Review VF – Fables Intégrale Tome 2

Comme vous le savez peut-être, c’est toujours une immense joie pour moi de vous vendre Fables. Je pourrais vous en parler pendant des heures, que ce soit les artistes, le scénario, les contes de fées intrinsèquement liés à la série ou le sous-texte politique. Alors que la première intégrale réunissait les trois premiers tomes de la série, ce second tome suit logiquement le même chemin et réunit les tomes 4 à 6. Maintenant, voyons ce que tout cela nous réserve.

Pourquoi lire Fables ? aka Allez lire Fables ! aka Bougez-vous !

Pour ceux s’étant laissés tenter par le premier volume, ce paragraphe ne vous est pas destiné, passez directement à la suite. On l’a dit, on l’a répété, Fables est une pierre angulaire du comics dépassant le conflit stupide de maison d’éditions. Quelque soit le camp choisi, tous s’accordent à dire que l’œuvre de Willingham est un must-have tenu de bout en bout d’une main de maître sur 150 numéros rien que pour l’intrigue principale. La série, quoique assez connue outre-Atlantique, gagne aujourd’hui en popularité en Europe, surtout depuis la sortie du jeu The Wolf Among Us et des nombreuses saisons de Once Upon a Time -ayant pompé jusqu’à la moelle les concepts de Fables mais malheureusement sans grand brio.

Maintenant, parlons de la série. Fables est un peu l’ultimate crossover entre l’intégralité des contes de fées, mais dans leurs versions originales, soit avant qu’ils ne soient censurés et mis en chansons par Disney. Ainsi, en dépit d’une certaine poésie, ne vous attendez pas à un comics où tout le monde finit heureux, où les oisillons sifflotent quand les princesses chantent, et où le Prince Charmant est l’homme idéal. Non, l’histoire débute dans la communauté de Fableville, dissimulée dans notre monde, et réunissant les Fables ayant réussit à s’enfuir des royaumes magiques, après que ces derniers aient été conquis par un antagoniste sobrement surnommé L’Adversaire. Si le pitch vous plait, allez acheter le tome 1, si vous hésitez, faites-moi confiance, et si vous vous êtes déjà laissés tenter, vous savez que j’ai raison – High Five !

La Guerre de Fableville aura bien lieu

La difficulté posée par la review des intégrales est de ne pas spoiler. Et lorsqu’on connait la richesse d’un seul tome, la réunion de trois d’entre eux au sein de même volume rend l’exercice encore moins aisé. Alors que le précèdent livre plantait logiquement le décor et  l’univers de la série, celui-ci lance très rapidement les hostilités. La première partie se concentre principalement sur le passé de Blue et sur la défaite progressive des Fables résistantes/rebelles,  face à un adversaire aux ressources quasiment illimitées. La tension s’installe peu à peu et les personnages succombent chacun leur tour dans la bataille. Mais plus important encore, cet arc permet d’introduire une Fables majeure de l’univers de la série autour de laquelle, à plus ou moins forte intensité, le présent tome tournera : Le Chaperon Rouge. En effet, plusieurs années après ladite bataille et alors que tout le monde la croyait morte, la Red Hood de Willingham débarque à Fabletown en prétendant avoir réussi à fuir l’Empire. Néanmoins, alors que certains sont enclins à la croire, voyant en elle un espoir d’un jour revoir leur patrie, d’autres sont plus suspicieux, et parmi eux, le shérif.

Entre manipulation et démagogie, l’histoire se veut beaucoup plus politique, notamment au travers d’une nouvelle élection visant à  désigner le prochain maire de la ville, et dont le résultat pourra étonner, sans pour autant livrer une morale manichéenne. Par ailleurs, l’arc ne manque clairement pas non plus d’action, car la communauté devra gérer une bataille contre les troupes de l’Adversaire, tout en continuant à camoufler son existence en dépit du fait qu’elle est entourée d’humain. Là encore, des concessions devront être faites, et la solution à base de magie réussit à être crédible dans la diégèse de la série, sans pour autant relever du bullshit magique lambda. Comme annoncé précédemment, la relation entre Bigby et Snow White évolue et reste parfaitement maîtrisée. L’écriture reste assez habile pour accélérer drastiquement les choses, sans pour autant choquer le lecteur, ou du moins, le choquer positivement.  Les projecteurs sont aussi tournés vers le trio Gobe-Mouche (Flycatcher), Pinocchio – qui jouera un rôle déterminant – et Blue, mais j’en resterai là.

En complément, certains numéros se concentrent sur un seul personnage au travers d’histoires à première vue anodines, mais qui dans quelques numéros, ne le seront plus du tout. Par exemple, la rencontre entre la créature de Frankenstein et Bigby sur fond de nazis, ou l’arrivée de Cendrillon. Malheureusement, sur ces histoires, Buckingham n’est plus à l’œuvre aux dessins, et les remplaçants sont en deçà voire très en deçà de ce à quoi il était possible de s’attendre. Alors que beaucoup oublient généralement le travail de colorisation, il est aussi nécessaire de saluer le talent de Steve Leialoha permettant de sublimer les planches des dessinateurs.

Alors que le tome 1 permettait de présenter dans les grandes lignes l’univers, l’intrigue de la série commence véritablement ici. Le scénario est maitrisé de bout en bout, et l’histoire est d’autant plus appréciable après une relecture totale de l’aventure, permettant de constater comment Willingham a placé ses pions  au fil des années. Les personnages évoluent, s’aiment, se déchirent et parfois se trahissent. La dimension politique, plus présente que dans le numéro précédent, n’empêche pas des moments épiques et une première bataille qui causera des pertes dans les deux camps. Il faudra néanmoins reconnaître que certains dessins, passés le trait de Buckingham quasiment présent sur l’intégralité du volume, font pâle figure.