« You’re a Flash. » – Barry Allen
- Scénario : Joshua Williamson – Dessins : Carmine Di Giandomenico – Couverture : Karl Kerschl – Couleurs : Ivan Plascencia
- DC Comics – The Flash : Rebirth #1 – 08 juin 2016 – 32 pages – 2.99$
La hype peut parfois être une chose terrible. Après un DC Universe : Rebirth qui nous promettait le retour au premier plan de Flash, la sortie de ce numéro spécial consacré au speedster avait de quoi attirer les regards de lecteurs de comics sevrés de bonnes lectures sur le personnage depuis un bon moment. D’autant plus avec un auteur, Joshua Williamson, qui semblait très emballé par le fait de travailler sur la série. Seulement voilà entre ce que l’on espère et la réalité, il y a parfois un gouffre et ce numéro en est la preuve.
Même si le gouffre ici ne semble pas insurmontable, il faut bien avouer que la première fois de Williamson sur le titre Flash a de quoi refroidir. De tous les numéros d’introduction Rebirth, voilà celui qui tombe le plus dans les pièges tendus par ce genre d’exercice. Le premier acte est d’ailleurs symptomatique des problèmes que ce chapitre rencontre sur toute sa longueur. Alors que l’auteur utilise un procédé, pas révolutionnaire je vous l’accorde, mais plutôt habile pour remettre à plat les origines de Barry Allen, il sombre, hélas, très vite dans la répétition en nous balançant des pages entières d’exposition, pour revenir de façon très scolaire sur l’histoire du personnage. C’est bien dommage car entre les comics et la série TV, il est plus ou moins établi que les lecteurs ici sont à la page en ce qui concerne le personnage. Si ce problème ne concernait que le début, passe encore, mais toute la suite est à l’image de cela. L’auteur n’hésitant pas, par exemple, à nous resservir quasiment à l’identique la fameuse séquence émotion de DC Universe : Rebirth.
Le numéro souffre donc d’un réel effet de déjà-vu qui a tendance à s’amplifier en avançant dans le récit. Forcément quand deux bons tiers de l’oeuvre font dans la redite, difficile de vraiment se pencher sur le futur du héros. C’est d’autant plus dommageable que, contrairement au numéro de Geoff Johns, ce titre là ne fait pas 80 pages et le moment recréé ici perd énormément en impact puisqu’il semble balancé un peu aléatoirement. A cet effet, le titre du numéro « Doomed to repeat it » en dit finalement assez long sur le contenu. On traverse l’histoire avec la sensation de lire un auteur bridé par un cahier des charges trop imposant sur cette introduction puisqu’il doit re-contextualiser l’histoire du personnage ainsi que les bases de Rebirth.
Passé la déception, reste quand même quelques qualités qui surnagent au milieu de tout ça. La sensation d’abord de voir le Flash et sa mythologie retrouver une place centrale dans l’univers DC et donc d’avoir une série qui, à l’avenir, aura de réels enjeux dramatiques à son échelle mais aussi à l’échelle d’un univers dans lequel la continuité se veut, à nouveau, importante. Ensuite, il y a le style Williamson qui apparait bien adapté à la série et à son personnage principal, quand celui-ci parvient à s’exprimer au-delà des impératifs qui lui ont, semble-t-il, étaient imposés pour raconter son histoire. En effet, l’auteur a l’air très concerné par son travail sur la série. En tout cas plus que ces deux prédécesseurs. Il transparait alors un certain amour pour les personnages dans le style de narration très directe du scénariste. La promesse d’un team-up entre Batman et Flash pourrait également apporter quelques situations intéressantes pour la suite, surtout que cet élément est amené de façon plutôt organique. Hélas, encore une fois, tout ici apparait uniquement à l’état de promesses qu’il faudra confirmer au plus vite tant ce numéro peine à raconter quoique ce soit de vraiment frais et nouveau.
C’est finalement grâce à son aspect visuel que ce Flash : Rebirth fait un peu mieux passer la pilule. Carmine Di Giandomenico semble déjà bien avoir trouvé sa place sur la série. L’artiste parvient à apporter de l’intensité et de l’énergie à l’histoire avec un style dynamique et assez varié dans son découpage pour gérer les changements de rythme. Le style du dessinateur rappelle même, sous certains aspects, celui de Scott Kolins, ce que les fans du personnage devraient apprécier. Si certaines cases sont un peu moins soignées que le reste, la partie artistique est quand même à la hauteur de l’événement avec, en plus, des couleurs signée Ivan Plascencia qui apportent une certaine patte artistique et qui servent une atmosphère intéressante.
Avec sa succession maladroite de scènes déjà vu ailleurs, de moments d’expositions à rallonge et de références au numéro de Geoff Johns dont on se serait bien passé, cette introduction à l’univers du Flash version Rebirth peine, hélas, sérieusement à convaincre. Même si la passion de l’auteur pour cet univers et ses personnages se ressent en permanence, il est difficile de ne pas voir dans ce récit, le travail d’un artiste qui n’a pas su se démarquer des passages obligés d’un numéro de la sorte. En l’état, ce Flash : Rebirth #1 a donc tout d’un faux départ pour la série. Cependant, et pour finir sur une bonne note, on peut toujours se dire qu’il y a peu de chances que la suite subisse le même traitement. Allez, on y croit.
Personnellement j’ai été assez contents de voir la remise sur le papiers de moments clés de la vie de Flash et de Rebirth, uniquement pour la beauté graphique. Après, je n’ai surement pas eu des attentes très élevées ayant peu lu Flash en New52, me contentant du premier arc et du passage de Venditti sur Zoom.
Sans vouloir offenser qui que soit, vous en avez pas marre de reprocher à tous les Rebirth #1 d’être introductif ? C’est un peu le but de ces numéros. Introduire le nouveau statu quo de chaque série et permettre aux nouveaux lecteurs d’entrer dans l’univers DC.
Pas d’inquiétudes, tu n’offenses personne mais pour te répondre, certes, les numéros Rebirth sont des numéros d’introduction. Cependant, il y a aussi la façon de faire. Ben Percy, par exemple, l’a fait sur Green Arrow sans donner l’impression de faire un gros résumé basique de l’histoire du personnage et en proposant, déjà, un récit inédit qui ne regardait pas trop dans le rétroviseur. Tom King, lui, a au moins eu le mérite de maquiller tout ça avec un discours méta sur son support dans Batman.
Ici, on a quand même 5 pages d’introduction que j’ai, personnellement, eu l’impression d’avoir vu 10 fois ailleurs suivi par une scène qui reprend quasiment à l’identique ce qu’on a découvert il y a deux semaines dans un autre comics. Et entre les deux, on a un dialogue entre Barry et son père qui n’apporte rien d’autre que de l’exposition et qui ne raconte surtout rien. Forcément sur un numéro de 20 pages, ça devient très léger.
Je respecte tout à fait ton avis sur ce numéro de Flash. J’exprimais surtout un ressenti concernant la répétition de la critique du caractère introductif des Rebirth sur toutes les reviews. J’estime que c’est un peu bizarre de considérer cet aspect comme un point négatif, étant donné que c’est leur objectif premier.
La forme, ça c’est tout à fait subjectif et donc critiquable, je ne dis pas le contraire. J’ai d’ailleurs trouvé ta review agréable à lire et plutôt pertinente en dehors de ça.
En tout cas, c’est plaisant de pouvoir en discuter dans le calme et le respect. Merci d’avoir pris le temps de répondre.
Je pense qu’il y a aussi un effet cumulatif à lire plein d’origin story en même temps, alors que si c’était décalé, on aurait moins ce ressenti. Récemment le Zero Month ou le Villain Month m’ont donné le même sentiment.
Sinon sur le problème de faire un numéro hyper introductif en remettant les bases de l’univers, j’ai lu un article très sympa sur un blog que je t’invite à lire. Ca explique assez bien pourquoi sur ce sujet là Marvel a un avantage sur DC dans la façon de faire (différence de choix éditoriaux) :
http://midnight-peanut.net/dc-comics-rebirth-marchands-vide/
J’ai lu l’article qui est en effet intéressant. Ceci dit, je ne partage pas vraiment votre point de vue là-dessus, même si je le comprends (accumulation, absence de pages « previously » etc…).
En fait ce qui me « choque » un peu là-dedans, c’est cette levée de bouclier contre le format introductif des Rebirth alors qu’il ne s’agit en fait que d’un numéro par série dont c’est le but absolu. Il faut voir les Rebirth comme un recadrage après les N52 permettant à ceux qui ont perdu le fil et aux nouveaux lecteurs de (re)commencer.
Si après les « vrais » numéro 1 on en est toujours à de l’exposition pure et dure, là je comprendrai la grogne. Mais pour l’instant, je trouve que les gens exigent beaucoup de numéros qui n’ont jamais été vendus comme autre chose que des introductions à chaque séries.
Enfin bref, quoiqu’il en soit, nous serons vite fixés étant donné que DC a fait le choix (discutable) du bimensuel.
Ah, comme on te comprend ^^
C’est toujours un peu frustrant d’être dans les starting-blocks depuis un moment (pour ne pas dire des années) et de devoir, encore, se taper un échauffement. Néanmoins la caractérisation est au poil, la tonalité parfaite, le style de Williamson semble vraiment bon quand on ne se coltine pas le cahier des charges et ça fourmille de bonnes idées. Dans tous les cas, ça sera toujours mieux que du Jensen.
Vivement le prochain numéro et Titans ! :)
L’Aquaman Rebirth me permet de relativiser la déception qu’aurait pu être ce numéro et de toute manière tellement heureux de voir Bruce et Barry ensemble, des dessins et du découpage que comme tu le dis, la pilule passe un peu mieux
Sans vouloir défendre l’auteur, il est possible que la scène Barry-Wally lui ait été imposé pour ce numéro Rebirth ? Même si c’était le cas, il y avait peut être moyen de mieux l’amener c’est certain. Bref, on continue de retenir son souffle et espère tous un excellent vrai démarrage pour Flash et un bon Titan #1
Pour les retrouvailles avec Wally, je pense en effet que ça lui a été imposé. Ces numéros Rebirth sont à priori vraiment destinés aux nouveaux lecteurs, tandis que le one-shot Rebirth de Johns était tout de même un peu complexe, donc on peut penser que certains auront fait l’impasse dessus, et il faut donc redire que Wally est de retour.
+1 pour le team up Batou – Flash
par contre sur le style de Carmine me rebute, comme décrit cela ajoute de l’action à l’image mais vu comment le sujet d’introduction est bâclé et ce style de dessins en ajout j’ai eu du mal à accrocher à la lecture.
De même l’arrivée de Wally aurait pu être plus développé (en espérant qu’elle le soit dans un autre comic) ce qui donne au final une histoire très saccadé (intro du personnage, arrivée de wally, rencontre avec bat …)
Il surtout travailler chez Marvel, Carmine Di Giandomenico, nan ? J’aime beaucoup son style. Le voir faire du DC me ravie <3
Il a, en effet, plutôt bossé chez Marvel, ainsi qu’en Italie évidemment. Pour les fans de ciné, il a aussi réalisé des storyboards de films, notamment celui de Gangs of New York de Scorsese.
Je suis largué c’est un nouveau départ de l’air renaissance (52) encore?
Ce comic va sortir en français? J’ai compris que c’était une rencontre avec Batman est ce la suite des comics déjà sortis (le tome 4 après celui « La Révolte des Lascars »)?
Un numéro qui fait place à bcp de réminiscences, de l’histoire de Barry Allen et des événements du one-shot Rebirth, et donc peu de place à la créativité, mais qui reste sympathique. Graphiquement, on nous donne là la promesse de belles scènes de vitesses, d’action, grâce à cette patte numérique qui convient parfaitement aux effets d’éclairs.