On se retrouve comme chaque semaine pour les Highlights, le bilan de nos lectures hebdomadaires chez DC Comics, avec en l’occurrence les sorties du 1er septembre 2020, avec notamment le début d’un récit Black Label sur Constantine par Tom Taylor et Darick Robertson.
LES COUPS DE CŒUR
Strange Adventures #5
Collection : Rebirth
Scénario : Tom King
Dessins : Mitch Gerads, Evan Shaner
Au milieu des Joker War ou autre Death Metal, ça fait beaucoup de bien de pouvoir lire Strange Adventures, qui continue de se placer comme une série ambitieuse et politique, qui porte chapitre après chapitre le lecteur un peu plus loin, en prenant son temps. Avec ses dessinateurs, Tom King continue d’approfondir la complexité de son intrigue, et notamment ici le portrait très trouble d’Alanna qui se révèle progressivement comme le personnage le plus intéressant de cette série.
Si globalement, toute la partie artistique reste géniale, on appréciera particulièrement la manière dont le scénariste pousse Shaner à dessiner des choses de plus en plus délicates qui l’éloignent de son archétype Silver Age, des scènes d’exécution de space-rats à celles de sexe sous grotte. C’est bien le signe qu’on s’éloigne d’un monde idéal et artificiel pour trouver la vérité d’un réel tristement ambivalent.L’équipe créative continue de dépeindre les calculs politiques mesquins, les fausses sincérités et la mise en scène de soi à travers nos héros favoris, qui deviennent des reflets de la médiocrité des sphères d’influences, de pouvoir et de succès, face à un Adam Strange étrangement passif et dépassé. Ça se lit comme une excellente série HBO, que j’ai d’avance hâte de binger en TPB.
– myplasticbus
Justice League #52
Collection : Black Label
Scénario : Jeff Loveness
Dessins : Robson Rocha
Après une première partie déjà très réussie, Loveness conclut son arc en deux parties sur Justice League, qui est en réalité une histoire sur Batman déguisée derrière les couleurs de l’équipe. Mais peu importe : même si elle est essentiellement centrée sur le chevalier noir, cela reste un récit touchant, qui invoque les meilleures heures d’Alan Moore sur Superman pour rentrer dans l’introspection, les rêves et les espoirs de Batman et dépeindre une fable magnifique sur l’évolution intérieure. Les dessins de Rocha apportent cette petite touche de malaise horrifique qui montrent parfaitement la réalité séduisante mais déformée de la Black Mercy.
Malgré quelques visages ci et là un peu inégaux et difformes (notamment sur le jeune Bruce), il réalise un excellent travail aux dessins. Lorsque Loveness donne de bonnes choses à dessiner, il y a de quoi s’amuser. Décidément, entre son petit succès en one-shot sur Shazam il y a quelques mois et cet excellent diptyque sur Justice League, j’en viens à espérer que DC laisse un peu plus de place au scénariste de Rick & Morty (ou à Simon Spurrier, Christopher Priest et Mark Russell) pour l’avenir.
– myplasticbus
LES VALEURS SURES
Hellblazer : Rise and Fall #1
Collection : Black Label
Scénario : Tom Taylor
Dessins : Darick Robertson
Encore du Constantine, dans le Black Label, et qui ne va pas durer bien longtemps, mais au moins c’est de la qualité. Les dessins sont légèrement crasseux et on retrouve une thématique religieuse qui colle bien au personnage. Les flashbacks sur la jeunesse de John apporte de l’intérêt à une enquête qui pique à peine notre curiosité. Le tout reste très sympathique à suivre, bien que c’est un peu vide pour le premier des seulement trois chapitres de l’histoire. C’est probablement le récit le plus abordable de Hellblazer, une bonne lecture pour un fan de Constantine dans d’autres médiums et qui voudrait sauter le pas du comics sans trop se sentir perdu.
– Sledgy7
Batman #98
Collection : Rebirth
Scénario : James Tynion IV
Dessins : Jorge Jimenez
Petit interlude dans l’arc fatiguant Joker War pour prendre un moment d’introspection avant ce qui sera probablement l’explosion finale. On trouve dans ce numéro beaucoup de choses fatigantes. D’un côté, on a l’impression de voir une redite de l’arc City of Bane avec un Joker invisible dans le rôle du vilain. De l’autre, après avoir dépassé la moitié de l’event, on ne sait toujours pas vraiment où Tynion IV veut raconter. Enfin, reste encore ce gros sentiment de déjà-vu, y compris l’intermède introspectif aux pieds du mur.
Néanmoins, Tynion IV s’en sort malgré tout avec des parties touchantes, entrecoupées de scènes d’action efficaces entre Harley et Punchbag (ou Punchline, comme vous voulez !). Encore une fois, Batman pose le sens de sa mission. Et même si on a déjà vu 100 fois ce motif, même si on sait que Bruce est un écorché-vif derrière ses apparences d’homme surpuissant, le numéro touche une corde sensible qui cache quelque peu les défauts marqués ici. De plus, le tout est formidablement représenté par Jimenez, qui sait allier les tons entre l’action très dynamique et l’introspection plus mélancolique, bien aidé en cela par les couleurs de Tomeu Morey qui viennent renforcer les ambiances. Même s’il est loin d’être parfait, ce numéro reste le meilleur de Joker War pour l’instant (tiens, j’entends Justafrogg crier jusqu’ici « En même temps, c’est pas dur ! »)
– myplasticbus
DCeased : Dead Planet #3
Collection : Rebirth
Scénario : Tom Taylor
Dessins : Trevor Hairsine
Ce troisième numéro de DCeased va très très vite. Même un peu trop. Et les ficelles commencent à se faire grosses, délaissant la cohérence au détriment de l’action et des nombreux rebondissements attendus dans un tel récit. Le cliffhanger du dernier épisode est expédié en deux pages comme par magie. De nombreux personnages font leur apparition (comme autant de chair à sacrifier par la suite) et une énième menace est présentée. Par contre, on retrouve plusieurs choses intéressante, à commencer par l’absence totale de zombies du numéro.
Les antagonistes sont bien vivants et humains. Cependant, la caractérisation de ces derniers est très manichéenne, rendant le propos sur la lutte des classes cliché au possible. Les dessins sont également très en dessous de ce que l’on peut trouver ailleurs, avec notamment les visages de John Kent et Mary Marvel méconnaissables d’une case à l’autre. Ce numéro n’est pas une véritable déception mais Tom Taylor va devoir améliorer son écriture s’il souhaite pleinement nous convaincre par la suite.
– Justafrogg
The Dreaming : Waking Hours #1-2
Collection : Black Label
Scénario : G. Willow Wilson
Dessins : Nick Robles
Ce reboot de la série principale du Sandman Universe est très agréable à lire. G. Willow Wilson aime le Sandman original de Neil Gaiman et ça se voit. On pense au lien très fort avec l’œuvre de Shakespeare, aux personnages dérivés du comics de Gaiman et à l’intrigue principale qui reprend la structure du deuxième arc de ce dernier. Cependant, l’auteure adapte tout cela aux mœurs actuels. On découvre alors trois sous intrigues liées entre elles. Dans la première, Lindy, jeune doctorante épuisée par sa vie professionnelle et personnelle, remet en question ses choix à travers le sujet de sa thèse : les théories sur l’identité de William Shakespeare.
En second, Ruin, un cauchemar échappé du royaume des rêves se retrouve dans le monde réel. Enfin, Morpheus essaye de percer le mystère de cette disparition en se rendant au royaume des cauchemars.Les personnages sont attachants et relativement bien caractérisés. L’intrigue est pour l’instant le seul véritables point faible du récit, beaucoup trop simple et convenue. Rien ne nous pousse à vouloir continuer plus loin la découverte de ce monde si ce n’est le plaisir de suivre ces personnages portés par les événements. Cependant, la grande qualité de Waking hours, c’est la partie graphique du titre. Nick Robles fait un travail remarquable, instaurant une ambiance et un découpage différent pour chaque sous-intrigue, le tout avec des traits soignés. Un immense soin est également amené à la colorisation et au lettrage de chaque planche, pour un résultat éblouissant.
– Justafrogg
DECEPTIONS
Shazam! #14
Collection : Rebirth
Scénario : Geoff Johns
Dessins : Dale Eaglesham, Scott Kolins
Clap de fin pour Geoff Johns sur le titre Shazam, qui tire sa révérence sur un numéro plat et décevant. Déjà aux dessins, nous sommes gratifiés de quelques planches efficaces d’Eaglesham, notamment une somptueuse double-page qui part dans tous les sens… avant de partir complètement à vau-l’eau avec un Scott Kolins qui nous fait du sous-Romita Jr. par moments consternant. À côté de ça, l’histoire est beaucoup trop dense, malgré un nombre de pages augmenté. On a l’impression que Johns voulait absolument en finir avec le titre et qu’il devait boucler toutes ses intrigues en plan, y compris celle avec Superboy Prime qui se termine en queue de poisson sans aucun intérêt. C’est beaucoup trop rapide, pas vraiment intelligent, ni même vraiment attachant. Un gâchis pour le personnage, comme pour cette histoire qui s’annonçait pourtant sous des auspices meilleures et plus ambitieuses. Dommage.
– myplasticbus
En même temps, c’est pas dur ! 😉