Review VO – Aquaman : Rebirth #1

Les points positifs : Une présentation efficace du personnage. Une écriture efficace. C’est plutôt joli. Le meilleur numéro d’Aquaman depuis quelques mois. Les points négatifs : C’est du déjà vu. Un scénario anecdotique. Encore une métaphore du terrorisme…

« Be free ! Throw off the master who enslaves you ! » – Aquaman

• Scénario : Dan Abnett – Dessins : Scot Eaton et Oscar Jimenez – Couverture : Brad Walker et Drew Hennessey – Couleurs : Gabe Eltaeb
  

• DC Comics – Aquaman : Rebirth #1 08 juin 2016 – 32 pages – 2.99$

Après un début sur les chapeaux de roue au lancement des New 52, la série Aquaman s’était rapidement essoufflée, pour ne devenir qu’un simple titre anecdotique, qui nous proposait des histoires répétitives et bourrées de clichés. C’est franchement dommage quand l’on connaît le potentiel du personnage. Dan Abnett, scénariste en charge de ce numéro estampillé Rebirth, nous avait d’ailleurs servi quelques numéros franchement dispensables, c’est avec une appréhension certaine que j’ai donc ouvert les pages de ce comic-book, qui a un défi de taille à relever : rendre de sa superbe à l’Atlante de chez DC Comics.

L’idée de départ est simple, on sent que l’éditeur cherche à faire la même chose qu’en 2011, à savoir présenter Aquaman comme un personnage complexe, tout en nuances, qui ne se réduit pas à un simple type en collants qui parle aux poissons, comme pourrait le croire le grand public (et les – trop-nombreux spectateurs de the Big Bang Theory). Ceux qui ont lu le run de Geoff Johns auront probablement une forte impression de déjà vu, mais ça reste un concept assez intéressant, et c’est tout à fait accessible aux nouveaux lecteurs. C’est d’ailleurs à eux que semble réellement destiné ce produit, puisque l’on nous présente bien le protagoniste, son rôle à la surface et ses occupations royales dans la cité d’Atlantis, ainsi que Mera. Aucune zone d’ombre n’est laissée quant aux origines du héros ou ses pouvoirs, et l’on comprend très vite qui est Arthur Curry. Il est évident que c’est plutôt rébarbatif pour un lecteur de longue date, mais l’on ne peut pas dire que c’est mauvais.

Le scénariste joue donc sur les différentes facettes de son personnage qui est tour à tour super-héros, roi et citoyen ordinaire. C’est d’ailleurs cette petite touche de « slice of life » qui vient apporter beaucoup de sympathie au héros, notamment lors de cette scène au restaurant, où il invite sa bien aimée. On ressent fortement l’influence du premier numéro de Johns sur la franchise, mais ça reste suffisamment différent pour avoir son propre intérêt. Le travail de caractérisation du personnage d’Aquaman est totalement réussi et l’on sent qu’il a toutes les qualités pour tenir un titre régulier efficace, si l’on conserve cette façon de l’écrire. C’est plutôt mature et l’on peut étrangement s’identifier à lui, tant les sujets abordés sont métaphoriquement universels. On sent cependant une trop forte présence de la dimension « meta » du titre, qui nous rappelle sans cesse comment le grand public considère le héros, alors qu’il me semble évident que le lectorat de la bande-dessinée a compris depuis longtemps qu’il ne fallait pas se limiter à la version « Super Friends » de ce dernier… Mais gageons que cela ne concernera que cet épisode introductif.

On peut aussi reprocher à ce comic-book le fait qu’il soit relativement vide de contenu. Il ne sert en effet que d’exposition et l’on ne nous donne pas énormément de pistes pour la suite, ce qui est plutôt regrettable. D’un autre côté, ça nous évite de nous retrouver avec un immense teaser pour la suite, ce qui est tout à fait agréable, mais on aurait préféré trouver un juste milieu. On a de ce fait l’impression d’avoir entre les mains un objet totalement dispensable, qui n’atteint pas la qualité de certains autres numéros « Rebirth » qui font d’ores et déjà figure d’indispensables.

En ce qui concerne la partie graphique, c’est plutôt solide et les artistes qui collaborent sur le numéro nous livrent une prestation de qualité. Le design de l’ensemble est efficace, même si l’on est effectivement dans le cliché le plus pur des super-héros magnifiques et sexualisés, qu’il s’agisse de Mera et de son nombril apparent à travers le costume, ou d’Aquaman lui-même et de ses nombreux muscles saillants, mais ça a son charme, et que seraient les comics sans leur petite dose de fantasmes ?

Aquaman Rebirth est donc un numéro plutôt sympathique, à conseiller avant tout à ceux qui voudraient découvrir le personnage et à ceux qui voudraient retrouver une ambiance proche de celle du run de Geoff Johns. Rien de très original ne nous est proposé et l’on reste constamment dans les sentiers battus, mais on tient là une agréable lecture qui vient restaurer le côté iconique du personnage, tout en replaçant rapidement tous les enjeux de son rôle multiple, puisqu’il doit conjuguer toutes les facettes de son existence. Et puis bon, à ce prix, ça vaut le coup de tester le titre soi-même.