Pour paraphraser Marcel Daussault qui disait que ‘Un bel avion vole bien », il est évident qu’une belle couverture fait de belles ventes pour une BD. Et si Urban a parfois fait des choix disons… audacieux (ou contestables au choix) en la matière, ils ont frappé fort avec la magnifique couverture art déco du livre. Mais si le plumage est chatoyant, qu’en est il du ramage ?
Ce livre fait suite à No Man’s Land où Gotham était détruite, celle ci étant transformée en champs de ruine par un tremblement de terre. A la fin de la crise, deux camps s’affrontent. Les V.G ou Vrais Gothamiens, c’est à dire ceux qui sont restés sur place pendant la crise et les Dez’, dénomination un poil condescendante pour ceux qui ont fuit le désastre et bien sur cet affrontement va dégénérer. C’est dans cette ambiance explosive que Ra’s Al Ghul va avancer ses premiers pions. Et le premier pion s’appelle Murmure de Défi une jeune femme qui va très vite affoler le radar de Bruce Wayne.
Et voilà le fil rouge. Fil rouge car autour de cet affrontement larvé s’entrecroisent d’autres enjeux et intrigues qui ont en toile de fond une guerre de gangs et les stigmates du No Man’s Land.
Mon grand plaisir, c’est de retrouver un Batman plus détective que bagarreur, enquêtant avant de placer quelques taquets avec parcimonie le tout appuyé par son Alter Ego Bruce Wayne. Un Bruce Wayne hâbleur, maladroit et dilettante qui ne trompe que la belle société. Et il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, Jim Gordon ne s’y trompant pas. Des choses qui avaient été abandonnés récemment et qui ont l’air de faire leur retour avec Rebirth et tant mieux car ce livre prouve que c’est ça Batman !
Et le personnage de Jim Gordon en plein deuil, après la mort de sa seconde femme pendant le No Man’s Land apporte aussi de la profondeur, tout en servant cette atmosphère dépressive propre au polar en général. On suit sa lente remontée des enfers au long du récit, essayant de se plonger dans le travail pour tourner le page.
De plus il est plutôt salvateur d’avoir un livre sans aucun méchant bariolé (à part une apparition de Double Face sur laquelle je reviendrai). Une bonne intrigue qui voit Batman faire face aux familles mafieuses et Ra’s Al Ghul ou les intelligences s’affrontent et pas forcement les biscotos à grand coups d’énigmes éventées et de tartes dans la tronche, choses auxquels s’adonnent trop souvent sur le titre certains scénaristes. Un peu de finesse dans un monde de brute en somme.
Un bon scénario bien mené, intelligemment et avec du rythme. Et aussi parsemé de bonnes idées. Et une de ses bonnes idées c’est le comics scénarisé et dessiné par Double Face que l’on nous présente à la fin du livre. Une plongée dans la psyché de ce grand malade sous forme de parodie de comics d’aventure présentée comme une thérapie par l’art. Ce sont « Les aventure de Copernic Dent et son accorte amie la gironde assistante R’née« (pour ceux qui ignorent la signification de accorte et gironde c’est une façon appuyée de dire que la dame est agréable à l’œil (bonne diraient les hommes des cavernes que nous ne sommes pas, puisque nous sommes entre gentlemen, non ?)), où l’on retrouve les obsessions du personnage (et la première d’entre elles : Batman, que l’on retrouve sous la forme d’hommes de mains sacrifiables) et un scénario macho, répétitif et grande gueule. En bref une parodie grossière mais drôle de ce qu’a pu être l’industrie du comics à une époque. Et le style diffère tellement du reste de l’ouvrage que l’on se demande quelle mouche a pu piquer Rucka pour trouver ce délire !
Et le style de ce comics musculeux, viril à l’excès et un peu bête et méchant diffère méchamment de la beauté assez arty des graphismes de Shawn Mathinbrough. Avec des visages plutôt anguleux, un style assez épuré qui tire ses inspirations dans le style art déco. Un style d’ailleurs encore plus poussé dans les fantastiques cover de Dave Johnson. Mais tout cela ne serait rien sans la superbe colorisation du studio Wilstorm Fx, tout en nuances de bleu et de rouge donnant un cachet particulier et rehaussant l’ambiance polar de l’ensemble. On peu reprocher quelques visages un peu rushés et qui deviennent donc un peu difformes.
Une belle lecture certes très classique, mais quelque fois le classicisme fait du bien. Renouer avec du classique permet donc un récit classe dans le fond et la forme, intelligent et au final passionnant. Se permettant même une touche de fun à la fin. Lisez le !
Merde, merde, merde, merde, merde ! Je voulais pas entamer ce long périple qu’est Cataclysme – NML, mais là jsuis en plein Gotham Central, et ça aurait du sens de tout se faire !
La série est prévue en combien de tomes, parce que la y en a pour 231€ de Cata à celui la inclus?! (allez-y achevez moi ! ^^)
3 tomes pour New Gotham, en effet je ne me suis pas lancé dans No man’s land non plus et maintenant j’ai envie… ET j’ai craqué sur Gotham Central….
Non mais l’horreur, l’horreur, 3 fois l’horreur quand on est atteint de cette maladie mentale, qu’on appelle « la fan-attitude » doublé de complétisme/collectionnite aigue. Urban va nous rendre SDF !
gotham central, une des meilleurs serie que j’ai pu lire.
Mais est ce vraiment indispensable de passer par No man’s Land pour profiter de New Gotham?
Parce que à la lecture des reviews de No Man’s Land, ca ne me donne toujours pas envie…
Absolument pas ! J’en parle juste pour résilier le contexte. La preuve c’est que je n’ai pas lu No Man’s Land. Mais ça m’a donné envie de le lire….
Bon tant mieux, ca va réduire la liste d’achats! Merci!