Green Arrow Intégrale regroupe l’entièreté du run de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino sur le personnage lors des New52. Cette période, survenue suite aux événements de Flashpoint, marque un reboot pour la totalité du catalogue DC. Le scénariste en profite donc pour faire table rase sur le passé d’Oliver Queen. Voyons ensemble si les nouvelles aventures du héros sont convaincantes dans ce premier tome.
Because I’m Bat…Green Arrow
Green Arrow a toujours été vu comme un sous Batman : Jeune homme ayant hérité de la fortune de ses parents et tentant de sauver sa ville des drames qu’il a connu. Cette version du personnage ne déroge pas à la règle. On retrouve toujours une origin story quelque peu similaire, une arrowcave et des antagonistes communs avec le Chevalier Noir. Cependant, l’inspiration la plus flagrante est le run de Grant Morrison sur Batman. Ainsi, Lemire intègre à la mythologie de l’archer un système de clans basé chacun sur une arme particulière (je ne vous ferai pas l’affront de vous révéler celle que recherche Oliver…).
Cependant, l’auteur pousse le concept plus loin en basant toute son intrigue sur ces différentes tribus, réunies en une seule entité surpuissante. Et ce challenge va servir de quête initiatique pour ce nouveau Green Arrow, à la recherche d’un but pour mener son combat contre l’injustice. Et cette quête va le mener dans des lieux où les conditions de vie sont désastreuses. Et cela va permettre d’aborder des thèmes politiques faisant directement écho a notre propre actualité. Cela fait de ce Green Arrow bien plus qu’un Batman-like. Il devient un héros social, luttant pour le peuple.
Mais là où Lemire se détache le plus de cette comparaison, c’est en remettant en question cette origin story éculée lui permettant d’introduire le thème important de ce récit : la famille.
Une famille décomposée
En effet, un élément marquant en milieu d’ouvrage va venir remettre en question les fondations solides créés par Oliver et faire vaciller sa volonté. A-t-on nécessairement besoin d’un drame pour devenir un héros ? La question est prépondérante dans cet ouvrage. Les figures du père, de la mère, des frères et sœurs permettent à l’auteur de faire un constat convainquant de la place de la famille dans un récit super-héroïque (thème récurent dans ses œuvres).
Et pour réaliser cela, il s’est entouré d’artistes de talent. Sorrentino est ici magistral, avec un travail très proche de celui de David Aja sur le Hawkeye de Matt Fraction pour ce qui est du découpage des planches et de l’utilisation d’une palette très limitée en couleurs. Le tout est évidemment servi par son style personnel inimitable.
Les autres dessinateurs, présents majoritairement sur les back-ups et tie-ins ont également une patte graphique plus que convaincante. Permettant de faire une pause agréable dans la narration principale et se concentrer sur des intrigues ou personnages que l’on a plaisir à approfondir.
Green Arrow Intégrale Tome 1 est une porte d’entrée parfaite dans l’univers du justicier masqué. Et une surtout entrée qualitative. Lemire utilise les similarités avec le chevalier noir pour l’émanciper de cette condition de sous-héros et en faire un personnage social agissant pour la société. Il met en place également une intrigue haletante qui va permettre à Oliver Queen de découvrir ses origines et se forger un élément qui lui manquait cruellement : des liens familiaux. Le tout est servi avec des dessins magnifiques et une mise en page soignée. Il n’y a donc aucune hésitation à avoir si vous aimez le personnage.