur, encroûtant dans une histoire neuneu et en définitive peu intéressante, portée par des antagonistes caricaturaux. Malheureusement, cette conclusion qui s’arrête principalement sur le personnage de Hue Vile n’est pas beaucoup plus intéressante.
Globalement, le récit dans son ensemble n’a pas été bien construit, ni maîtrisé. Cela se ressent particulièrement dans ce numéro. On nous parle par exemple de scènes de chaos urbain au centre de Gotham, mais on ne nous donne jamais l’occasion de le voir, tout se passe hors-champ. Tamaki a pris trop de place pour nous faire l’origin-story de Hue Vile (qui aurait sans doute dû venir plus tôt dans l’histoire) et ne peut plus montrer le reste. Tout est précipité, et de ce fait, les enjeux comme les personnages deviennent des caricatures. Même s’il y a quelques jolies surprises, elles sont expédiées sans prendre le temps de s’installer dans l’histoire. On en ressort avec une petite impression de gâchis, et ce même si Bogdanovic (avec son style que j’apprécie moyennement) parvient à représenter l’aspect creepy de Vile au-delà de ses maladresses du dessin.
Nous sommes passés d’une histoire de détective efficace et terre à terre à un récit neuneu-boum-boum sans intérêt. C’est dommage. N’étant par principe pas nécessairement intéressé par le personnage de Hue Vile, j’ai également été peu passionné par le récit de T-Rex en back-up sur le personnage, même s’il n’est pas trop mal dessiné.
– myplasticbus
Wonder Woman #775
Scénario : Becky Cloonan, Michael Conrad, Jordie Bellaire
Dessins : Andy MacDonald, Paulina Ganucheau
Première déception réelle pour Cloonan & Conrad sur Wonder Woman, avec un numéro pas entièrement mauvais, mais largement pas à la hauteur de ce qu’ils ont pu proposer par ailleurs, qui semble confirmer la descente du numéro précédent. Il y a des choses intéressantes : le mystère de fond reste assez intéressant, et Deadman ou Ratatosk apportent des ajouts formidables à l’univers de Wonder Woman, assez attachants. Mais globalement, toute la partie dans le cimetière repose sur des devinettes de niveau CM2, et la seconde moitié autour de l’Olympe et des dieux grecs est vraiment mal écrite. Tout est confus, mal amené. L’équipe créative balaie les enjeux posés dans le numéro précédent autour de la mort des dieux d’un revers de main, sans laisser les choses s’installer. Cela laisse la simple impression d’avoir passé deux numéros un peu insipides et inutiles.
En plus de ça, MacDonald ne parvient pas non plus à offrir son meilleur travail aux dessins, qui sont souvent assez approximatifs, hachés, parfois disgracieux. C’est une belle chute pour ce qui était à ses débuts l’un des meilleurs titres Infinite Frontier.
– myplasticbus
Batman – The Detective #4
Scénario : Tom Taylor
Dessins : Andy Kubert
L’histoire de ce Batman vieilli et moins subtil ne fonctionne toujours pas. On ne reconnaît même pas le personnage, qui est juste devenu un alpha male des années 80. Et à quoi bon situer l’action à Lyon si c’est pour passer le clair de son temps dans une petite pièce sombre ? Et cet Equilibrium, pourquoi s’acharner sur quelques Européens que Batman aurait sauvé plutôt que d’aller tout de suite détruire Gotham ?
La fin est ce qu’on s’attendait à voir depuis le départ, pas de quoi se hyper plus que ça, lisez plutôt TDKR et Batman : Europa.
– Sledgy7