C for Crossover #7 : Spawn/Batman (Special Halloween)

– Nous y voilà, Earth-692, Amalgam Universe, ça me fait toujours quelque chose de revenir ici !
– B…Blue, c’était quoi la mission que nous a confié la chef ?
– Je te l’ai déjà dit, nous sommes là pour faire un rapport sur la JLX et étudier les conséquences de la sortie du film Justice League sur cette dernière.
– Et qu’est-ce… qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
– On prend des vacances ! 
– Comment ça ?
– J’ai trafiqué le planning pour faire croire qu’on avait besoin d’au moins deux mois pour s’acclimater à cette Terre. Et le pire, c’est qu’ils y ont cru !
– Mais… Mais c’est malhonnête ! Tu as menti !
– Woaw, les adultes mentent, première nouvelle ! Tu en as d’autres des comme ça ? Au lieu d’être si rabat-joie, tiens le Portal Gun le temps que je compte combien il me reste dans mon portefeuille. J’avais promis à Lobo The Duck un verre à mon prochain passage sur Amalgam.
– B…Blue ?
– Faudrait que j’aille faire changer ces crédits républicains…
– La… La lumière orange, elle…
-Hey, Billy, tu vas pas le croire, j’ai encore des Mornilles, des noises, et des gallions !
– BLUE !
– Quoi ?
– Le bouton orange, il clignote, j’ai appuyé et…
– T’as fait quoi ?!! C’est le bouton événementiel et nous sommes en pleine période d’Halloween ! Même moi je ne sais pas où nous allons être envoyés ! Ça pourrait être aussi bien l’enfer, qu’un prime de TPMP, ou même… Manhattan ?
– Salut !
– AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !
– Eh merde… Billy, je te présente Spawn !

Spawn est un ovni dont la popularité n’a fait que croitre depuis sa création dans les années 90. Aussi étrange que cela puisse être, l’antihéros a réussi s’imposer dans la culture populaire au-delà du stupide et puéril clivage Marvel/DC, et cela mérite d’être salué.

Mais avant de commencer, qui est Todd MacFarlane ?
Todd MacFarlane, né en 1961 à Alberta (Canada) connait l’histoire de milliers de dessinateurs avec du talent, mais qui n’arrive pas à se faire une place dans le monde ultra-fermé du comicbook américain. Après environ 700 lettres de candidatures dans différentes maisons d’édition et alors qu’il envisage d’abandonner, Epic Comics, en 1984, lui propose de travailler sur la série Coyote, en lui confiant les backups de plusieurs numéros. Son travail lui ouvre les portes des deux grands piliers de l’industrie. Pour Marvel, il illustre la série Incredible Hulk, tandis que chez DC, l’artiste est placé sur les titres Batman : Year Two et Infinity, Inc. – vous les avez tous oublié à part Huntress et Power Girl et personne ne vous en veut, ne vous en faites pas-. Mais c’est en 1988 que sa carrière décolle quand on lui confit la lourde tâche d’être le dessinateur de la série The Amazing Spider-Man. De part le dynamisme de poses qu’il donne à l’araignée, le détail des toiles, moins rigides qu’auparavant, l’apparition des grands yeux sur le masque du tisseur, et le design du nouvel antagoniste Venom, McFarlane marque à jamais l’histoire du personnage le plus bankable de la maison des idées.

Pour l’anecdote, la couverture du numéro 313, à l’origine commandée à l’artiste pour 700$ a été vendue en 2010 pour la modique somme de 71 200$. En 1990, l’éditeur lui propose la place de scénariste et dessinateur sur une nouvelle série Spider-Man. Le numéro se vend à 2,5 millions d’exemplaires, les ventes étant notamment aidées par un procédé qui se démocratisera par la suite : une cover = pognon, plusieurs covers = plus de pognon. À cette époque, à l’insu de ses parents, l’auteur gagne environ un million par an. Néanmoins, malgré des dessins acclamés, son écriture commence à être critiquée. Traitée de maladroite par certains fans, son ton, jugé par l’éditeur comme trop dark pour un personnage lumineux comme l’araignée, dérange. Eh oui, parce que voir Spider-Man traiter de viol d’enfants et de corruption policière ne plait pas à tout le monde, et surtout aux magasins, qui, pour certains, refusent de vendre le titre. Ainsi, avec l’argent engrangé, il quitte l’année suivante le titre et part fonder Image Comics en compagnie de Marc Silvestri, Rob Liefeld, Erik Larsen, Jim Valentino, Jim Lee et Whilce Portacio. Reprenant les thèmes qui lui avaient valus diverses controverses chez Marvel, il créé en 1992 une série plus personnelle, Spawn, dont le premier numéro se vend à 1,7 millions d’exemplaires. Et c’est ici que tout commence.

Spawn, un résumé rapide

Al Simmons est un militaire américain ayant gravi les échelons grâce à ses compétences. Accomplissant des missions secrètes, et manipulé par son chef qu’il croit être un homme bien, notre héros réalise progressivement les horreurs qu’il commet, et par amour pour sa femme Wanda, décide d’arrêter sa contribution à ces actes barbares. Cela ne plait pas à son boss, Wynn, qui lors de la dernière mission de Al, demande aux autres membres du groupe d’immoler leur ancien camarade. L’ancien militaire meurt, et se retrouve à la case enfer, au huitième cercle précisément, où il pactise avec Malébolgia, le maître des lieux. Pour revenir à la vie, le lieutenant Simmons accepte de lui vendre son âme et de devenir le leader des troupes des Enfers dans la guerre les opposants au Paradis. Le démon le torture pendant cinq années et le renvoie sur Terre, brisé et défiguré, sous la forme d’un HellSpawn. En gros, il est recouvert d’une cape réceptive à ses émotions et qui lui permet de se téléporter, a des chaines qui remuent en cas de danger, peut soigner les blessés, et est immortel tant qu’on ne lui coupe pas la tête –Christopher Lambert es-tu là ?-. Spawn se rend compte que pécho avec un visage carbonisé risque d’être compliqué, mais décide de quand même retrouver sa femme.

Malheureusement, il se rend compte que cette dernière s’est remariée et a eu un enfant avec son meilleur ami. Sur ces entre-faits, Malébolgia lâche un natif des enfers, Violator, sur Terre, afin qu’il pousse Spawn à tuer. Tout ne se passe pas comme prévu quand le démon au nom d’album de Depeche Mode se met lui-même à abattre tout ce qui bouge. Le chef du huitième cercle le punit, mais un nouveau problème apparaît. En effet, certains des individus tués sont des mercenaires engagés par Tony Twist, un mafieux local. Ce dernier envoie donc Overkill, une sorte de Cyborg blanc, méchant, et sous stéroïdes, commettre un massacre en ville afin de trouver le responsable. Spawn intervient, bat son ennemi, et menace Tony de lui faire sa fête s’il recommence. Quelques temps plus tard, un homme du nom de Cogliostro vient à la rencontre de Simmons, révélant qu’il n’est autre qu’un ancien HellSpawn du Moyen-Âge, et que s’il le souhaite, il peut l’aider dans la voie de la délivrance. À noter que Cogliostro a été co-créé par Neil Gaiman, ce détail déclenchant un procès de dix ans de 2002 à 2012, McFarlane voulant récolter plus d’argent des royalties, arguant que Gaiman n’était que son employé pendant cette période, et que par conséquent, le dessinateur de Spider-Man était le seul propriétaire du personnage.

Depuis, Spawn a gagné sa place dans la culture populaire. Certains se souviennent sans doute du film de 1997 réalisé par Mark Dippé. Massacré par la critique, ce qui n’est, dans un sens, pas infondé non plus, certains spécialistes ont tout de même salué la qualité des effets spéciaux. Rien d’étonnant, le réalisateur étant entre autre, l’homme ayant créé le T-2000 de Terminator 2, et les dinosaures de Jurassic Park, rien que ça. Plus que cela, Al Simmons possédant une fan-base très solide, les membres de cette dernière n’ont eu de cesse d’inclure le personnage dans leur divers travaux, y faisant références, l’utilisant ou le détournant, et je ne parle même pas de la série animée aux deux Emmys Awards.

– Blue ! Le gosse, il ne bouge vraiment plus là…
– Tu m’étonnes, avec la peur que tu lui as foutu ! Quelle idée de ne pas mettre ton masque aussi ! Billy ! Billy ? Ça va ?!! 
– S…Son..Son vi…Son visage.. Il…Il… Il est…
– Super Al, géniales les vacances ! Bravo, j’applaudis des deux mains !
– Désolé, ça fait longtemps que plus personne ne met les pieds ici. Même tes doppelgangers ne viennent plus.
– Là faute à qui ? C’est sûr que si tu les accueilles comme ça…
– On fait quoi maintenant ?
– C’est à moi que tu demandes ça ? T’es un HellSpawn, un type avec des pouvoirs quasi-divins, et tu me demandes À MOI ce que l’on fait ? T’as pas une sorte de grigri ou un soin magique ?
– Je peux essayer, mais je ne promets rien, je… Attends une seconde, tu entends ça ?
– Entendre quoi ?
– Deux hommes, une allumette, de l’essence, ils vont commettre un crime, je dois y aller ! Je reviens !
– Non mais il se fout de ma gu…

Batman, blessé à l’épaule, vient d’en finir avec des petits voyous et continue sa progression dans un entrepôt mal famé.  Découvrant dans des caisses des armes provenant d’une « ancienne dictature », des gants de combats mécaniques, il est soudain interrompu par l’attaque d’un robot géant. Le chevalier noir se prend une rouste, et alors qu’il est sur le point de tomber inconscient, enfile le gant pour exploser son adversaire. L’occasion de savoir qui vont être les méchants de cette nouvelle aventure de Frank Miller sur le « Goddamn Batman ».

La technique est efficace, et petit à petit, l’armure métallique du tas de boulons commence à ployer sous la force des coups. Bruce Wayne découvre à l’intérieur une tête d’humain, qu’il arrive à extraire avant l’autodestruction du robot. Batman retourne ensuite à la Batcave, la tête sous le bras, afin de l’analyser. Entre deux punchlines du style « I don’t get nightmares. I give them », il s’avère que le macchabé n’est autre que Louis Bacchus, 42 ans, alcoolique, résidant à Manhattan, et présumé mort.

Du coup, Batman se rend à New York, afin d’essayer d’en apprendre plus. Sur place, il entend parler d’un certain « Al », un homme qui aurait des pouvoirs magiques, et se décide à le prendre en chasse à coups de grappin, l’air de la Big Apple lui donnant des envies de prendre la pose façon Spider-Man.

De l’autre côté de la ville, Spawn, ayant appris la disparition de certains de ses amis, est, sans le savoir, sur la même enquête que le Bat de Gotham. Alors qu’un clochard est en train de dormir, deux malfrats tentent de l’immoler par le feu –eh oui, parce qu’on peut immoler par l’eau, la terre, et même le bois et le fer. Faisant écho à la propre histoire de Al, et luttant contre la criminalité de son quartier, Al intervient aussitôt pour sauver le malheureux, mais arrive trop tard. Utilisant ses pouvoirs de HellSpawn, il venge la mort du pauvre homme en envoyant les criminels directement brûler en enfer.

Seul problème, Batman a vu toute la scène et se jette sur le héros aux yeux verdâtres, engageant le combat. Tous les deux très vite à bout de souffle, les adversaires battent en retraite chacun dans des directions opposées. D’un côté, Spawn suit la piste qu’un habitant lui a fourni, et tombe lui aussi sur un robot dans lequel est dissimulée la tête d’un habitant de New York. Après avoir défait le monstre de métal, il découvre des enregistrements dévoilant les recherches illégales, mais surtout le visage de son ennemie, une femme faisant partie de l’escouade barbare dans laquelle Al travaillait : Margaret Love. Coïncidence rigolote qui n’en est peut être pas une, au même moment, un Bat-signal apparaît dans le ciel de la ville, et arrivé sur place, une femme demande à Bruce d’arrêter la créature magique qui sévit dans le quartier. Du coup, rebelote, baston.

Mais en fait, TAN TAN TAN, C’ETAIT UN PIÈGE ! Qui l’eut cru ? Un nouveau robot géant débarque, mais les deux héros sont trop faibles pour l’affronter. La machine commence par passer à tabac Batman, puis lui transperce une artère, laissant le chevalier noir se vider de son sang. Spawn concentre ses pouvoirs, détruit la machine sous les encouragements de Bruc… ah non…

Soudain, Spawn se rend compte que le cœur du héros de Gotham vient de s’arrêter. Le HellSpawn puise donc dans ses dernières réserves pour ramener la chauve-souris à la vie, ce qui lui vaut une reconnaissance éternelle de ce dernier… Non, je déconne, en fait, Batman est encore plus un douchebag que jamais, et continue d’insulter son sauveur alors même qu’il est en train de le soigner…

Dans le processus curatif, les deux héros partagent leurs souvenirs, et Batman finit par arrêter momentanément d’être un individu détestable, lorsqu’il comprend qu’il a été manipulé. De ce fait, le duo se met enfin en quête de la boss finale qui est en train de tenter de revendre ces armes au président américain, après avoir préalablement drogué le punch de la réception privée afin que le public soit plus ouvert à sa proposition. Les gentils explosent tout –soit dit en passant, on ne sait pas ce qu’il advient des invités- et Margaret finit embrochée par une de ses propres créations.

Dernier retournement de situation, avant de rendre son dernier souffle, la criminelle lance une bombe atomique en direction de New York, comme tout bon méchant de série Z le ferait. Spawn téléporte le duo de héros directement sur l’ogive, et le Goddamn Batman arrive à la force de ses bras à la dévier en direction de la mer. La bombe H esquive de quelques mètres le sol de la ville. La ville est donc évidemment sauvée…

Toutes ces mésaventures étant terminées, Al propose à Bruce d’enfin enterrer la hache de guerre, mais c’était sans compter sur le retour du Bat-Douchebag au meilleur de sa forme, qui coupe la discussion en lui plantant un batarang en plein visage… FIN

PS :  Hey, le saviez-vous ? Ce numéro est bel et bien canon dans la continuité Spawn. Clap clap clap your hands !

– Voilà, terminé !
– Super, maintenant, répare-moi le gamin !
– J’ai besoin de quelque chose avant ?
– Un poulet à décapiter pour faire un pentagramme ?
– Une promesse. La promesse que tu reviendras l’année prochaine à la même date pour me voir !
– Attends, tu me fais du chantage là ?
– C’est à prendre ou à laisser…
– Pfffff… Deal ! Si tu peux, profites-en pour lui effacer les souvenirs de ça, je lui filerai une fiche récapitulative sur toi pour qu’il ne soit pas si surpris la prochaine fois. Allez dépêche, on n’a pas toute la journée !
– Tu me sembles tendu. Encore brouillé avec Joanie ?  
– Soigne le gosse et passe-moi les conseils conjugaux !
– Je prends ça pour un oui, mais bon, je ne me fais pas de soucis, vous vous réconciliez toujours à Noël !
– Même pas vrai…
– Si tu le dis. Bon voilà, c’est terminé. Une fois de retour chez toi, il aura tout oublié.
–  Parfait. Maintenant, ce n’est pas que je n’aime pas m’éterniser ici, mais un peu quand même. Portal Gun activé.
– À dans un an, et n’oublie pas Blue, tu as promis !
– Allez tchao mon grand, et Happy Halloween ! Bon, où en étions-nous ?
– Je… Je me sens bizarre. Où est-ce qu’on est ?
– Earth-692, Amalgam Universe, ça me fait toujours quelque chose de revenir ici !
– B…Blue, c’était quoi la mission que nous a confié la chef ?
– Je te l’ai déjà dit, nous sommes là pour faire un rapport sur la JLX et étudier les conséquences de la sortie du film Justice League sur cette dernière.
– Et qu’est-ce… qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
– On tente d’enfin prendre des vacances ! 

À SUIVRE…

Enfin terminé, des heures de taff à rédiger tout ça en écoutant du Billy Idol pour un résultat assez massif, que, espérons-le, vous prendrez plaisir à lire. Le numéro était, avouons-le, plutôt mauvais, et assez décevant lorsque l’on connait les deux talents qu’il réunit. Batman est, sous la plume de Miller un colossal enfoiré, mais heureusement, les dessins de McFarlane sauve le tout. Dans tous les cas, faîtes-moi part de vos retour car le numéro précédent représentant tout autant de travail n’en a eu aucun. 
Lisez des comics, lisez du Spawn, et à une prochaine fois ! Happy Halloween !