Review VF – The Authority Tome 2

Wildstorm nous revient enfin avec ce second volume de The Authority dans lequel Warren Ellis, jusque là au scénario, laisse finalement sa place à Mark Millar.

Une première partie sur les chapeaux de roues

Resituons l’action. Jenny est morte, vive Jenny. En effet, la femme centenaire s’en est allée, marquant la fin du 20^ème siècle. Et au même moment, une nouvelle Jenny, alors bébé, est apparue pour incarner l’esprit du 21ème siècle : Jenny Quantum. Ainsi, The Authority va s’assurer de protéger la gamine, et faire regretter aux  vilains d’avoir essayé de s’en prendre à elle. Et ça, c’est certain, ils vont le regretter. Mark Millar reprend, dans cette première partie, d’une belle manière le titre. Les personnages sont tous correctement caractérisés, et l’auteur écossais ne tombe pas dans le piège de donner à son récit un ton vulgaire pour être vulgaire. Bien entendu, le tout reste tout de même assez trash par moment, mais l’irrévérence fait de toute façon partie de l’ADN de l’équipe. Il est bon de voir des héros aux pouvoirs quasi-divins pour la plupart, rester si humains.

L’équipe protège la Terre, mais aucun de ses membres ne prétend être irréprochables ou ne cache ses sentiments – pas comme un certain tocard pas foutu de se remettre de la mort de ses parents en 80 ans, et pensant que mettre des collants est une forme de thérapie. L’humanité qui se dégage du couple formé par Midnighter et Apollo transcende le clivage classique de l’orientation sexuelle, présentant simplement deux individus qui s’aiment. Sans doute est-ce au final la meilleure façon d’aborder le sujet de l’homosexualité dans un comics. En dépit des diverses situation et de la démesure des événements, les personnages restent nuancés, à l’instar du Batman de Wildstorm, ayant pourtant un penchant très prononcé pour la violence, mais n’en usant que lorsque cela est réellement nécessaire. En témoigne une séance de psychothérapie faite à un ennemi, se rendant compte qu’il est dans l’erreur.

Une seconde partie un peu moins rythmée

Malheureusement, en dépit d’une bonne qualité globale de la seconde partie, cette dernière a plus de mal à convaincre. The Authority dérange, pas le peuple non, mais les puissants. Multimilliardaires, chefs d’entreprises et d’états, se décident à engager le combattant le plus fort du monde afin d’exterminer l’équipe et de la remplacer. Ainsi, une nouvelle génération, de vilains cette fois-ci, reprend le rôle d’Ingénieur, du Docteur, et des autres, sous couvert de faire le bien. Néanmoins, les némésis introduits dans cet arc peinent à convaincre. Beaucoup trop caricaturales, il en ressort par ailleurs certaines situations cocasses, comme un Dernière Tournée – remplaçant de Midnighter – passant son temps à justifier sa non-homosexualité jusqu’à se laisser aller à l’homophobie primaire.

Malheureusement, bien que cette nouvelle Authority ne soit pas ennuyeuse à suivre, loin de là, l’absence des héros se fait sentir, et l’immoralité du Colonel, le chef d’équipe, et sa vulgarité ont tendance à terme, à devenir lourdes. Les dessins de Nguyen ne sont pas non plus extraordinaires face à ceux de Frank Quitely assurant ceux de la première partie. La fin de l’arc narratif s’avère a contrario assez osée, et place les humains face à leurs responsabilités, délivrant une bonne morale à l’ensemble. Le tome se conclue sur un hommage à Wildstorm et plus particulièrement Jenny, écrit par Ellis. Malgré son nombre de pages assez faible, le numéro fait tout de même plaisir et mettra peut être la larme à l’œil des fans n’ayant pas digéré la mort de l’esprit du 20^ème siècle, d’autant que la partie graphique assurée par Bryan Hitch, de retour, est de bonne facture.

Un peu inférieur au premier tome assuré par Ellis, Millar prend tout de même fièrement la relève. Alors que la première partie du volume, suivant directement la mort de Jenny, reprend d’une très bonne manière ce qu’avait introduit le créateur de The Authority, la seconde, de bonne qualité, peine un peu plus à convaincre en dépit d’une qualité générale évidente. Le dernier numéro hommage, conclue d’une belle façon le tome.