« Organiser un gala en mémoire d’un seul macchabé, c’est pas de la connerie ça?!? »
- Scénario : Joshua Dysart – Dessin : Alberto Ponticelli – Couleur : Oscar Celestini
- VERTIGO CLASSIQUES – Soldat Inconnu Tome 2 – 14 Septembre 2012 – 144 pages – 15 €
Soldat Inconnu #1 m’avait laissé une forte impression. Classique dans son approche, il aborde des thèmes qui sont finalement très peu traités dans les comics. Le contexte est aussi un élément très fort du récit, qui encre les atrocités racontées dans une réalité qu’on peine à croire. Dans le tome #2 on retrouve Moses (où ce qu’il reste de lui) continuant son combat contre Joseph Kony et sauver son pays d’origine. Cette fois-ci le récit est plus introverti, se concentrant sur son personnage principal et questionnant sa sainteté d’esprit tout en nous interpellant sur un thème qui lui est plus classique : peut-on sacrifier la vie d’une personne pour en sauver des milliers d’autres ?
Si le début de l’histoire ajoute au personnage un côté mystique qui n’était pas vraiment nécessaire puisqu’il est évident que si cette série est imprégnée par la religion, Moses ne fait pas partie des Saints. Toutefois, le fait que ce passage soit vu par un personnage extérieur apporte une vision plus « romancé » et vécu avec les tripes. Passage immédiatement contrebalancé par la très brève interaction entre Moses et cet enfant soldat. Comme pour le premier tome, Soldat Inconnu n’est qu’une variation infinie de nuances de gris et toute interprétation est laissée au lecteur.
Réellement tourné sur le combat de l’esprit que mène Moses contre sa petite voix intérieure, Joshua Dysart questionne sans arrêt son personnage. Devient-il fou ? Est-ce que ce qu’il fait est juste ? Ses actions sont-elles de son propre chef ou n’est-il qu’une marionnette ? Les réponses à ses questions ne sont pas simple à trouver et Moses vas devoir faire un choix difficile. Doit-il tuer cette star américaine qui souhaite aider l’Afrique pour faire réagir la communauté internationale, ou est-ce à l’Afrique de se sauver elle-même par ses propres moyens ? Certains ont déjà fait ce choix et il est temps pour le Soldat de faire le sien.
À plusieurs reprises des allés et venu dans le temps se font pour venir expliquer la situation présente. Il s’agit une nouvelle fois d’une construction classique mais qui reste efficace. Ce deuxième numéro est totalement réalisé dans le même moule que le second en termes de story telling même si je l’ai trouvé un peu moins fort que le premier numéro. Par ses actions Moses cumule les ennemis entre les soldats de la L.R.A ou les soldats l’armée corrompue du président Museveni et un groupuscule révolutionnaire, les faux semblants sont partout et ce n’est pas le retour du fourbe Jack Howl (CIA) qui va améliorer les choses. Soldat Inconnu #2 reste un titre d’une grande violence verbale et d’une crudité visuelle puissante.
Le supplément de fin sur les faits historiques racontés comme un documentaire est une addition une nouvelle fois bienvenu, apportant un éclairage plus approfondi de la situation de manière plus concise et objective.
Soldat Inconnu #2 signifie que l’on est déjà à la moitié du récit à j’avoue que pour l’instant je n’entrevois qu’une seule fin possible à cette histoire, et ce n’est pas spécialement heureux. C’est ma façon de vous dire que Soldat Inconnu est une série qui touche là où on ne vous touche pas souvent et que ça fait presque mal quand on y pense vraiment.