Review TV – Lucifer S03E01 : They’re Back, Aren’t They ?

Eh, j’ai de la chance que cet épisode ne soit vraiment pas très bon, sinon la review aurait été beaucoup plus compliquée à faire. Parce que oui, passé le tout début de la série se voulant irrévérencieux pour être irrévérencieux, le ton avait progressivement changé pour accoucher d’un procédural grand guignolesque mais de qualité correcte d’un point de vue d’un profane. En effet, alors qu’en termes d’adaptation, Lucifer ferait passer Gotham pour une ode à la fidélité comic-bookienne, il serait aussi assez malhonnête d’affirmer que tout est à jeter ici. Malgré une tripotée d’acteurs en dents de scie, Tom Ellis offre une performance de bonne facture et s’investit à fond dans son rôle, D. B. Woodside est assez convaincant, et Tom Welling, fraîchement arrivé, est amusant à observer en action, rien que pour le côté méta. Certains effets spéciaux ne sont pas désagréables non plus à regarder comme par exemple les ailes de l’ange déchu,  avec un réalisateur qui tente deux trois trucs avec la distance focale. De plus, l’humour fonctionne à quelques occasions, bien qu’il soit un peu dommage qu’il tourne à 90% autour du sexe, ou tout ce qui y attrait, laissant moins la place au comique de situation.

Comme la plupart des productions du genre, le tout s’avère assez classique dans sa réalisation bien que le début d’épisode témoignait d’une tentative de mieux faire, sans que cela soit transcendant. Lucifer recherche qui a bien pu le kidnapper et voit ses ailes revenir à leur place, après qu’il les ait lui-même coupées. Et d’un point de vue narratif, qu’on adhère ou non à la série, il est certain qu’il y aurait pu avoir quelque chose à développer ici. Malheureusement, la production a visiblement choisi la voie de la facilité, relayant cet intrigue à la seconde place pour se concentrer vers la structure classique d’un procédural : un mort, une enquête, une résolution.  Et là encore, alors que les scénaristes avaient réussi à développer une trame basée sur un Lucifer perdu dans sa vie, et se servant des différentes affaires pour voir plus clair dans son marasme intérieur, il n’en est rien dans cet épisode, la résolution finale ne servant qu’à révéler le prochain antagoniste de la saison : The Sinnerman. Un manque d’enjeux et d’intérêts que l’écriture des personnages ne fait que mettre en évidence. Bien que les deux interprètes angéliques s’en sortent convenablement, l’absence de Tricia Helfer (qui a joué dans Battlestar Galactica donc elle est forcément cool) et de Lesley-Ann Brandt (Spartacus) se fait clairement sentir. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, elles ne sont certainement pas de grandes actrices, mais leur personnage de Charlotte et Mazikeen avait gagné en intérêt à la fois par l’amélioration de leur jeu d’acteur, ainsi que par leurs interactions avec les autres protagonistes. Ouaip, aussi étrange que cela puisse être, et pour ce que ça vaut au stade où Lucifer est, la relation développée dans la saison passée entre Maze et la fille de Chloé m’avait plu. Et en parlant de Chloé…

Il est vrai que Lauren German n’a jamais offert de bonnes performances. Car non, avoir l’air exaspéré et lancer des regards noirs ne suffit pas à cacher le manque d’expressions et de jeu d’acteur,  mais on aurait pu espérer une amélioration. Il n’en est rien, d’autant que l’inspectrice semble de nouveau être ramenée à l’état d’esprit et à la position qu’elle avait au tout début de la série. Et ce n’est pas le seul problème concernant les personnages. En effet, alors qu’Aimee Garcia, la petite scientifique beaucoup trop clichée mais pas de là à la rendre insupportable, avait à peu près réussi à trouver sa place au casting, cette dernière phagocyte le temps de présence des autres acteurs et devient qui plus est une sorte de Felicity-bis. Il est amusant de voir au combien l’argument « Felicity » est devenu pratique pour expliquer une situation.

C’est toujours le même problème avec Lucifer. Les fans du comics se pendront, et les profanes regarderont un divertissement d’une qualité oscillant entre basse et correcte, un procédural de plus se noyant dans la masse. Néanmoins, outre l’aspect purement adaptationnel, il est triste de constater qu’hormis quelques bonnes idées et un Tom Ellis à fond dans son rôle, ce premier épisode de la saison 3 est un véritable pétard mouillé dont le scénario n’arrive à se stabiliser à aucun moment, et qui, pire, occultant quasiment l’intrigue de la saison passé qui aurait du avoir une place centrale, privilégie finalement un aspect procédural sans grand intérêt. Dommage. Je ne saurais que vous conseiller de vous précipiter en octobre sur The Hellblazer et The Unwritten, tout deux scénarisés par Mike Carey, afin qu’Urban se décide enfin à publier le run du même auteur sur Lucifer. À bon entendeur, salut !