Batman : Année un, Un long Halloween, Amère victoire, Killing Joke… Tant de monuments qui ont marqué l’histoire de Batman. En 2006, Matt Wagner s’attaque au personnage en ramenant sur le devant de la scène des histoires emblématiques du Chevalier Noir tout droit sorties du Golden Age. Si la notoriété de l’œuvre est loin des récits piliers de Batman, il serait faux de dire qu’elle n’en a pas les qualités. Dans une continuité post-Crisis, il s’agit donc de réintroduire ce qui a depuis très longtemps disparu, le tout se déroulant entre le Year One de Miller et le Man Who Laughs de Brubaker. Pour cela, on a le droit à deux mini-séries : Batman and the Monster Men (qui a grandement inspiré le premier crossover de l’ère Rebirth) et Batman and the Mad Monk.
Très grande maîtrise du début à la fin
Ahurissant. Atteindre un tel niveau de maîtrise tout au long de l’histoire relève du quasi-impossible, mais pourtant Wagner l’a fait. Entre des caractérisations solides, des intrigues où tout est bien dosé et des dessins de haut niveau, il y a de quoi rester admiratif ! Des idées, il y en a beaucoup, ce qui permet de doter ces mini-séries d’une grande richesse. Le nombre important d’intrigues empêche de se lasser et c’est avec satisfaction qu’on arrive au bout des récits. Tout se tient d’une manière exemplaire avec très peu de temps morts et sans jamais tomber dans la surenchère d’action. De même, le récit n’est jamais lourd, tous les dialogues et monologues trouvent leur place.
En ce qui concerne l’avancement de l’histoire, le côté détective de Batman est souvent mis en avant et c’est avec plaisir qu’on le voit cheminer dans son enquête alors que nous, lecteurs, connaissons ce qui doit être découvert, ce qui ne nous empêche pas d’apprécier ce qui nous est raconté. De plus, Wagner a su trouver le rythme qu’il faut pour nous retenir en ne s’étalant pas plus de quelques pages sur le développement d’une quelconque situation. Néanmoins, on peut noter une baisse de qualité dans le scénario du second récit, là où tout était fluide dans la première histoire. C’est relativement peu important par rapport à la qualité globale du bouquin, mais cela reste à noter tout de même.
Des narrations prenantes
Le tour de force est de raconter une histoire selon six points de vue différents — ceux de Batman, Jim Gordon, Hugo Strange, Julie Madison, son père, Norman Madison et l’assistante du Moine Fou — avec un équilibre maîtrisé. Les intrigues se développent doucement et aucune n’est vraiment moins intéressante qu’une autre. Cela permet d’approfondir Batman autant que Bruce Wayne avec réalisme. Ici, chacune des identités du héros influe sur l’autre. Le justicier est très humain, tout en restant intimidant quand c’est nécessaire. Les autres personnages ne sont pas en reste non plus. Julie Madison bénéficie d’une caractérisation précise et rigoureuse qui nous permet de nous plonger totalement dans la lecture et la découverte de l’histoire. Chaque personnage rencontre ses difficultés, cherche à les surmonter, se laisse submerger par ce qui lui arrive, fait face à des situations inconnues pour lui, ce qui les obligent à faire des compromis. Tout est écrit avec une justesse remarquable et on ne peut qu’apprécier le résultat.
Des dessins et une ambiance à tomber
Si vous aimez Batman : La série animée (en même temps, qui ne l’aime pas ?), vous devriez être totalement sous le charme de cette œuvre tout au long de votre lecture. Entre les designs des différents personnages, notamment Batman, et l’ambiance sombre bien connue de la série de Dini et Timm, ce comicbook arrive à en prendre ce qui est utile et le mêle à l’atmosphère que Miller et Mazzucchelli ont installée dans leur Year One dont, je le rappelle, ce comics est la suite. Un mélange d’une justesse irréprochable pour un rendu final très plaisant. À part si vous êtes absolument allergique au style « cartoon » (faute d’un meilleur mot) de Timm, dont le style de Wagner se rapproche, vous devriez y trouver votre compte. Notez cependant une légère baisse de qualité de nouveau dans la deuxième histoire, que ce soit aux niveaux des dessins ou de la colorisation. On peut aussi remarquer la présence de dessins inutilement vulgaires à de trop nombreuses reprises. L’évolution entre l’intrigue avec Hugo Strange et celle avec le Moine Fou est pour le moins notable, et c’est vraiment dommage de commencer si haut pour redescendre de la sorte.
Finalement, on aurait pu tenir ici un chef d’œuvre si le second récit ne décevait pas par rapport au premier d’un point de vue d’abord scénaristique, mais surtout artistique. Ce n’est pas mauvais, loin, très loin de là, mais force est de constater que la déception est tout de même présente. Mis à part ces détails, on tient ici un des meilleurs récits sur Batman. Entre développement solide des personnages, intrigues prenantes, dessins de haute volée et mise à jour des premières aventures vécues par le Chevalier Noir, Batman et les Monstres est un indispensable à posséder au même titre qu’Un Long Halloween ou Dark Knight Returns. Foncez !
Tiens je ne m’y attendais pas.
Vous pouvez me dire dans l’ordre chronologique les albums qu’il faut lire apres »Year one » pour finir les jeunes années de Batman post Crisis s’il vous plait ?
Après Year One, The Man Who Laughs qui est dans l’anthologie du Joker si je me souviens bien, Un Long Halloween, ensuite les Batman de Wagner, Amère Victoire ensuite, et Des ombres dans la nuit.
C’est là les récits fondamentaux, chez Urban, mais tu peux bien compléter avec les collections classiques avec Batman par Jim Aparo ou le Batman Gothic qui est aussi publié chez Urban. Si tu inclues dans les jeunes années, l’arrivée des sidekicks, il y a aussi Batgirl et Robin Year One qui sont de très bonnes lectures.
En gros c’est ça. Sauf que les Batman de Wagner se déroulent entre Year One et The Man Who Laughs.
Oui Gothic de Morrison/Janson est excellent et aussi « Prey » qui est bien et qui se passe juste après « Les Monstres ».
En revanche The Man Who Laughs est décevant, y’a largement mieux chez Brubaker.
Mais en tout cas Wagner, c’est pas n’importe qui ! Un indispensable Batman clairement. En plus la présence des épisodes originaux de Kane/Fox/Finger aident à bien comprendre le travail de modernisation et de remise au gout du jour de ces histoires canoniques et ancestrales.
PS : quelqu’un a lu Grendel ??
Tout ce que tu as cité sont sortis chez Urban ?
Yep!
Donc en album VF sa donne chronologiquement pour les jeunes années de Batman :
1-Batman Year One
2-Batman Un Long Halloween
3-Batman Amère Victoire
4-Batman des Ombres dans la Nuit
5-Grant Morisson présente Batman tome 0
6-La Proie d’Hugo Strange
7-La saga de Ra’s Al Ghul
8-Robin année un
9-Batgirl année un
J’ai rien oublié ?
Bah t’as oublié ‘Les Monstres’ justement ! Qui se lit juste après Year One. Et t’as oublié ‘The Man Who Laughs’ qui est présent dans une anthologie (celle du Joker ?).
ah oui, lol merci