Review VO – Justice League #1 : Scott Snyder est dans la place

La machine est lancée, impossible d’arrêter Scott Snyder, qui écrase tout sur son passage à bord de sa Batmobile éditoriale. Après Dark Nights: Metal, après No Justice, voilà que l’auteur débarque sur le titre Justice League, qui voit son compteur remis à zéro pour l’occasion (ou plutôt à un). Autant dire que les attentes sont en demi-teinte : chacun attend que ce titre retrouve enfin son statut de porte-étendard, mais beaucoup craignent la Snyder touch, plus virulente que jamais depuis l’an dernier.

Snyder rend justice à la ligue

Comme dit précédemment, cette arrivée de l’auteur sur le titre est l’occasion pour DC de le relauncher, histoire d’augmenter les ventes. Et qui dit relaunch, dit habituellement porte d’entrée pour les nouveaux lecteurs, ce qui est assurément le cas avec ce numéro. Et oui, nul besoin de lire les déboires de la ligue ou de Snyder précédant cette lecture, ce qui est important est rappelé brièvement, et notamment la destruction du mur de la source. Là où est le paradoxe, c’est que même s’il s’agit d’une porte d’entrée, jamais on aura vu une Justice Ligue aussi riche depuis le lancement des New 52. En effet, si Metal et No Justice ont eu un effet positif, c’est bien d’avoir ramené des personnages mis de côté, comme Hawkgirl ou Mister Terrific, toujours dans l’optique de revenir à la grande richesse de l’éditeur avant son reboot de 2011.

On peut ainsi voir de nombreux personnages « secondaires » combattre aux côtés des membres principaux de l’équipe, mettant fin à l’époque où elle ne pouvait contenir que quelques membres, comme le prouve la vitrine du Hall de Justice, où personne n’est oublié. Un remodelage de la ligue qui a ici un principal impact : le retour de Martian Manhunter, qui occupe ici le rôle de leader, et sur lequel Snyder mise beaucoup. En effet, l’accent est mis sur ses facultés télépathiques, qui permettent de lier la ligue et de leur redonner une cohésion et une complicité qui pouvait manquer jusqu’ici. On prend alors plaisir à suivre leurs échanges, qui sont aussi bien sérieux que légers, soulignant leur amitié, une valeur fondamentale à l’équipe.

On vient de perdre la lune ?!

L’apport du limier martien (pour les francophones) ne réside pas que dans cette capacité télépathique, mais aussi dans son passé, dans lequel Snyder puise pour mettre en avant une nouvelle menace. Cette dernière, sans surprise, découle de la destruction du mur de la source, et se pose comme une énième ultime menace. Certes, l’auteur ne part pas dans la surenchère non plus, notamment parce que plus gros que Metal, c’est compliqué, mais ne peut s’empêcher de vouloir bouleverser le DCU à chacune de ses interventions, ce qui lasse légèrement (c’est un euphémisme). Néanmoins, l’idée paraît moins farfelue que ce qu’il a pu lancer précédemment, et parvient à se montrer alléchante à certains égards, et notamment par la première page qui rappelle les grandes odyssées cosmiques, ou encore par la narration extra-diégétique qui rajoute en gravité (et en lourdeur ?). L’auteur met ainsi en place les différentes pièces de son échiquier (ou de son bac à sable) pour un nouveau terrible secret qui rassemble également différents vilains sous le leadership de Lex Luthor : la Legion of Doom, qui semble pour le moment quelque peu artificielle, mais parvient tout de même à intensifier le mystère.

Mais malgré une certaine maîtrise, Scott Snyder reste le même, et n’oublie pas de mettre à profit son talent pour WTF, comme on dit dans le milieu. On pensera notamment aux lois de la physique qui sont complètement souillées, que ce soit par le soulèvement de continents ou même… la destruction de la Lune. Oui, notre Lune, celle de la Terre. Et le pire, c’est que cela n’a aucune incidence sur la vie terrestre jusqu’ici, personne ne semble s’en inquiéter plus que ça, tout va bien. Deux exemples parmi d’autres qui mènent à penser que le crédo de Scotty est « plus c’est gros, mieux ça passe ». Là où son écriture se montre également maladroite, c’est par rapport au personnage de Martian Manhunter, dont on peine parfois à comprendre les paroles, qui tendent à verser dans l’incohérence.

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas du pire numéro de Snyder, qui parvient ici à ramener un certain sentiment d’unité  et de diversité au sein de la Justice League. L’auteur n’en reste pas moins fidèle à lui-même, ce qui aura pour effet de repousser un certain nombre de lecteurs, qui ne pourront néanmoins qu’apprécier la solide partie graphique, qui ne fera que s’embellir au prochain numéro. En somme, un numéro ni réellement bon, ni réellement mauvais. Un numéro correct.