Dernière œuvre du regretté Adam West, suite directe de Batman : Return of The Caped Crusaders, Batman vs Two-Face, se concentre sur la relation entre le Chevalier Noir et Harvey Dent, personnage qui n’est jamais apparu dans la série d’origine Batman ’66, dont l’ADN est de nouveau emprunté par Rick Morales pour le bien de ce film animé.
Nom d’une animation complètement loufoque !
De 7 à 77 ans
Si on devait construire un nuage de mots-clé sur Batman vs Two-Face, authenticité serait sûrement le plus visible. Les nostalgiques de la série, d’une époque révolue depuis, peuvent autant s’y retrouver que les jeunes amateurs adeptes de memes sur Internet, à coups de claque dans la face et d’onomatopées fluorescentes.
Au même titre que la thématique de l’enquête, Batman vs Two-Face accouche d’une dualité de tous les instants étant à la fois une lettre d’amour fun à un Batman classique et une réalisation parodique. Cette dernière surfant sur l’auto-dérision assumant le côté kitsch (pour ne pas dire ringard) du matériau d’origine pour au final être les deux faces d’une même pièce. Un peu à la manière de The Lego Batman Movie, le réalisateur réussit donc à capter, et à retranscrire avec passion ce qui rendait Batman ’66 si divertissant, laissant malheureusement à quelques moments le spectateur en bord de route.
Là où le rythme du film pâtit donc parfois de l’apparition de vilains comme King Tut, Bookworm ou encore Hugo Strange (qui ne trouve pas tellement sa place ici), il se rattrape par la volonté de placer des caméos au poil comme Catwoman, le Joker ou le Riddler. Autant de personnages se retrouvant dans des situations ubuesques aux dialogues travaillés et où l’humour fait souvent mouche. Parce que c’est aussi le point fort de Batman vs Two-Face. L’écriture est aidée par le casting original avec l’ajout bien senti de William Shatner pour camper Harvey Dent, même si la voix de Selina Kyle n’est pas nécessairement raccord avec son personnage. D’autant que l’animation fait la part belle à l’habituel DCAU, en représentant parfaitement l’ambiance de l’époque et les relations très étroites entre les personnages.
Une relation tout en sous-entendus
Souvent attribué à Batman & Robin dans la culture populaire, le caractère gay de la relation du Duo Dynamique est intelligemment repris dans Batman vs Two-Face. Ainsi, on se retrouve souvent face à un sentiment de jalousie de la part du Boy Wonder, qui n’accepte naturellement pas les liens profonds d’amitié entre Harvey Dent et Bruce Wayne. L’exposition de la bromance n’a pas pour unique but de faire un ultime clin d’œil à l’inconscient collectif, puisque la double lecture ne s’arrête pas là. Il faut aussi compter sur les quelques allusions phalliques de Dick Grayson dans des situations complètement bizarres que seul un film de ce genre décalé peut se permettre.
On reste donc sur un sentiment doux-amer d’un brillant hommage au matériau original. Ouvertement parodique autant dans sa trame que dans la résolution du climax, on se dit toutefois que la réunion de voix que compte Batman vs Two-Face était hélas la dernière. Rest well, Bright Knight.