Review VO – Mister Miracle #1

Et voilà, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, cette année, Jack Kirby, père des comics modernes, aurait soufflé ses 100 bougies. Ainsi, depuis maintenant quelques semaines, DC a eu la brillante de célébrer l’événement en ramenant ses créations sur le devant de la scène -cette dernière étant aujourd’hui majoritairement occupée par le traumatisé en collant noir fringué en chauve-souris ou bien le militant anti-crousitbats et adorateur de poissons pour ne citer qu’eux. Dire que ce premier numéro de Mr Miracle était attendu est un euphémisme, Tom King, le scénariste, s’épanouissant de plus en plus sur le titre Batman, et le personnage, quoi que très peu exploité, étant très apprécié par la communauté de lecteurs -et pas seulement les adorateurs du Fourth World. Alors que vaut ce numéro d’introduction ? Réponse tout de suite !

Scott Free vit sa vie d’Houdini des temps modernes en compagnie de sa compagne, Big Barda, loin de la chaleur infernale d’Apokolips. Notre héros, traumatisé par Darkseid, est vite contacté par Orion qui lui fait comprendre que son aide est requise sur la surface de la planète où il a grandi et… c’est à peu prêt tout.  En effet, ici, pas de combats, pas d’épique, pas de sensationnel, juste du développement de personnages. Dès les premières planches, Tom King brise le quatrième mur, s’adressant directement au lecteur et donne le ton de la série : pesant. Scott n’est plus que l’ombre de lui-même. À moitié dépressif, à moitié résolu, il tente de nouveaux challenges afin de tester ses limites. Et quelles limites ! L’escapologiste essayant cette fois-ci de tromper la mort après s’être délibérément tranché les veines. La colorisation retranscrit d’ailleurs très bien cette ambiance malsaine dans laquelle se trouve notre héros en jouant sur les tonalités verdâtres. Ainsi, si vous êtes venus pour rigoler un bon coup, et sortir de cette lecture le sourire aux lèvres et le cœur léger, attirés par la luminosité de la cover, passez votre chemin.

Maintenant, une question se pose. Pour une personne ayant lu un peu de Fourth World, la série est évidemment accessible, mais est-ce le cas pour un néophyte voulant découvrir cet univers ? La réponse est oui. Le seul pré-requis étant de savoir que Darkseid est un méchant -faites un effort. Pour le reste, tous les personnages sont correctement introduits et caractérisés, que ce soit Barda et son côté maternant, la froideur et la rage refoulée de Orion, ou bien la sagesse éclairée de Izaya. Les enjeux sont clairement établis et un je ne sais trop quoi dans le traitement de Scott, que ce soit dans ses rapports avec ses proches ou avec la presse, m’a laissé la forte impression de me retrouver devant un épisode de Bojack Horseman. Néanmoins, un seule élément m’a véritablement laissé perplexe dans ce numéro et ce dernier concerne la partie graphique. En effet, bien que cela fonctionne parfaitement sur les premières planches, la surabondance de filtres photoshop, recouvrant les dessins et les déformant, est par moment assez dommage car gâche quelque peu les dessins de très bonne facture.

Oui, ce premier numéro de Mister Miracle est un très bon numéro, bien scénarisé, bien dessiné, et s’adressant à la fois aux puristes et aux novices. Néanmoins, ne vous laissez pas tromper par la cover pleine de couleurs et de vie, car l’ambiance est ici véritablement pesante tournant autour de notre héros et de sa dépression. De plus, ceux s’attendant à de l’action ou au minimum à une scénario épique seront sans doute déçus, le numéro en étant dénué. Par ailleurs, le retour sur la planète de Darkseid s’annonce prometteur et j’ai hâte de découvrir la suite, d’autant que la manière dont l’auteur en parle semble plus que rassurante. 

Lisez du Mister Miracle, lisez du Fourth World et surtout lisez des comics ! En attendant, faites pas les fous, faites pas les folles, et prenez soin du rock’n roll, et à une prochaine fois !