Vertigo renouvelle son catalogue depuis la rentrée 2018. 2019 comptait les derniers titres, avec Second Coming, désormais annulé. High Level ouvre ses portes cette semaine, avec comme concept, celui d’un monde dystrophique, et une critique de l’échelle sociale. Un résumé rappelant étrangement une adaptation cinématographique récemment sortie.
Alita Level
Plus qu’une inspiration, il ne reste que la notion de personnage robotisé à révéler. High Level rappelle sur de nombreux points le manga Gunnm. Au delà de la simple scission entre un monde terrestre transformé en décharge, l’intrigue principale révélée à la fin du numéro rappelle l’origine de la lutte du manga. D’une certaine manière, on pourrait penser que ce monde d’en-bas pourrait ressembler à n’importe quel autre récit post-apoclyptique d’une société en cours de reconstruction à partir de rien.
On y trouve une certaine allure de Mad Max dans cette idée de vie de nomade au milieu d’un monde où les clans s’affrontent, à la seule différence que notre personnage évite l’affrontement. Elle témoigne d’une certaine incapacité à s’imposer, et qu’il vaut mieux fuir, pour évidemment se retrouver impliquer par la force du scénario. Néanmoins, le rapport à Gunnm ne s’arrête pas là, et joue sur un aspect graphique d’un antagoniste qu’on pourrait difficilement ne pas associer aux bad-guys de Yukito Kishiro.
On comprend aisément l’influence possible d’une oeuvre, encore faudrait-il que ces influences n’aient pas l’air d’un rappel brutal continu. Ces références soulèvent cette question depuis 2015 : Peut-on faire un récit post-apocalyptique sans tirer son esthétique de la dernière référence du genre (aka. Mad Max Fury Road) ? Alita n’est pas considéré comme tel, mais High Level semble vouloir s’affilier à cette image, jusqu’à emprunter une thématique similaire.
All-New Different Vertigo : Young Adult
En son contenu, High Level se doit une présentation, une immersion dans l’univers. Ses premières pages captent l’attention, dans un effet de teasing classique. Le High Level semble avoir bien des secrets à révéler, comme attendu. Le numéro se focalise ensuite sur une présentation du personnage. Le scénario suit le schéma typique de l’introduction, non pas dans son contenu, mais bien dans sa forme. On ne se cachera pas une impression de déjà vu à la lecture.
La présentation du personnage est très troublante. On retrouve une énième scène de bar, avec un personnage impulsif. La majorité des scènes sont injustifiées, et ne font que révéler diverses faces du personnage, sans pour autant générer de sens entre elles. Cet univers n’est pas détestable, bien au contraire, mais il manque de personnalité. Le personnage se retrouve embarqué dans une intrigue qui la dépasse. On retrouve toute la vibe Young Adult à la mode, et avec elle ses schémas et le traitement léger de ses thématiques – comme Gunnm.
Le gros point fort de High Level est son artiste, Barnaby Bagenda, et son coloriste, Romula Farado Jr. Malgré un design général peu inspiré, où l’image du personnage suffit à définir son rôle et son caractère, le story-telling est efficace et les couleurs apportent le seul élément capable d’apporter un minimum d’identité à High Level.
High Level n’est donc pas un mauvais comic-book. Il fait preuve d’une certaine technique, et conviendra à tout type de lecteur. Cependant, il manque cruellement d’originalité et se fond dans les conventions du comic-book Young Adult. High Level a toujours les moyens de surprendre, mais nous laisse dans une profonde indifférence.