Après avoir été retournée, meurtrie, déshonorée, bafouée, ridiculisée, et bien d’autres encore, voici que le duo Amanda Conner / Jimmy Palmiotti a quitté le titre Harley Quinn. Le duo est remplacé pour la suite des aventures par Frank Tieri à l’écriture, qui nous avait déjà livré un aperçu de son travail sur d’autres numéros, sans être non plus là pour rendre ses lettres de noblesse au personnage. Mais son arrivée (définitive?) sur le titre change-t-elle la donne ? Nous livre-t-il un début d’histoire rassurant pour Harley Quinn ?
Sad Harley is Sad
Suite aux événements vécus dans les numéros précédents, Harley Quinn n’est plus en joie et la déprime est bien présente. Elle sera d’ailleurs présente sur tout le numéro avec pour caution blague et humour le Gang of Harleys ou Red Tool (qui aurait pu disparaître avec le départ du duo de scénaristes). Du coup on se retrouve avec une emo-Harley tout au long du numéron, caricaturée jusqu’au maquillage myspace de sillons de larmes noirs. Cette attitude peut-être poussée à l’extrême car d’habitude la Sad Harley ne reste jamais morose très longtemps, pourtant ici, c’est le cas. Le personnage est renfermée sur lui-même, ne veut pas s’ouvrir, ne veut plus que ses proches soient blessés. Elle rejette alors son entourage se sentant responsable de leur bonheur et de leur vie. Un peu comme Batman pourrait le faire avec ses sidekicks. Et la comparaison avec ce personnage n’est pas anodine puisque l’on retrouve des éléments évidents de rattachement du titre à cet univers, de manière bien plus prononcée que par le passé. Que ce soit par l’attitude furtive de Harley qui surprend ses amis qui l’espionnent, ou même le vilain principal.
L’histoire nous paraît donc au premier abord plus sérieuse que la débâcle du run passé, et j’apprécie cette pause dans l’humour pipi-caca (qui reste tout de même partiellement là via le Gang of Harleys). C’est comme si on sentait la volonté de l’auteur à ramener Harley Quinn vers un côté plus sombre, un côté plus recherché, du moins pour l’instant, sans coller un grand doigt au travail fait auparavant. Comme une sorte de transition, j’aimerais que le titre garde un peu de cette noirceur pour la suite, sans le côté emo-Harley qui va vite devenir agaçant. Mais du moins, que le sérieux prenne le pas sur l’humour vulgairo-grossier-sexistes-machiste-débiliste.
Est-ce vraiment une nouvelle chance pour le personnage ?
Ce numéro pourrait-il alors nous amener à penser qu’il s’agit là d’une nouvelle chance pour le personnage ? J’aime à le croire et je suis optimiste. Le nouveau profil est intéressant et permet une séparation entre Harley Quinn et le gang of Harleys afin de lui donner son utilité propre, sans passer par Harley Quinn qui les dirige de façon aléatoire.
On se retrouve alors avec un méchant qui n’est pas vraiment inventé et qui nous vient d’un non-sens complet. Ici, l’histoire est recherchée. Un peu comme si on prenait un épisode de Batman avec Man-Bat et qu’on le retranscrivait au féminin pour une approche intéressante. Ceci n’est en rien du spoiler si vous n’avez pas lu le numéro, car la couverture et la preview nous annonçaient déjà de la chauve souris géante, qui aurait pu entre les mauvaises mains être utilisée juste comme une grosse blague. On retrouve ici des personnages familiers qui apportent eux aussi un ton plus sérieux à ces pages, et détourner Langstrom et toute son histoire serait un mal absolu tant les histoires peuvent être intéressantes et passionnantes quand on aime le/les personnages. Le retour de ce personnage comme le retour de Metamorpho dans The Terrifics commence déjà à faire parler suite à l’event Doomsday Clock et des éléments liées au deux personnages (cf Doosmday Clock #2 et The Superman Theory). Mais si le lien n’est pas établi et que l’arc se suffit à lui même sans vraiment tomber dans la manipulation gouvernementale, cela sera déjà bien d’intégrer un vilain de cette trempe. Il faut juste éviter de faire retomber Harley dans le grand n’importe quoi pour la suite, comme si elle allait toucher le fond pour revenir encore plus insupportable et idiote que jamais (pitié non).
Si vous aimiez la violence, elle est toujours présente et assez plaisante, mais sans l’humour qui va avec, et répondant seulement aux pulsions assez justifiées de l’héroïne qui se détourne de toute moquerie ou boucherie inutile.
Une partie graphique déroutante
Maintenant, la partie qui me fâche le plus reste le visuel. Bien entendu, c’est beau. Inaki Miranda a un style bien particulier et c’est beau. Mais, malheureusement, si son attrait pour les monstres et autres créatures surnaturelles se ressent, côté personnage, tout le monde se retrouve lissé et perd de son charme, transformant Tony en bel homme en résilles. C’est dommage car un peu de grain aurait permis encore plus de plonger dans le côté noir de l’histoire. De plus, si l’aspect sexuel est légèrement mis de côté, Harley se retrouve quant à elle encore moins habillée que d’ordinaire avec un short qui semblerait même parfois rétrécir entre les planches. Si vous me lisez régulièrement, vous savez que j’aime Inaki Miranda (surtout en duo avec Eva de la Cruz, absente ici au profit de Jeremiah Skipper). Mais là, certains dessins ne collent pas et ça me froisse.
Notons également la couverture par Amanda Conner et Hi-Fi qui laissait penser à un numéro qui reste dans le fun, alors que pas du tout et en cela, j’ai aussi pu être surprise par la direction prise par Frank Tieri à l’intérieur du numéro.
C’est donc avec optimisme que je vais continuer de lire et donner une chance à Frank Tieri et ses histoires sur le titre Harley Quinn. J’espère ne pas chuter trop lourdement en retombant dans les travers connus sur les numéros publiés depuis les débuts solo du personnages, et j’avoue qu’il reste une part de moi qui en a peur. Mêler l’univers de Batman avec Harley Quinn, instaurer un vilain qui a une véritable histoire, et donner un côté moins idiot à Harley Quinn me plaît et se pose pour l’instant comme étant rassurant. Peut-être pourriez-vous donner un coup d’essai si vous étiez déçus par l’équipe précédente.
« Rhabillez Harley » : Mais tellement. Et c’est pas comme si on manquait d’idées dans les autres médias. Quoi qu’il en soit merci bien pour cette review encourageante, on va peut-être pouvoir retourner sur la série ! :)
« Rhabillez Harley s’il vous plaît » Ah oui, c’est sur que la combi d’origine beaucoup trop moulante c’était mieux… XD
Harley Quinn, un personnage féministe, tout le monde le sait… XD