Review VF – Batman Univers #2

Les points positifs : Detective Comics avec son ambiance polar. Le scénario touchant de Robin : Son Of Batman. Une bonne qualité d’ensemble de toute les série. Les points négatifs : Une série Batman qui déroute les conservateurs. L’ambiance girly de Batgirl qui lasse un peu. Le coté homo érotique de Grayson un peu lourdingue.

Si vous avez lu le numéro un, vous connaissez la formule et les séries qui composent ce magazine. Un sommaire agréable dont nous vous proposons ce dont nous en avons pensé. A vos marques, prêt, lisez !

Batman #42

• Scénario : Scott Snyder– Dessins : Greg Capullo – Colorisation: Fco Plascencia

Numéro blockbusteresque pour le titre Batman, qui nous montre Jim Gordon aux prises avec son premier super-vilain. C’est plutôt efficace pour ce que c’est, et il faut reconnaître que Scott Snyder et Greg Capullo savent nous livrer du grand spectacle.

Il ne faut cependant pas être trop regardant sur la caractérisation de l’ancien commissaire de police, qui semble assez différent de l’image traditionnelle que l’on se faisait de lui. De même, on sent la volonté de Snyder d’imposer l’un de ses personnages originaux, Julia Pennyworth (présentée sous une identité “secrète”) dans le casting du Bat-verse. Est-ce une bonne chose ? L’avenir nous le dira. L’épisode est assez efficace et repose sur une narration qui mêle flash-backs et flash-forwards sans être trop alambiquée, et on peut facilement se laisser prendre au jeu. Reste un ton assez étrange, très futuriste, qui pourra gêner certains lecteurs, qui préfèrent probablement une ambiance plus gothique dans les titres estampillés Batman.

Rassurez-vous, Bruce Wayne n’est pas intégralement mis de côté, et l’on découvre ce qu’il est devenu, ce qui est assez surprenant. Sans être génial, ce numéro est donc lisible et l’arc superheavy n’est pas forcément à jeter, même si je ne pense pas qu’il marquera l’histoire de Batman.

Fantastique, ce numéro. Un rugbyman en armure du Japon qui combat un tas de boue polymorphe pendant qu’un milliardaire barbu file un coup de main à un stand de sandwichs gluten-free. Quelle iconisation dans cette coupe de cheveux rousse, ce costume fidèle aux ambitions de Bill Finger et cette splendide enquête policière qui justifie le titre de Détective associé à Batman pour sa vivacité d’esprit. Formidable. On en mangerait.

Incroyable également de constater une excellence graphique de ce niveau. Des visages qui se ressemblent, un costume original et jamais vu dans le spectre de la culture pop’, des couleurs flashys, du rose, du bleu électrique – ça pue le Gotham classique, et c’est ça qui est bien, une série fidèle à Batman dans le fond et la forme, vraiment, en ces temps troublés où on réinvente tout n’importe comment quitte à trahir l’essence, ce classicisme à l’ancienne fait du bien.

Le seul vrai reproche à adresser est le manque d’une vision personnelle à tout ça – à force de vouloir coller aux poncifs, le scénariste reste timidement retranché dans une zone de confort où il lui manque une véritable identité. Est-ce vraiment un mal ? A l’heure où une poignée de lecteurs passifs prennent les comics pour de la littérature d’entre deux qui occupe sur les toilettes ou avant Koh-Lanta, on a tendance à faire rentrer tout et n’importe quoi sous l’appellation “vision d’auteur”, comme si ça justifiait quoi que ce soit. Moi, je vous le dis, il y a du bon dans cette fidélité au héros.

Detective Comics #42

• Scénario : Francis Manapul, Brian Buccellato – Dessins :  Fernando Blanco– Colorisation : Brian Buccellato

Raaah! J’ai encore cru que Manapul dessinait… Mais non. Et franchement, c’est pas mauvais, mais c’est pas le même niveau. Après, il fait le job. Batman et son équipe s’occupent toujours de La Morte d’un côté et Bullock se pose des questions sur le retour de Montoya qui pose des questions, un peu trop. Un ripou parmi eux? Mais avec le sneak peek qu’on a lu, est-ce que Yip est une ripou?

On est clairement plus dans un titre police que super-héros, même les phases de Gordon le montre se questionnant sur sa position de Batman. Et il n’est pas le seul. Que vaut l’homme dans la machine? On devrait en apprendre d’avantage dans le prochain. L’épisode se lit bien, pose des bases de l’intrigue. C’est agréable à lire et de qualité. Les auteurs posent l’intrigue progressivement et c’est un bon point. Bon numéro.

Soyons clairs, Detective Comics est le meilleur titre de ce magazine, et ce numéro nous le prouve aisément. L’épisode se concentre toujours sur la lutte de la police et du nouveau Batman contre un gang latino qui semble étrangement bien préparé à les combattre. On retrouve aussi le personnage de Renée Montoya, cher aux lecteurs de la fameuse série Gotham Central dont on retrouve presque l’ambiance ici.

En effet, c’est davantage du côté de Montoya et d’Harvey Bullock que l’on nous montre l’histoire, et il faut reconnaître que ce parti pris est une bonne chose, qui donne une véritable identité au titre, qui ne relève plus du simple “Batman bis”. Le travail de caractérisation des personnages est excellent et l’on s’attache très vite à eux, on croit à leurs relations et l’on commence à s’inquiéter de certaines choses (faut-il faire confiance à Nancy Yip ?). Graphiquement, le numéro devrait diviser. Le trait de Fernando Blanco est parfaitement adapté aux scènes intimistes mais peine à convaincre lors des scènes d’action, mais ça ne nuit pas vraiment à l’épisode.

Robin : Son Of Batman #2

• Scénario : Patrick Gleason – Dessins : Patrick Gleason – Colorisation: John Kalisz, Jeromy Cox

Décidément je n’accroche pas à cette série. Si la série et certains aspects de l’histoire sont sympa, d’autres m’ont particulièrement rebutées. mais j’y reviendrais. On retrouve Damian dans sa quête de rédemption qui vise à réparer les conséquences de son « année de sang », sorte d’initiation de La Ligue Des Assassins. Mais il est suivi comme son ombre par le nouveau Personne ou plutôt la nouvelle.

Dans ce qui me déplaît d’abord, il y a la caractérisation de Personne. Si elle semblait avide de vengeance dans le précédent numéro, ses intentions semble moins claires et nous emmènent tout droit vers quelques chose qui me semble cousu de fil blanc. Autre chose, Goliath, le Man-Bat géant de Damian, enlève le moindre soupçon de vraisemblance à l’histoire. Pour le reste l’histoire de rédemption de Damian est plutôt intéressante mais un peu polluée par le reste. Mieux aurait valu, peut être de se focaliser là dessus, a mon avis.

Les dessins, sont dans la moyenne supérieure de ce dont Gleason est capable sur les titres qui mettent en scène Damian. C’est beau et agréable à l’œil. Cette série a du charme, mais souffre de quelques détails scénaristique un peu gênant, c’est néanmoins sympa à lire.

Le voyage initiatique de Damian continue, dans la double narration de Patrick Gleason, maladroit mais touchant. Le passé de Robin chez les Al’Ghul continue d’être exploré, et son parcours sanglant mis en lumière alors que lui même corrige les erreurs du passé dans le présent (ça se tient), avec l’introduction de sa sidekick et potentielle love-interest quand ils seront grands, Nobody.

Le clin d’oeil fait au premier arc de Batman & Robin évoque une seconde fois la paternité de Peter J. Tomasi au Damian moderne post-Morrison, tandis que Gleason s’attribue le mérite d’un dessin génial, très fouillé dans les ambiances et les détails, qui ose ici une ambiance colorée et psychédélique de toute beauté. Ce qui nous conduit à dire que blablablablaaa etc, etc, thèse, argument, exemple, bref c’est simple, lisez cette série, ne serait-ce que pour vous rincer les yeux après avoir lu du Snyder (c’est vrai, on en oublierait presque que certains scénaristes sont capables de développer de l’empathie pour leurs personnages, dis donc).

Batgirl #42

• Scénario : Cameron Stewart, Brenden Fletcher – Dessins : Babs Tarr – Colorisation:  Serge Lapointe

On retrouve Batgirl là où on l’avait laissée. A savoir au prise avec son Batman de père. Celui-ci a pour consigne d’arrêter les justiciers. Mais il n’est pas d’accord et désobéit. Et ce sera le sujet de l’épisode puisqu’ils vont faire un team up face à Electra avec un C pas la ninja de la concurrence.

Et le final nous annonce une bonne nouvelle pour ceux qui aiment tous les personnages de la série et la continuité. C’est parfait pour l’ambiance super-héros d’un côté et vie privée du héros de l’autre. Même si on peut trouver ça soap. Et aussi, ceux qui auront prêté attention à la couverture du tome 2 de la série que publiera Urban Comics qui est en pub dans ce magazine, vous verrez que Grayson va venir dans la série. Voilà.

Les dessins toujours au niveau. On aime ou pas, bien sûr, on peut avoir mauvais goût et ne pas aimer. C’est un pays libre. J’aime de plus en plus, soit parce que je m’habitue, soit parce que la dessinatrice s’améliore. Babs est toujours dessinée à mi-chemin entre fille mignonne et jeune femme sexy. J’apprécie les visages très expressifs et à quel point cette armure de Batman qui semble difficile à dessiner est bien dessinée justement. Et les petits cœurs et autres à la manière des mangas ou quelques B.D. franco-belges.

On retrouve Batgirl alors qu’elle est sur le point de se faire arrêter par le nouveau Batman, qui n’est autre que son propre père. Il a en effet pour mission d’arrêter les autres justiciers, sur ordre de la police et de la société Powers, mais il est loin d’être d’accord et trouvera un subterfuge pour collaborer avec notre héroïne (dont il ignore peut-être l’identité, même si je n’y crois pas trop).

On assiste alors à un petit Team-Up où nos deux héros affrontent Livewire (rebaptisée Electra dans la VF, comme dans le dessin animé, mais je trouve que ce nom porte à confusion). C’est plutôt efficace et le rythme soutenu de l’épisode devrait vous tenir en haleine. Cependant, il faut tolérer l’incroyable naïveté de l’écriture et le côté hipsterisant / slice of lifesque (oui, j’invente des mots).

Ceux qui aiment le style devraient apprécier, et le dessin est lui aussi très efficace dans son genre (qui rappelle à la fois le manga et les “blogs bd” (mais les bons, je ne suis pas médisant). C’est donc efficace sans être transcendant, et je ne peux que vous conseiller cette lecture, qui reste divertissante.

Grayson #10

• Scénario : Tim Seeley, Tom King – Dessins : Mikel Janin – Colorisation: Jeromy Cox

On reprend l’intrigue à l’endroit même où on l’avait laissée. Grayson continue sa mission seule comme lui a demandé sa directrice qui, elle, recherche l’agent tueur d’agents. Mais tous les soupçons se reportent encore sur l’agent 37. D’ailleurs, il rencontre son contact pour le collier de kryptonite… et sans spoiler, car il est sur la couverture, il s’agit de l’homme qui l’a tué.

Et pour ceux qui ne connaissent pas les sollicitations à l’avance, le cliffhanger va vous surprendre quant à l’identité du traitre… Les dessins sont toujours impeccables, je ne vais pas me répéter, suivez un peu. Chose amusante, Janin dessine à nouveau une case qu’avait dessinée Finch et c’est une fois de plus meilleur par Janin. Et le point amusant est qu’ils vont se partager la série Batman dans un futur… approximativement proche (pour la VF). Les dialogues sont justes, Tiger est fidèle à lui-même, drôle à sa manière. Grayson lance des piques à son « tueur » qui ne s’empêche de le titiller sur ce qu’il lui a fait et sur sa relation avec son mentor. Ca crée une dynamique intéressante.

On a même droit à une petite remarque sur les fesses parfaites de Dick et le fait que Tiger le traite d’idiot… ah non, d’abruti parce que le traducteur ne lit pas le comics… Vous ne serez donc pas surpris quand je dis que je me régale avec cette série. Et puis comme je suis un méga fan du personnage, je ne suis pas objectif, hein? M’en fous, c’est super!

De jolis dessins, des découpages intelligents, intuitifs, didactiques, quelques sous-entendus sur l’ambiguïté sexuelle du héros, une intrigue qui redémarre bien, un clin d’oeil au premier numéro, des couleurs superbes, une ou deux punchlines, des espions, des jolis filles, Matron a de jolies jambes, une exagération des codes du film d’espionnage, un ou deux twists, Grayson ressemble à Archer.

Des clins d’oeils à l’art classique, les ambiances de fond en spirale façon Jim Steranko, une série qui allie l’humour à l’action à l’image de son héros, préférable de lire en V.O., sous-texte plus compréhensible, cela étant, c’est propre, ça se lit vite, sans déplaisir, on tourne les pages, cette phrase est beaucoup trop longue, des flingues, du suspens, des pecs, le DCU, un nouvel arc, Tom King, Tim Seeley, Mikel Janin, une bonne série, j’aime bien. En résumé. Maintenant, si vous ne savez pas qui est Archer…