Après la nouvelle répandue, et Bruce Wayne arrêté, la Bat-Family enquête tout en étant en proie au doute. L’événement du début des années 2000 se poursuit chez Urban Comics, dans cette philosophie de l’album épais, contenant l’ensemble des tie-in. Si on ne peut reprocher à l’éditeur l’accessibilité de l’ensemble d’un événement tel que celui-ci, l’inclusion de ces tie-in peut se discuter, non pas dans le choix éditorial, mais dans l’écriture même de l’événement.
Un univers vivant en pleine ébullition
Nous sommes dans les années 2000, et la Bat-Family bat son plein. No Man’s Land a défini une identité forte liant l’ensemble de ses membres, autour d’une même identité qu’est la chauve-souris. Chaque membre possède son titre. Gotham est une ville fourmillant d’aventures, et possède un grand nombre de péripéties. Alors qu’un événement vient chambouler le tout, chaque titre propose sa propre version des faits, sa propre enquête.
L’écriture du tie-in devient complexe. Les scénaristes tentent de permettre l’accessibilité au titre, en rappelant les faits passés. Dans ce recueil, on passe en revue une grande partie des faits relatés à répétition d’un titre à l’autre. Si cela vaut pour les titres secondaires, d’autres scénaristes comme Ed Brubacker ou Greg Rucka tentent quelque chose d’autre : l’inclusion d’une sous-intrigue. Ed Brubacker est alors un scénariste très exposé. Il a la main mise sur le personnage de Catwoman, et sur Gotham, avec son célèbre Gotham Central.
Il n’hésite pas à les faire apparaître et interagir avec les événements présents ici. Avec Greg Rucka, ils vont tous deux proposer une enquête que mènera Batman de son côté. Malgré le fait que cette enquête manque d’une certaine logique dans les agissements du personnage le plus censé, ces enquêtes parallèles permettent un temps de flottement appréciable, et une mise en réflexion de l’enquête en cours. Des histoires aussi appréciables que mal venues. Elles n’oublient pas de rappeler la situation dans laquelle Bruce Wayne se trouve, et tentent d’apporter des pistes, des idées.
Quand le Tie-in prend son sens
On parle souvent de Tie-in dispensable. Ce sont pourtant les titres secondaires ici qui donnent la sensation d’une action continue, d’une recherche. S’ils peuvent effectivement se ressembler les uns, les autres par leur redondance, l’illusion est efficace. Dans Birds of Prey, Oracle tient le rôle de poste de communication entre les titres. On se plait à suivre ou découvrir pour certains, des titres jamais vus en France comme Gotham Knights et cet aspect de l’univers de Batman que nous avions manqué.
Seulement, l’illusion ne dure qu’un temps. Malgré les histoires plaisantes, la répétition des tie-in, l’enquête stagne bien trop longtemps. Ce second tome souffre d’une progression quasi-nulle. Il fait l’effet d’un remplissage intensif, non pas sans intérêt, mais quelque peu hors-sujet. On s’attend à un travail d’enquêteur qui se fait relativement timide. Au lieu de quoi, Nightwing se trouve à douter de la capacité de Batman à tuer. Si on se trouve dans une enquête bien menée, certains aspects sont à reconsidérer. Cela n’empêche pas l’enquête de s’étirer de façon justifiée. La progression est présente, mais très lente. Le récit veut mettre en avant la difficulté de l’enquête, mais ne sait quoi raconter d’autre. L’enquête connait son objectif, mais ne sait comment s’étoffer en dehors des titres consacrés à Batman.
Au même titre que le premier volume, et que la diversité des séries présentes, les artistes et style s’entremêlent, livrant un parfait panorama de la représentation de Gotham et ses héros à l’époque. On retrouve Scott McDaniel livrant des planches fabuleuses, s’exerçant dans des effets de perspectives délirants, ainsi que Sean Philipps, le compère d’Ed Bubacker, pour un style particulièrement sombre. Qu’il s’agisse de l’écriture comme de la représentation, l’événement a le mérite de mettre en avant les différentes facettes du Batman des années 2000. Une hétérogénéité à apprécier, malgré les quelques réticents.
Batman Meurtrier & Fugitif est un événement digne d’intérêt, que ce second tome ne parvient pas à défendre. Il est particulièrement dispensable, mais apporte un contenu et une immersion qu’on pourrait considérer de facultatif. On recommande néanmoins ce volume pour le travail qu’il représente, et cette représentation des relations entre sidekicks aujourd’hui disparue.