Review VO – Suicide Squad #26 – Tie-in Metal

On se retrouve ici pour la troisième partie de Gotham Resistance, cette histoire débutée dans le numéro Teen Titans #12 puis qui a continué à travers Nightwing #29 et maintenant Suicide Squad #26. Bien sûr, on a croisé divers personnages au fil des numéros, ainsi que diverses équipes créatives, et j’ai choisi de vous parler de ce numéro plus en détails pour diverses raisons. Ce tie-in à l’event qui est né dans Dark Nights : Metal #1 est très riche mais fait ré-apparaître en moi un mauvais pressentiment sur la fin de cet event.

Rob Williams, une écriture différente

Rob Williams n’est pas nouveau sur le titre Suicide Squad puisqu’il y officie depuis déjà un très bon bout de temps. Mais voici que ce tie-in nous permet de faire une pause entre les manipulation d’Amanda Waller (bien qu’elle soit inutilement présente en début de numéro) et l’équipe, et avant d’entamer un nouvel arc qui nous bourrera de secrets et de non-dits à répétition. Du coup, même si nous avons droit à de la bagarre générale, son écriture gagne en qualité car il peut aussi se permettre des interludes comme on a rarement vu dans le titre.

On reprend l’histoire où l’on s’était précédemment arrêté avec le tie-in précédent et notre équipe au roster assez inédit est toujours en route pour accéder à la montagne et chercher Batman tout en étant pourchassé par The Batman Who Laughs. Ce dernier est absent visuellement du numéro, mais il est remplacé par ses minions : les Robins psychopathes et tous les autres héros / vilains qu’il a pu posséder. Du coup, les meilleurs alliés de notre équipe deviennent leurs ennemis. Ivy s’en prend à Harley Quinn, Kory à l’équipe, et même Goliath se retrouve dans le camp face à Robin. Le tout sur des planches complètement dingues. Mais ce que je trouve très intéressant reste clairement les antagonismes présents. Nous savons que The Batman who Laughs est un savant mélange entre Batman et le Joker, bien que nous n’ayons pas encore lu cette histoire qui arrive en novembre. Pourtant, tout comme Harley Quinn, on sent cette idée de folie omniprésente transformant la réalité en un cauchemar éveillé comme nous le répète les personnages. Harley Quinn le sent, elle sent le lien avec le Joker, elle sent qu’il y a quelque chose tout comme Nightwing sent lui aussi ce sombre sentiment que quelque chose ne va pas. Et même malgré quelques vannes parfois lourdes, pour une fois, Harley Quinn n’est pas insupportable et pourrait devenir touchante ce qui fait plaisir.

Et je crois que c’est là où le numéro m’a plu. La différence avec le reste de la série. Cette part d’émotion que Rob Williams parvient à faire passer à quelques moments clés. Parfois une très légère émotion comme avec Harley et Ivy, le duo inséparable qui au final est brisé avec Harley qui en fait les frais via un auteur qui joue sur les mots. Et puis, il y a la relation Nightwing / Robin – Damian normal (pas le Robin – Damian psychopathe). Même si on a un aperçu de l’histoire du Robin psychopathe lorsqu’il s’en prend à Nightwing expliquant que leur relation est différente sur leur Terre (Earth 44?), on a aussi droit à un moment touchant entre Nightwing et Damian, lorsque l’aîné laisse tomber le masque face au dernier Robin en date. D’ailleurs cette scène que j’ai trouvé très forte est amplifiée par le travail de l’artiste.

Stjepan Sejic, un artiste magnifique

En effet, cette scène est sublimée par le travail de Stjepan Sejic qui réussit là où beaucoup m’ont enervé au possible. Dans les comics, je déteste les cases blanches, sans arrière plan par flemme des artistes officiant sur les titres. Pourtant, ici, il livre une double case sans arrière-plan, pour nous confirmer que ce moment, est important à la fois pour nous, mais aussi pour les personnages et cela renforce la scène entre Nightwing et Damian. De plus, la position choisie entre Nightwing et Damian n’est pas sans rappeler celle de Bruce et Damian, avec le côté paternel donnant ici un aspect protecteur envers Damian suite aux révélations de Nightwing. Et même la froideur de Damian ne change rien, cela reste une très belle scène.

Le reste du numéro est tout simplement magnifique. L’artiste complet s’occupe de tout et il n’y a aucune fausse note à mes yeux. Ses personnages sont magnifiques, expressifs, il maitrise la répartition de l’action dans l’espace, il parvient à faire ressentir le malsain qui se dégage des Robins psychopathes, et honnêtement j’aurais aimé le retrouver sur The Batman who Laughs en novembre au lieu de Riley Rossmo (même si c’est un maître en matière d’horreur). Il permet d’apporter cette horreur omniprésente sans pour autant devoir obligatoirement passer par des démembrements ou du gore pour montrer le côté sombre d’une scène ou d’un personnage et c’est très agréable.

Mais…

Après toutes les révélations, les unions inédites de personnages, cette histoire d’evil Batmen, même si pour l’instant l’un tire son épingle du jeu sous les ordres de Barbatos (mon chouchou donc ça me va), sent le roussi. J’ai peur qu’on nous livre encore un grand plan machiavélique, et qu’on nous tienne en haleine pour rien du tout car en fait chez DC on est un peu comme chez Disney, tout finit bien. Plus on va, plus l’avenir s’assombrit, et pourtant, j’ai peur qu’à force de trop vouloir gonfler le ballon ce dernier n’explose et tombe en lambeaux avant la révélation finale. On sent clairement le forcing derrière les différents auteurs comme si une petite voix soufflait « Insiste bien sur le destin tragique de truc ». Alors en soi, ça passe bien dans ce numéro surtout en utilisant le support de la relation entre Nightwing et Damian, mais pourtant, ça sonne quand même très faux. Et j’aimerais vraiment que Scott Snyder ne nous livre pas encore un pétard mouillé comme il a pu le faire avec Death of the Family dont les espérances étaient plutôt hautes mais m’a déçue au plus haut point.

Pour résumer, Suicide Squad #26 fait du bien pour les lecteurs du Suicide Squad en nous permettant de prendre une petite pause. Il fait aussi du bien pour ceux qui suivent Metal et veulent voir un numéro magnifique (bien que Batman : The Murder Machine #1 soit magnifique aussi cette semaine). Et puis, pour une fois, nous avons ici un juste milieu dans l’écriture de Rob Williams qui tape dans l’inquiétude, l’émotion, sur un fond de cauchemar en introduisant par-ci par-là des guests assez sympathiques et correspondants à l’intrigue et à l’ambiance. Le dernier apparu lors du cliffhanger est original, je ne l’attendais pas, mais très intéressant pour la suite.