Review TV – Superman & Lois : Saison 1, épisode 1

Quatre ans après sa première incarnation de Superman dans la série Supergirl, Tyler Hoechlin a droit à son propre show. Dans Superman & Lois, l’homme d’acier n’est pas la seule vedette puisqu’il partage les projecteurs avec son éternelle complice : Lois Lane, incarnée depuis deux ans par Bitsie Tulloch. Mais ce n’est pas tout, puisque cette nouvelle adaptation propose une originalité qui la démarque de toutes celles qui l’ont précédé : l’ajout d’une progéniture. Superman & Lois se présente alors comme une version moderne et réaliste du plus grand des super-héros, mais dans quelle mesure ?

Une mise en avant bénéfique

C’est en grandes pompes que se sont lancées les hostilités pour Superman & Lois. En effet, alors que l’épisode pilote devait initialement partager la soirée avec une autre série, la CW a choisi de lui dédier deux plages horaires. Et pour cause : contrairement à toute autre série de la chaîne, Superman & Lois bénéficie d’un premier épisode long de soixante minutes ! Rien que par cette attention toute particulière, on devine que la série sera bien différente et, on l’espère alors, a véritablement quelque chose à nous raconter. Pour un habitué de la chaîne, ce changement de rythme surprend un peu, mais dans le bon sens.

Alors que les épisodes pilotes vont généralement assez vite en besogne afin d’introduire tout le nécessaire en un espace de quarante minutes, Superman & Lois ne semble jamais pressé et s’accorde le temps nécessaire pour que chacune de ses scènes puisse avoir un impact. Plus encore que le format, c’est bien l’ensemble de la production qui a très visiblement bénéficié d’une attention et d’un budget renforcé tant la série est belle à voir. Voilà enfin une série CW avec une image travaillée, une réelle identité photographique, ainsi que des effets spéciaux modernes qui rendent honneur aux exploits de Superman.

Superman : un héros révolu ?

Si l’épisode dure soixante minutes, c’est bien parce que Superman & Lois a beaucoup à raconter. Pas question de nous ressasser une histoire que l’on connaît déjà, les origines du personnage et son parcours nous sont ainsi retracées en l’espace de quelques minutes avant que la série ne plonge en eaux inconnues. Son but est en premier lieu de nous surprendre en mettant ses personnages dans une situation inédite à l’écran et encore récente même dans les pages de comics, prenant le lecteur au dépourvu tant l’approche choisie ici est différente de ce qu’il peut connaître, plus ancrée dans le réel et plus « sombre » dans la tonalité.

Comment rendre Superman pertinent à notre époque ? Une question qui, entend-t-on, hante Warner Bros et l’empêche de ramener le héros sur grand écran. L’homme d’acier serait le héros d’une époque révolue, une création devenue trop naïve pour un monde devenu trop cynique. Pour le showrunner Todd Helbing, l’époque ne semble pas être un problème, mais au contraire, un terreau très fertile. Quand Lois déclare que « personne ne rêve des problèmes mais chaque vie en contient, même celles qui sont extraordinaires« , elle résume parfaitement l’approche choisie pour la série. Si l’on s’imagine Superman trop puissant pour être affecté par quoi que ce soit, les coulisses sont en réalité toutes autres.

Nouveau rôle pour une nouvelle vie

Clark Kent est un homme qui évolue dans la même société que chacun et se heurte ainsi avec Lois à des problématiques bien réelles : l’exode rurale tue à petit feu sa ville natale, le déclin de la presse supprime son emploi, la mort qui touche inexorablement les parents, ou encore la difficulté à élever un enfant. L’approche semble presque trop « marvelienne » mais s’accorde pourtant avec brio au personnage, qui reste fidèle à lui-même et ne plie pas face à la complexité du monde. Jamais dénaturé, Kal-El est toujours le boy-scout au grand cœur (et un peu ringard) que l’on aime tant, que ce soit en costume de héros ou de parent. Une grandeur qu’incarne idéalement Tyler Hoechlin dans les moments les plus naïfs comme les plus durs, et nous fait maintenant croire qu’un homme qui peut voler peut aussi affronter les difficultés du quotidien.

Pourtant, si le monde a évolué, alors pourquoi pas Superman aussi ? Helbing voit juste en touchant non pas à l’essence mais bien à l’enveloppe, brisant le statu quo pour amener le personnage à la prochaine étape de sa vie. Une simple évolution qui amène tout un renouveau dans les thématiques traitées, divisant Clark entre son devoir pour le monde et la responsabilité qu’il a désormais envers sa famille. Dans un monde qui ne cesse d’avoir besoin de lui, peut-il vraiment être assez présent pour ses enfants ? Une toute nouvelle dynamique où Lois joue le rôle essentiel d’ancre pour un Clark se sentant bien trop redevable envers son monde d’adoption, et ainsi de lien, d’équilibre pour la famille entière.

Superboys, les frères que tout oppose

Ensemble, les frères Kent forment un duo authentique et touchant, bien incarné par Jordan Elass et Alexander Garfin. Individuellement, chacun représente un challenge différent pour leurs parents tant ces jumeaux sont strictement opposés : Jonathan est un athlète à qui tout réussit, tandis que Jordan souffre d’anxiété sociale. Une dualité extrême qui, sur le papier, semble presque tenir de la caricature, mais qui y échappe tout en l’adoptant. Quand le premier aurait pu être l’archétype du sportif prétentieux, méprisant et méprisable, il révèle en réalité une bienveillance qu’on reconnaît marquée du nom Kent. Le second, quant à lui, aurait pu représenter le poncif du nerd anti-social incapable d’adresser le moindre mot, mais se montre heureusement plus complexe dans le trouble qui l’affecte.

Si ce n’est pas forcément dans une série Superman & Lois que l’on s’attendait à voir traités des sujets aussi importants, sensibles et actuels que l’anxiété sociale et la dépression, cette représentation n’en est pourtant que plus appréciable. Que de tels troubles touchent la progéniture de l’invincible Superman, qui se voit ainsi lui-même directement confronté à ce problème, voilà une belle marque de reconnaissance dont le potentiel impact peut être puissant. Loin d’être relégué au second plan, le sujet est abordé timidement mais frontalement, ne serait-ce que par les mots, et sans cliché jusqu’ici. Il reste maintenant à voir si la série fera l’effort de poursuivre ce dialogue et de le mettre plus concrètement en scène (espérons alors qu’elle lorgnera du côté du show Euphoria, qu’elle cite explicitement).

Et le super-héroïsme ?

La composante familiale de la série est essentielle et centrale, c’est un fait, mais le « super-héroïsme » pur et dur n’en est pas oublié pour autant. Quand Clark Kent n’est pas confronté aux besoins de sa famille qui se font urgents, il porte toujours la cape et accomplit des exploits incroyables qui, à nouveau, émerveilleront petits et grands. Superman & Lois se fait même un plaisir d’utiliser l’ensemble des capacités du héros tel un véritable arsenal, de façons diverses et ingénieuses. A travers ces scènes se déroule alors, l’air de rien, une intrigue supplémentaire qui prendra vraisemblablement en importance pour se confondre avec l’ensemble. De la même façon se dessine organiquement un mystère n’attendant que le flair aiguisé de Lois Lane pour mener l’enquête, et ainsi donner à l’intrépide reporter la place qui lui est désignée dans le titre, au delà du connecteur familial essentiel qu’elle est dans ce premier épisode.

C’est un excellent premier épisode que nous livre Superman & Lois pour son départ, honnête et touchant, prouvant que l’homme d’acier a encore toute sa place aujourd’hui. Bénéficiant visiblement d’un plus grand investissement de la part de la CW, la série se veut bien mieux produite qu’à l’ordinaire, donnant à l’homme de demain un traitement aussi sérieux qu’il le mérite. A voir désormais ce que la suite nous réservera, mais Superman & Lois est bien partie pour marquer l’histoire du héros, tandis que Tyler Hoechlin s’impose déjà comme un Superman rêvé.

Un Second avis, c’est bien aussi

Je viens donner l’avis du mec qui n’aime pas ce que produit la CW, mais qui est assez ouvert pour vouloir laisser sa chance à la série, sachant que je ne suis définitivement plus la cible de la chaîne.
Sans le budget d’une série HBO par exemple, Superman & Lois fait un bel effort sur le production design, les effets visuels et la photographie, ce qui est assez rare pour être honnête. Les plans sont plus travaillés et appuient les thèmes abordés, principalement le deuil et les difficultés de l’adolescence au sein d’une fratrie, pour celles qui me parlent le plus, mais ce pilote a pas mal de choses à dire en général. Ça se prend très au sérieux, peut-être trop finalement, mais ce n’était pas une raison pour ternir autant l’étalonnage par contre.

Là où ça ne bouge pas, c’est le scénario qui est toujours gêné par des facilités et des dialogues parfois bancals. Ce Superman peut plaire dans quelques scènes, aidé par les références, mais le développement de Lois est quasi inexistant (dommage pour moi, qui préfère Lois à Clark en vérité), et leurs enfants sont encore trop archétypaux, sans compter le fait que l’un d’eux s’est fait diagnostiqué des troubles de l’anxiété sociale et que je ne l’ai pas trouvé suffisamment bien représenté. L’idée que Jon et Jordan n’aient d’ailleurs pas découvert le secret de Clark est difficile à avaler, entre autres.

Loin d’être parfaite, Superman & Lois monte la qualité d’un cran comparé à ses consœurs et pourrait capter l’intérêt de nouveaux spectateurs, en espérant que ça continue sur cette lancée après le pilote et que l’histoire prenne le temps de développer certains personnages qui en ont encore bien besoin. Sans vous attendre à un miracle, je vous encourage à visionner cet épisode et vous faire un avis en oubliant Arrow et sa clique.

– Sledgy7