Review VF – Justice League Rebirth Tome 2 : Etat de terreur

Nous sommes en 2016, Rebirth s’amorce, la plupart des titres reçoivent une nouvelle équipe créatrice. C’est le cas de Justice League qui, après cinq ans sous la plume de Geoff Johns, passe entre les mains de Brian Hitch. Un nom pas spécialement des plus rassurants, mais laissons lui le bénéfice du doute. Résultat : son premier arc se montre plus que décevant, sans ambition, alors que le titre est censé être le porte étendard de DC. L’auteur peut-il se rattraper ? C’est ce que nous allons voir dans cette review du second tome de Justice League Rebirth.

Un blockbuster sans subtilité

Après un premier arc qui nous faisait entrer sans préambule dans le vif de l’action, on pouvait espérer que le second permettrait à l’équipe de se poser. Que nenni, la recette est la même ici : une énorme menace sans visage fait face à la ligue de justice. Le choix est déjà bien discutable, mais n’est sauvé ni par son propos, son texte ou ses dessins. Quand on décide de se lancer dans un récit 100% blockbuster, la moindre des choses est de livrer des dessins spectaculaires et soignés. Ce n’est pas du tout le cas ici, mais difficile de rejeter la faute sur un dessinateur en particulier. En effet, c’est un éventail de dessinateur qui se succède en l’espace de trois numéros, Neil Edwards s’installant pour le second arc de l’album. Sans que ce mélange ne soit particulièrement dérangeant, le style global étant assez mainstream, c’est le manque de soin qui marque. Les corps et visages sont selon les personnages assez étranges et aux traits souvent grossiers. Une caractéristique qui s’applique également aux décors.

Mais ne nous acharnons pas sur la partie visuelle du tome, son échec résidant principalement en un nom : Brian Hitch. Le goût de l’auteur pour la destruction massive et les récits blockbusters ne serait pas dérangeant outre-mesure s’il savait les varier. A la lecture de ce tome, on peut néanmoins se dire que c’est peut-être ce qu’il y a de mieux venant de lui. En effet, dès que l’auteur fait parler ses personnages, le malaise est complet : aucune subtilité, des paroles absolument pas naturelles, très courtes, comme pour répondre au tac-o-tac sans que cela fonctionne. Pour constater cela, il suffit de prendre le premier arc en deux numéros que contient ce tome. Dans celui-ci, les différents membres de la Justice League sont infectés par un virus qui révèle leur peur la plus profonde. En soit, l’auteur peut avoir des idées intéressantes, comme pour Barry qui trouve que le monde est trop lent, ou encore Jessica dont l’agoraphobie est d’autant plus soulignée ici, mais les dialogues détruisent tout le peu d’intérêt que l’auteur arrive à amener. Les situations sont invraisemblables et complètement forcées, tout comme l’incrustation du champ lexical de la peur pour montrer que oui, nos héros sont apeurés. Ne parlons même pas de certains personnages qui se voient pourvus d’une caractérisation abominable. Et non monsieur Hitch, le contexte de la peur n’excuse pas toutes vos bévues.

Quelques idées intéressantes pour le second arc

Le second arc n’échappe pas à la recette ultra-blockbuster mais se montre peut-être plus intéressant. En effet, Hitch fait ici le choix de mettre en avant la partie civile, celle qui est sauvée par la ligue, celle qui constitue le cœur de leur mission comme il le rappelle. Ici, l’auteur rebondit sur le premier arc qui a fait d’intenses dégâts tout autour du globe. Nos héros ont cependant bien effectués leur travail, ou presque, puisque une seule personne y a perdu la vie. Une perte qui résonne au sein de la ligue, ce qui est un bon point puisque cela participe à démontrer la valeur d’une vie aux yeux de chacun des héros. Ainsi, suite à cette disparition, une menace s’en prend à toute la ligue, et le suspect n’est nul autre que le mari de la défunte. Cela rappellera notamment le second arc de la Justice League sous Geoff Johns, qui avait placé en menace un auteur qui avait autrefois idolâtré la ligue pour ensuite la détester suite à la perte de sa famille. Des histoires certes bien différentes, mais une volonté commune de mettre la ligue face au commun des mortels, à ses responsabilités. Cependant, Hitch choisira de ne pas se concentrer à 100% là-dessus et préférera partir dans un sombre délire de hacking qui conduira à un bête affrontement entre la ligue et une armée de vilains. Bref, trop peu de temps passé sur la partie véritablement intéressante du récit, et trop sur l’action décérébrée.

Ce second tome est dans la droite lignée du précédent : un condensé d’action, d’action, et d’action. Quelques éléments sont à sauver, mais cela reste finalement minime. Si encore ce blockbuster était bien écrit, cela serait acceptable, mais force est de constater que Brian Hitch a véritablement du mal à livrer des dialogues et récits convaincants. Il ne reste finalement plus que la promesse de voir ces histoires s’imbriquer pour former un tout plus gros. A réserver aux fans de récits blockbusters qui font preuve de tolérance.