Review Cinéma – Superman III

Bonjour, vous pensiez avoir atteint les bas fonds des films centrés sur l’homme d’acier avec Superman II ? Permettez-moi de vous dire que vous avez malheureusement tort. Aujourd’hui, intéressons-nous à Superman III.

Replaçons d’abord les choses dans leur contexte. Le deuxième volet des aventures du kryptonien en slip, bien qu’il soit un échec critique cuisant, a tout de même été un succès commercial, ce dernier ayant rapporté pas moins de 135 Millions de dollars. Ainsi, selon la formule consacrée, fric égal pognon, pognon égal fric, il n’en faut pas plus aux producteurs pour mettre en chantier un nouvel opus à la saga, qui débarque dans les salles obscures en 1983. Pour l’occasion, après son excellent travail sur « The Adventure continues » -sentez l’ironie-, Richard Lester est de nouveau choisi pour réaliser le film. Néanmoins, alors le script du film n’est toujours pas terminé, les ennuis commencent déjà. En effet, Gene Hackman, l’interprète de Lex Luthor, mécontent de l’attitude des studios envers Donner, se fait tout bonnement exclure du projet par les producteurs, et quelques temps après ce renvoi, c’est au tour de Margot Kidder, interprète de Lois, de formuler quelques plaintes envers Ilya Salkind, la productrice. Cette dernière, afin de « punir » l’actrice, décide de minimiser le rôle de son personnage, ne lui laissant qu’un caméo en début de film, et remplaçant le love interest de l’homme d’acier par Lana Lang. A noter qu’Annette O’Toole qui incarne tant bien que mal la jolie rousse, décidera de jouer, une vingtaine d’année plus tard, la mère de Clark dans Smallville.

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La blague, c’est que Clark mange du pâté pour chien… Une sorte de référence méta à l’arrière goût qu’aura en bouche le spectateur après le film

Normalement, rien qu’avec ces éléments, vous vous doutez que tout ça part très mal, mais ce n’est pas fini… Pour le scénario, les studios font appel au couple Newman, déjà présent sur Superman II, et en profitent pour exclure Mario Puzo, le seul type à faire du bon travail sur la saga, afin de s’émanciper complètement du ton donné aux films de Donner. De ce fait, cette fois-ci en roue libre, les tourtereaux en profitent pour axer le film sur l’humour, et pas un humour bien finaud. De ce fait, le ton est donné avec la séquence d’introduction dans laquelle on peut voir de manière non exhaustive : des aveugles se prendre des poteaux et tomber dans des bouches d’égout, un mime glisser sur des bonbons ou même Clark, littéralement entarter quelqu’un…

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Mais alors de quoi ça parle ? Pour faire simple, Ross Webster, un Lex Luthor éco+, possède un super ordinateur permettant de contrôler tous les réseaux de la planète, et s’en sert pour… Non, ceux qui ont voté pour « dominer le monde » ont perdu. En effet, le plan du méchant de résume à peu près à ça :

– Bon, les gars, je peux pirater tous les ordinateurs de la planète et les retourner contre la population afin d’asseoir ma domination sur le monde !
– Excellent plan Monsieur Webster !
– Ou alors, je peux aussi détourner un satellite permettant de contrôler le climat et faire dévaluer le prix du café afin d’augmenter mon emprise économique dans le domaine de l’import/export.
– Euhhh… Monsieur, on peut rester sur la première idée ?
Nexpresso se mettra à genoux devant moi ! Je suis tellement démoniaque !
– Ok, je démissionne.

Pour l’aider à réaliser dans ce plan, Webster est épaulé de Gus Gorman, un petit génie de l’informatique -qui le devient en un mois à peine- et qui est, de l’avis général, le principal défaut du film. Le problème vient ici, non pas du personnage en lui-même, mais avant tout de la personne qui l’incarne : Richard Pryor. Pour ceux qui l’ignorent, Richard Pryor est un comédien américain majoritairement connu pour ses performances dans des comédies/one-man show dénonçant le racisme, et qui, alors qu’il est totalement tombé dans l’oubli au fil des années, était à l’époque une superstar garantissant un bon nombre d’entrées par sa simple présence dans le film. Malheureusement, non content de ne pas être très bon comédien, l’acteur en profite pour totalement cancériser la production en tentant de devenir le personnage principal, et d’éluder Christopher Reeve. De ce fait, afin d’augmenter son temps de présence à l’écran au maximum, les scénaristes offrent aux spectateurs de nombreuses scènes afin de le faire apparaître par tout les moyens, mais aussi de lui faire faire ce qu’il fait de mieux : de l’humour, quoique cela reste à prouver. Ainsi, le film se retrouve bardé de passages plus que gênants, pouvant faire passer Superman II et ses gadgets de l’impossible pour un long-métrage cohérent. Il est par exemple possible de voir Richard Pryor dévaler la surface d’un building avec des skis…

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Comme si ce n’était pas suffisant, Gus sert aussi à développer le second ressort scénaristique : le Evil-Superman. Reprenant le concept de la kryptonite rouge rendant méchant les kryptoniens, le couple Newman décide de laisser au personnage de Richard Pryor le soin de recréer ce nouvel élément, jusque là inconnu du tableau de Mendeleïev. Je pourrais me plaindre du studio qui, malgré les 39 Millions de dollars de budget, n’a pas été foutu d’affecter dix d’entre eux à l’achat d’un colorant rouge, laissant de ce fait la Red Kryptonite, verte, mais concentrons-nous plutôt sur ce qu’implique ce changement dans la personnalité de notre héros. Pour ceux ayant grandi comme moi avec la trilogie de Sam Raimi, en particulier le troisième opus, vous devez normalement savoir à quoi vous attendre… En effet, Superman devient véritablement méchant, enfin, autant qu’un super-héros des années 80 puisse l’être. De ce fait, Clark se met par exemple à redresser la Tour de Pise afin de fragiliser l’économie locale des vendeurs de souvenirs, souffler sur la flamme olympique et sombre entre temps dans l’alcoolisme.

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Après 1h30 de film, Superman et votre rédacteur en sont arrivés à la même conclusion.

Par ailleurs, parce qu’il faut bien qu’il y ait quelque chose à sauver de ces 2h de film que votre rédacteur à du se retaper une nouvelle fois pour cette critique -chaque fois est une fois de trop-, l’alcoolisme de Clark s’avère, aussi surprenant que cela puisse paraître, être le ressort scénaristique le plus intéressant du film. Réalisant à quel point il devient une épave après s’être vu à travers le miroir d’un pub dans lequel il est en train de s’envoyer son dixième whisky, l’homme d’acier décide d’aller s’isoler du monde dans une décharge -métaphores, symbolique, tout ça tout ça. Notre héros voit alors sa personnalité se dédoubler et Clark et Superman s’affronter. Bien réalisé, assez anxiogène de part la musique utilisée, ce duel s’avère être un vent de fraîcheur inespéré , constituant le seul bon point du film dans ce fiasco total qu’est Superman III.

Ce film est une purge et je ne saurais trop vous conseiller de prendre un chalumeau et d’attaquer toutes cassettes ou DVDs sur lequel ce dernier est contenu pour le bien de l’humanité et du bon goût. Les acteurs sont pour la plupart aux fraises, les personnages caricaturaux au possible, le niveau humoristique est un sérieux concurrent à un film d’Adam Sandler, le côté beauf en moins, et je refuse de croire une seconde que le scénario a été écrit par quelqu’un d’autre que Célestin, 8 ans et demi, et rentrant en CM2. Encore une fois, il est possible de constater qu’en plus d’une production immature et versatile, vexée des reproches et n’assumant pas les erreurs du second film, les studios ont préféré continuer dans leur stupidité en privilégiant l’argent plutôt que le rendu final, ajoutant des noms apportant beaucoup d’un point de vue économique, mais rien du côté du talent. De plus, non content d’être mauvais dans son jeu, Richard Pryor nous montre à quel point il est possible de faire passer son intérêt personnel avant l’intérêt d’un film dans un parfait exemple de cancérisation d’un script, déjà mauvais à l’origine. Et vous voulez savoir le pire dans tout ça ? Voyant que les films, aussi mauvais soient-ils, rapportaient toujours de l’argent, ce troisième opus a encouragé les studios à continuer sur ce modèle, allant même jusqu’à couper de moitié le budget de Superman IV, et enlever 45 min à ce dernier afin qu’un cinquième film, heureusement jamais réalisé, puisse voir le jour !

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Clark devant la violence de cette conclusion !

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