Nous y sommes en fin, la fin du voyage, le dernier acte d’un univers commencé il y a plus de trente ans. Les attentes sont-elles justifiées ? Devez-vous vous lancer dans cette suite ? Toutes ces questions trouveront leurs réponses ici. Le tome étant court, je vais m’efforcer de faire deux reviews, avec et sans spoilers.
Une bonne conclusion (Sans spoiler)
Batman a succombé lors de la bataille l’ayant mis lui et Clark face à l’armée fanatisée de Kandor, et Lara se dirige dangereusement vers le foyer des amazones afin d’enlever son petit frère et potentiellement le sacrifier. Ce dernier acte n’est pas avare en moments de bravoure. Wonder Woman est plus badass que jamais, la relation entre Clark et Batman est crédible et correctement dosée entre amitié et respect mutuel, le postulat final laisse de nombreuses possibilités de suite(s), et le tie-in final faisant office de conclusion -Dark Knight Universe Presents: Action Comics #1- constitue un épilogue assez touchant en plus de son aspect grande réunion de famille. L’avantage étant que contrairement aux tomes précédents, Miller aux dessins fait de gros efforts en assurant la partie graphique des tie-ins et évite de nous servir une bouillie indigeste. Néanmoins, hormis le numéro Action Comics, ces histoires se déroulant en parallèle sont finalement assez anecdotiques, mention spéciale à celle sur Bruno –la nazie, pas le journaliste homosexuel-. Par ailleurs, en dépit de toutes ses qualités, après six numéros, force est de constater que le propos sur le terrorisme se perd quelque peu, et c’est dommage.
Du terrorisme à la happy ending (Avec spoilers)
Dès le début de cette aventure, l’intention de Miller était claire, développer un raisonnement sur le terrorisme et l’endoctrinement de la jeunesse qui va de pair, surtout dans le contexte actuel. Le problème est que toute cette idée se retrouve progressivement éludée derrière une histoire de super-héros originale certes, mais dont le propos se perd un peu. L’affrontement entre Lara et Superman au début de la série était cohérente, mais l’histoire se déroulant sur un temps au final assez succin, la manipulation du chef de Kandor arrivant à persuader la jeune femme d’aller capturer et sacrifier son petit-frère fait un peu forcée et caricaturale -même Itachi Uchiwa en son temps avait compris que butter son cadet n’était pas la meilleure des idées-. Le personnage en devient malheureusement vite insupportable, mais plus étonnant encore, la volonté de servir une véritable happy ending reste paradoxale pour un comics traitant de terrorisme, laissant un sentiment d’aseptisation. Pour résumer, Lara fonce dans le soleil emportant avec elle l’antagoniste principal, mais en sa qualité de kryptonienne, survit, et ainsi, tous les méchants meurent et tous les gentils restent en vie –bien que le sort de la commissaire Yindel qui se fait flinguer dans un tie-in reste incertain-. Autre problème à mon sens, le traitement de Green Lantern. Après s’être fait couper la main histoire de ne pas le voir arriver dans le conflit plus tôt, le personnage est utilisé comme un deus ex machina un peu grossier, n’apparaissant dans la série principale que l’espace de trois planches, sans expliquer comment il arrive à gérer un groupe de bourreaux de Kandor. Et c’est dommage, vraiment dommage.
Ce dernier tome offre une conclusion convaincante à la série. Le traitement des personnages est original et les relations entre ces derniers touchantes. Néanmoins, le propos sur le terrorisme se perd progressivement, et certaines facilités scénaristiques couplées à une fin faisant assez artificielle font de Dark Knight : The Master Race une bonne lecture, sans que cette dernière n’arrive une minute à la cheville de ce qui a été fait auparavant. Alors, au final, est-ce que je vous recommande cette série ? Oui, évidemment. Est-ce que je vous recommande l’achat de ce tome ? Ceux ayant acheté les précédents se le seront déjà procuré, les autres, je vous conseille sans doute d’attendre l’annonce d’une intégrale au lieu de payer 15€ un tome moins fourni qu’un kiosque Rebirth.