L’avant dernier numéro de The Sheriff of Babylon confirme tout le bien que l’on pouvait déjà penser de la série en propulsant les enjeux du titre vers le point de non retour, tout en restant vrai par rapport aux principes de narration de Tom King. Ce chapitre propose donc une étude, toujours à hauteur d’homme, d’un conflit bien réel mais qui n’a jamais le mauvais goût d’afficher un style « faux documentaire ». Au contraire la série assume son statut d’oeuvre de genre et joue avec les éléments propre à ce style. Entre suspense, violence latente à chaque page et personnages troubles, avec ce numéro la série continue de naviguer entre le récit de guerre et le thriller avec une aisance remarquable. Alors que les masques tombent, l’auteur construit son numéro sur une montée crescendo dans la tension, pleine de maîtrise, qui doit autant à la rythmique des dialogues et la structure du récit qu’au travail tout en subtilité de Mitch Gerads. Il existe, en effet, une vraie symbiose entre le travail de l’auteur et celui de l’artiste. Chaque planches en révélant plus que ce que Tom King laisse paraître dans son écriture. Tout ça pour amener à des dernières pages qui font parties des plus brillantes vues dans un comics cette année. Il reste donc un numéro pour conclure cette histoire mais ce mois-ci, comme durant la plupart des dix précédents d’ailleurs, la série est à un tel niveau qu’il n’y a déjà plus aucun doute sur le fait que The Sheriff of Babylon est bien le dernier chef d’oeuvre en date chez Vertigo.

Au début parti pour vous proposer une critique complète de ce numéro, fort m’a été de constater que je n’avais pas grand chose à en dire. En proposant une suite en comicbook du film Génération Perdue, on se demande un peu ce que Tim Seeley a réellement en tête. Non pas que le film n’ait pas besoin de faire vivre son univers, mais ce premier numéro est si introductif qu’on a l’impression de perdre son temps. L’installation des personnages se fait à la manière d’un film – le problème étant que ce support papier n’a pas les même contraintes, et obligations. Du coup on voit venir le cliffhanger très facilement, je suppose que les fans hardcore du film auront leur quota de clins d’oeil (et l’ambiance années ’80 est présente, hein, c’est sûr) mais pour le lecteur de passage, il n’y a pas grand chose qui donnera envie de revenir le mois prochain. Artistiquement parlant, Scott Godlewski fait du bon travail même si je crois qu’un autre coloriste aurait pu embellir ses planches et leur donner un aspect plus rétro. Et pour un titre qui parle de vampires, l’ensemble n’est pas bien effrayant ni sanglant. C’est bien dommage.

Numéro coup de poing pour ce douzième épisode d’Unfollow dans lequel Rob Williams décide d’avancer son intrigue avec force et en bouleversant totalement l’échiquier de ses personnages. Si l’intrigue se concentre fortement sur la communauté d’Akira (avec la construction au long des pages d’un climax assez ahurissant), Williams n’oublie pas d’autres protagonistes importants tels que Dave pour qui un certain point de non-retour est également atteint. Un « Final Act » donc pour beaucoup qui va amorcer une nouvelle histoire pour la suite d’Unfollow, dont on a vraiment hâte de découvrir les nouvelles ramifications. Mike Dowling montre quelques faiblesses sur certains plans, et notamment dans sa représentation de véhicules (ici nombreux) mais il reste au plus près de ses personnages, expressifs en tout point et son travail sur Courtney permet de construire l’intensité de LA scène de ce numéro et c’est donc une réussite. Unfollow reste l’un des titres Vertigo du moment à suivre, et ce n’est pas aujourd’hui que cette affirmation sera remise en doute.

Le combat entre nos deux dynamic duos, mélangés puisque Batman collabore avec Emma Peel, alors que Robin et aux côtés de John Steed, et les méchants fait rage. Ainsi, nos héros ont du pain sur la planche cette semaine, puisqu’ils sont mis en difficultés par les plans de Maraduke Ffogg, qui est ici aidé par un méchant iconique du Bat-Verse. C’est toujours aussi rétro et pop, et les dialogues font, comme d’habitude, la force du numéro. Les échanges entre les différents personnages sont fort réussis et l’on apprécie cette aventure pleine d’humour, qui rappelle que les comics c’est aussi une bonne dose de vannes bien senties et de situations rocambolesques. Les dessins sont toujours solides et les affrontements sont aussi bien mis en valeurs que les scènes plus posées. Cette série est toujours la réussite que l’on connaît et il serait franchement dommage de s’en priver, tant elle se montre inventive et respectueuse des shows d’origine.

Injustice Ground Zero ne veut pas se limiter à sa simple prémisse et ce numéro vient nous le prouver dès ses premières pages. Non content de nous raconter l’histoire du jeu du point de vue d’Harley Quinn, le titre nous propose de découvrir des événements vécus par la super-vilaine, mais qui ne nous ont pas encore été montrés. Ainsi, on la voit affronter un personnage que l’on ne nous a pas présenté dans l’univers du jeu pour le moment, ce qui occasionne d’ailleurs une bien belle scène d’action. De même, le cliffhanger vient suggérer la présence d’un personnage bien connu des fans du DC Universe, qui a d’ailleurs été annoncé dans le deuxième jeu. Est-ce là un moyen pour Warner de teaser un peu son produit ? Probablement, mais ça reste assez bien exécuté et les dessins sont suffisamment solides pour légitimer un peu ce comic-book. Injustice Ground Zero reste totalement dispensable, mais l’on peut saluer l’idée de nous proposer quelque chose d’à peu près correct, avec une Harley Quinn bien plus fidèle à sa caractérisation classique que son incarnation dans l’univers principal.

Le numéro de Scooby Apocalypse du mois est fort original : il vient en effet faire quelque chose qui, à ma connaissance, n’a jamais réellement été fait sur la licence. En effet, on nous propose ici de jeter un oeil au passé de Velma Dinkley, et ce dans un flashback qui vient mêler le ton “adulte” du titre et la folie du dessin animé dont il est tiré. On tient ici un épisode qui repose sur un solide travail de caractérisation qui vient mettre en valeur un personnage extrêmement intéressant. Rien n’est à jeter et l’on apprécie ce portrait de l’intello du groupe, qui se montre bien plus complexe que l’image de “pauvre fille qui perd ses lunettes pour créer un running gag” que l’on pouvait se faire d’elle. On peut regretter que cela ne fasse pas réellement avancer l’histoire, mais un petit back-up vient remédier à ce problème en nous montrant ce qui se passe du côté de celui qui, a priori, pourrait être l’antagoniste principal. En ce qui concerne les dessins, c’est tout à fait solide et l’on apprécie le contraste entre les scènes du présent et celle du passé. Scooby Apocalypse est définitivement un titre à suivre pour ceux qui aiment les cartoons, et il serait dommage de passer à côté.

On laisse un petit peu de côté l’intrigue du véritable (?) Clark Kent qui n’aurait jamais été Superman pour se concentrer un peu sur le personnage de Lois Lane dans ce numéro d’Action Comics. En effet, la femme de notre héros vient remplacer au Daily Planet sa version New 52 et l’on a droit à quelques scènes assez réussies entre elle et différents personnages (mention spéciale au fameux Lombard, fidèle à lui-même). C’est agréable à lire et la caractérisation de l’héroïne est plutôt solide. De même, on a droit à quelques informations intéressantes sur la manière dont Luthor voit les choses (son point de vue est l’exact opposé de celui de la majorité du lectorat, j’imagine). On regrettera cependant l’absence totale d’action dans cet épisode, alors que les précédents méritaient bien cet intitulé. Le cliffhanger vient habilement lier Action Comics à un autre titre de la famille Superman, dont je ne révélerai pas le nom, suite à un événement majeur qui s’est produit dans les pages de ce dernier, ce qui renforce clairement la cohérence entre les différentes séries estampillées Superman. C’est plutôt intriguant et l’on se demande vraiment comment vont réussir à s’intégrer les Lois et Clark classiques dans ce nouvel univers. En ce qui concerne le graphisme, c’est tout à fait solide et digne de figurer dans les pages d’un magazine aussi mythique que celui-là. Il serait dommage de passer à côté de ce numéro, qui vient mettre sur le devant de la scène l’un des personnages féminins les plus charismatiques de l’histoire des comics.

Alors que le début du numéro continue dans l’abattage de cartes de vilains pour Batman (avec un caméo assez jouissif d’ailleurs), Scott Snyder reprend un peu le scénario pour lui offrir un peu plus de profondeur, et explore notamment l’aspect relationnel qui le lie à Harvey Dent. Le rôle de Duke s’affine également un peu plus, même si le back-up qui lui est consacré ici ne brille pas vraiment d’intérêt. Malgré tout, All-Star Batman continue de se suivre avec grand plaisir, parce que l’intrigue que nous donne Snyder a le mérite d’être forte et haletante, et parce que John Romita Jr. continue de se faire plaisir avec ici un numéro brutal et violent, mais qui propose aussi de belles scènes de flashback, pour lesquelles, comme pour l’ensemble du numéro, il conviendra de souligner l’excellent travail du coloriste Dean White. On continue de suivre de très près ce titre qui, j’en suis sûr, nous réservera quelques surprises.

Batgirl, Black Canary et Huntress reprennent cette semaine leur traque d’Oracle et Fenice en tentant d’empêcher cette dernière de tuer toute une famille de criminels et en affrontant un groupe de super-vilains sur le thème du serpent, une symbolique intéressante mais floue, les oiseaux et les serpents étant des prédateurs l’un pour l’autre. Les sœurs Benson nous offrent ici un numéro dans la continuité des précédents, c’est à dire plaisant sans pour autant marquer les esprits. La dynamique entre les trois héroïnes est toujours aussi bonne, toujours en conflit idéologique malgré leur efficacité en équipe. Artistiquement, il faudra encore une fois faire face aux défauts de Claire Roe, des visages déformés et une musculature un peu trop développée. Le récit est coupé par moments par de petits flashbacks dessinés par Roge Antonio s’intéressant à la jeunesse de Dinah, en plein déni du départ de sa mère. Ces pages nous en apprennent plus sur la psychologie du personnage, nous aidant à s’y attacher. Ce fait en font probablement les meilleurs passages de ce troisième numéro, d’autant plus qu’ils sont servis par des dessins de bonne qualité et qui posent une bonne ambiance. Batgirl and the Birds of Prey est donc toujours une lecture agréable si l’on s’intéresse à cette équipe mais qui reste imparfaite.

Deathstroke a vraiment repris du poil de la bête depuis ses débuts. Christopher Priest nous emmène dans son road-trip/thriller avec Slade et sa fille dans une forme terre à terre qui est soignée et fait appel à la psychologie des personnages, ainsi qu’à leurs relations. Le côté émotionnel de Deathstroke est abordé mais Priest n’en fait pas de trop, et ne caricature pas le Terminator comme ça a été fait auparavant. En décidant de ne pas trop en faire, l’empathie pour les personnages est forte et la narration de Priest a un je ne sais quoi de convaincant. Les changements de style de narration, l’incrustation des flashbacks ou des flashforwards de Rose, la dernière partie : il n’y a vraiment pas grand chose à jeter pour un titre Deathstroke ici solide, et dont la seule faiblesse reste sa partie graphique. Joe Bennett ne dessine pas mal mais son trait est assez quelconque et l’encrage par moments trop épais. A croire que Deathstroke ne peut hélas pas tout avoir pour sa série…

A côté du déchainement de puissance du dernier kaiju qui impose aux membres de la Bat-team de faire aussi dans les grands moyens (et on peut toujours poser la question de « comment ont-ils pu préparer tout ça ? » mais on est dans du comicbook, right ?), l’affrontement entre Batman et Strange tient plus du défi psychologique, et il est rondement mené, parce que le Chevalier Noir dispose, bien entendu, d’un atout bien caché. Conclusion satisfaisante du crossover, qui permet également de donner des pistes pour les prochains arcs de Detective Comics et de Batman également, ce qui donne un certain sentiment de cohérence éditoriale. Un sentiment qui est toujours le bienvenu. On pourra regretter en revanche l’absence de réelles conséquences de long terme et le fait qu’on ne mentionne plus du tout Claire dans ce numéro (ni Duke d’ailleurs), ce qui est un peu bizarre alors que les auteurs en profitent pour ramener la Justice League le temps d’un moment, histoire de rappeler que notre super-héros préféré n’est jamais seul, même quand la tempête est passée. Avec des planches de qualité variable, mais qui proposent un ensemble très convenable, on referme les pages de ce crossover avec une certaine satisfaction. C’était bien construit, assez fun, un mélange de blockbuster et d’affrontement d’égos sur la fin (Strange est pas mal amené ici). Une expérience à reconduire, volontiers, avec un peu plus de prise de risque par contre s’il vous plaît.

Après une introduction aux accents psychédélique, agréable, mais assez décousue le mois dernier, la Doom Patrol revient dans un numéro, plus direct dans sa narration, mais pas moins fou. D’entrée, Gerard Way nous fait comprendre que nous sommes toujours dans la phrase d’introduction et de mise en place de son oeuvre alors qu’il nous présente petit à petit des membres bien connus de la Doom Patrol. Loin d’être un copié/collé de ce qui s’est fait avant, notamment chez un certain chauve écossais, Way réinvente, avec talent, les archétypes propres à la série en restant vrai par rapport à ce qu’ils représentent. Certes, il est parfois encore difficile de voir où l’auteur veut en venir mais il fait preuve d’un savoir-faire bien réel pour créer un univers cool et décomplexé. Malgré, les situations troubles dans lesquelles sont plongés les personnages, il se dégage un parfum optimiste et qui transpire l’amour pour ces créations dans ce chapitre. C’est le cas, notamment, grâce au sens du dialogue, fun et divertissant, dont fait preuve le scénariste. A côté de tout ça, la plus grande force de Doom Patrol est, comme le mois dernier, sa partie artistique. Avec un Nick Derington inspiré, au coup de crayon clean et terriblement efficace, le titre est entre de bonnes mains. De plus, l’artiste ne se laisse jamais manger par la folie du script de son compère et reste clair dans son découpage, tout en servant des pages bourrées de détails qui laissent transparaître un côté extrêmement frais. Le seul tout petit problème : les fans du run de Morrison prendront surement deux fois plus de plaisir que les autres en lisant cet épisode et en saisissant les nombreuses références. Cependant, en affinant son écriture, sans pour autant perdre ce qui faisait le sel du premier numéro, Gerard Way confirme donc tout le potentiel de Doom Patrol et aussi de Young Animal.

Avec le début de ce nouvel (et dernier ?) arc pour Earth 2 : Society, Dan Abnett nous propose enfin quelque chose de réellement neuf et excitant – pour le moment ! Fury a utilisé le coffre pour rebâtir Earth 2 mais quelque chose n’a pas fonctionné et nos héros se trouvent (et se retrouvent) sur une coquille vide qui ressemble vaguement à ce qu’a pu être la planète il y a bien longtemps. Exercice de style aussi pour Bruno Redondo qui doit composer avec des lignes de décors quasi-vides, mais le bougre s’en tire plutôt bien. On est tellement happé pour comprendre ce qu’il se passe que les pages défilent trop vite, avec l’incursion de mystérieux ennemis dont on ne comprend pas le but pour le moment, tout comme cette mystérieuse voix électronique. Plusieurs éléments qui intriguent et, pour la première fois depuis pas mal de temps, donnent véritablement envie de lire la suite d’Earth 2 : Society. Et bah voilà, Dan Abnett, il t’en aura fallu un peu de temps mais tu as réussi à me ré-intéresser !

Pour ceux qui avaient apprécié le premier volet de Gotham Academy, le second vous comblera tout autant. L’ambiance mystérieuse pour jeune public y est bien conservée, alors que le trio de scénaristes profite du début de cette nouvelle série pour installer les nouveaux personnages, quelques petits changements, et surtout la nouvelle intrigue (le « mystère à résoudre ») qui démarre au quart de tour. De nombreux étudiants disparaissent mystérieusement, entraînés par une figure qui ne se dévoile pas encore, histoire de donner envie aux lecteurs de revenir au numéro prochain. Et ça marche ! Les interactions entre les protagonistes sont toujours bien travaillées, avec l’accent mis sur Maps qui a du mal à voir Olive se faire une nouvelle amie (qu’on persiste à appeler Amy mais hé ! On l’a tous reconnue !). Sans être d’un niveau transcendant, ce second volet démarre en tout cas bien, et le style d’Adam Archer (bien aidé par une colorisation parfaite) colle parfaitement à ce ton de dessin animé pour jeunes ado. Le Second Semester démarre donc sur une bonne note !