La gamme Urban Games peine à trouver du contenu, au point de publier Mortal Kombat X. C’est pas faute d’avoir dressé un petit listing cet été sur le site entre les C for Crossover et les Reviews des bons (et moins bons) comics publiés par DC Comics. On nous dira que ça n’a rien à voir, mais étrangement, l’album sort alors qu’un énième volet de la licence s’annonce. Toujours est-il, Urban Games nous laisse face au pavé bien épais, vendu pour 35€. Et déjà à ce stade, on regrette son achat.
Suivez les flaques de sang
Si on parle Mortal Kombat, on parle combat, litres d’hémoglobine, et des corps déchirés comme un mouchoir en papier. Et si c’est ce que vous cherchez, vous ne serez pas déçus. La qualité de l’album repose sur du sang et une action continue. Idiote au plus haut point, elle peut s’avérer satisfaisante pour un public visé : les fans.
L’éditeur place pourtant des artistes prometteurs comme Dexter Soy. L’artiste manipule parfaitement l’action. Il la rend légèrement plus digeste, par sa variation des plans, et une bonne exploitation des techniques de combat des personnages. Cependant, les artistes ne présentent rien de novateur. Si l’album est peu digeste, l’action et la qualité (même moyenne) des planches est le seul élément sur lequel repose son semblant d’histoire.
Aux yeux d’un novice, Mortal Kombat X se résume à bien peu de choses. Scorpion trouve un apprenti. Il l’intègre auprès de son second disciple. Ce second se retourne contre son maître. S’en suit une succession de duels de tous les personnages de l’univers, avec ou sans prétexte à l’affrontement. S’il est plaisant de voir la référence au système de combat de la licence, depuis son reboot, (se résumant à un focus sur les os brisés et organes transpercés), il ne l’est que pour les premières pages. Sa répétition devient lassante. Adaptation de jeu vidéo, règles de jeu vidéo. Les personnages se retrouvent transpercés de toute part et aptes à encaisser deux rounds de plus. La démesure est le maître-mot.
Mortal Kombat : New 52
Mais un sens plus profond est censé s’en dégager. Mortal Kombat X pourrait avoir une autre valeur auprès d’un fan de la licence. L’objectif du titre est bien d’étoffer l’univers reboot de Mortal Kombat. Depuis que celui-ci a intégré un mode histoire, l’univers cherche à trouver un certain sens, une origine à définir autour de ses personnages les plus populaires.
Nouvelle continuité, nouvelles introductions. Et dans cet état d’esprit, qu’espérer de mieux qu’une version légèrement supérieur aux adaptations cinématographiques ? Le scénario se focalise au départ sur Scorpion, ses disciples, puis sur sa rivalité avec Sub-Zero, avant de dévier vers les origines de Kotal Khan. La description de certains mondes sont intrigants. On se surprend parfois à s’intéresser à un personnage. Mais pour un minimum d’intérêt, celui-ci se trouve vite désamorcé par des combats décérébrés mêlant des personnages et des univers sans grand rapport.
Si le tout est en accord avec l’idée d’exagération du jeu, elle est particulièrement déplaisante dans l’élaboration d’un background. Le scénario enchaîne les mauvaises idées suite à son introduction. Il tente de relier l’ensemble des univers, à travers des affrontements par vagues menant à une crise. Malgré la volonté de présenter et introduire chaque personnage dans cette continuité, ils ne sont tous qu’un cliché propre utilisé dans un jeu de combat sans scénario.
Sans aucun doute l’un des pires albums publiés par Urban Comics, sa compilation en intégrale en dit long sur le manque de confiance de l’éditeur en son produit – et à raison. Mortal Kombat X est un parfait nanar, ultra-sexualisé et ultra-violent. S’il peut en faire rire certains, attendez vous surtout à rencontrer l’ennui. Même auprès des fans, il est à se demander si le titre peut convenir à une personne aimant un minimum la bande dessinée.